Les journaux commentent la famine qui touche l’Afrique de l’Est, ainsi que les conditions climatiques extrêmes au Mali, dont souffrent les soldats allemands déployés dans le pays dans le cadre de la Minusma.
“Trop chaud, trop poussiéreux, au Mali, la Bundeswehr fatigue” titre die Welt. La moitié des véhicules militaires sont en panne. Les hélicoptères n’ont pas le droit de voler pendant le temps de midi. Ceci est dû tout d’abord aux conditions climatiques extrêmes, explique Thorsten Jungholt.
En avril, les températures oscillent entre 40 et 50 degrés Celsius. C’était la même chose en Afghanistan. Mais le Mali est tout près de l’Equateur et le soleil a une intensité de rayonnement dix fois plus forte. Les chars et les hélicoptères peuvent ainsi atteindre une température de 70 voire 80 degrés. Sans compter les tempêtes de sable pouvant atteindre les 100 kilomètres à l’heure. Et puis, la poussière et le sable sont omniprésents, et les pistes criblées de rochers en pierres et de nids de poule.
Et cet environnement réclame son tribut. Des contrôleurs techniques venus d’Allemagne viennent de retirer la moitié des véhicules de la circulation. En cause : peu de possibilités de réparation dans le camp, et le manque de pièces de rechange.
Environ 850 soldats allemands sont déployés au Mali
Mais, affirme le journal, il y a un autre problème, et c’est la bureaucratie allemande. En effet, tous les véhicules ne sont pas inutilisables à cause des conditions climatiques. Certains ne correspondent tout simplement pas aux normes allemandes. Si par exemple un airbag ou un feu arrière est défectueux, un quatre-quatre ne peut pas être utilisé. Y compris en Afrique.
Voilà qui ne laisse pas la Neues Deutschland de marbre: le quotidien réagit à l’article de die Welt avec un commentaire intitulé “Le Mali est trop chaud pour les tigres”. Les tigres étant le type d’hélicoptères de combat dont dispose la Bundeswehr dans le cadre de cette mission. Ils sont au nombre de quatre, précise l’article, de même qu’il y a quatre hélicoptères de transport de type NH90 dans le Camp Castor, la base des soldats allemands à Gao. Et la Neues Deutschland de préciser que, pour l’instant, la température maximale à laquelle les tigres ont le droit de voler est de 43 degrés Celsius. Mais qu’une autorisation spéciale a été déposée pour un déploiement par 48 degrés. De la pure bureaucratie. Le sable brûlant du désert, loin de la patrie ….voilà qui rappelle aux plus vieux d’entre nous, écrit le commentateur, les années 50, quand les soldats français essuyaient défaite sur défaite en Afrique. A l’époque la Bundeswehr n’était qu’une notion. Aujourd’hui elle se bat au Mali aux côtés de 11 000 autres casques bleus venus d’une cinquantaine de nations.
Les nomades ne peuvent pas vivre uniquement de l’élevage de bétail
Les journaux allemands évoquent également la famine qui touche l’Afrique de l’Est
Et en particulier le Somaliland où il n’a pas plu depuis deux ans : la taz est allé à la rencontre de Fadumo Hashi, une nomade qui a perdu presque la totalité de son troupeau de chèvres à cause de la sécheresse. Sur 170 bêtes, il ne lui en reste qu’une demi-douzaine. A 70 ans, raconte le quotidien, Fadumo Hashi a déjà connu beaucoup de sécheresses et elle craint que celle-ci ne soit aussi dévastatrice que celle que le pays avait subie dans les années 70. Puis elle court vers une de ses chèvres qui est en train de vaciller. “Je dois la maintenir sur pieds, explique-t-elle, si elle se couche, elle ne se relèvera pas. Je lui ai donné un peu de ma nourriture.”
La sécheresse touche une grande partie de l’Afrique de l’Est, le Kenya notamment
Fadumo Hashi sait qu’elle ne peut pas vivre uniquement de l’élevage. « Il y a dix ans, j’ai planté des arbres fruitiers, raconte-t-elle. Nous avions des mangues et des citrons que nous mangions. Et le reste, nous le vendions au marché. Mais sans pluie, les arbres ne donnent plus ». Pour cette femme qui vient de l’Est du Somaliland, il faut que les choses changent. Selon elle, le gouvernement devrait mettre en place des réservoirs afin de récolter l’eau de pluie pour les temps de sécheresse.
Pour Jean Ziegler, le droit à l’alimentation est un droit fondamental
La taz publie sur le même sujet une interview de Jean Ziegler. “Il y a suffisamment de nourriture pour tous” affirme le sociologue. “Le problème, ce n’est pas le manque d’aliments, mais le manque d’accès aux aliments. L’agriculture actuelle pourrait nourrir sans problème 12 milliards de personnes soit presque le double de la population actuelle. Mais les prix du marché mondial des aliments de base ont explosé ces derniers mois.” Et l’ancien rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation du Conseil des droits de l’homme de l’ONU pointe un doigt accusateur sur les grandes banques, et notamment la Deutsche Bank, qui “font des bénéfices astronomiques” avec la spéculation sur les denrées alimentaires.
Audrey Parmentier