Il s’agit d’un nouveau cadre de référence unique pour la conception, la mise en œuvre et le suivi des différentes politiques et stratégies de développement tant au niveau national que sectoriel. Il porte sur la période 2016-2018
La priorisation des besoins et des actions est un préalable pour amorcer un développement économique, social, institutionnel durable et soutenu, surtout pour un pays qui sort de cirse. Le gouvernement en est conscient. L’exécutif va se doter d’un nouveau cadre de référence unique pour la conception, la mise en œuvre et le suivi des différentes politiques et stratégies de développement tant au niveau national que sectoriel. Dénommé Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD), la nouvelle vision porte sur la période 2016-2018. Sa mise en œuvre mobilisera un montant de 3 440 milliards Fcfa de crédits budgétaires. Cette somme n’intègre pas l’intégralité des dépenses de l’État, notamment les dotations non reparties, les contributions aux institutions, les budgets des programmes transversaux des ministères « Administrations générale ». Il prend en compte les budgets – programmes opérationnels.
La validation politique de ce CREDD a lieu vendredi à l’hôtel des finances. Cette réunion d’approbation a réuni des membres du gouvernement (membres du groupe de réflexion technique), les partenaires techniques et financiers, le secteur privé et la société civile. Elle était placée sous la présidence du ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé. C’était en présence du chef de file des partenaires techniques et financiers, l’ambassadeur canadien Marc-André Fredette, le directeur pays du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Boubou Dramane Camara.
Le CREDD, selon la présentation de son coordinateur Mohamoudou Zibo Maïga, vise à rendre possible la perspective de l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030, en se fondant sur les potentialités et les capacités de résilience pour promouvoir un développement inclusif en faveur de la réduction de la pauvreté et des inégalités dans un Mali apaisé et uni.
Ce cadre de référence unique intègre les priorités des cadres stratégiques existants, a rappelé son coordinateur. Il s’agit par exemple de la Stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP 2012-2017), le Programme d’actions du gouvernement (PAG 2013-2018), le Plan pour la relance durable du Mali (2013-2014), le Programme de développement accéléré des régions du Nord (PDA/RN), la Stratégie spécifique de développement des Régions du Nord.
Le CREDD comporte 2 axes préalables, 3 axes stratégiques, 13 domaines prioritaires et 38 objectifs spécifiques. Chaque objectif particulier s’articule autour des 3 volets « performance budgétaire avec les budgets programmes, mesures de modernisation intentionnelle et activités à impact rapide.
Le premier de deux axes préalables est la paix et la sécurité. Son exécution diligentera l’opérationnalisation du plan d’action gouvernemental de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. Il favorisera un développement équilibré entre toutes les régions du Mali grâce à l’application de la phase de relèvement rapide de la stratégie spécifique de développement des régions du Nord du Mali. Le gouvernement va garantir la sécurité intérieure sur l’ensemble du territoire, renforcera et modernisera la défense nationale et assurera la protection civile de la population.
172 MILLIARDS FCFA. Pour Mohamodou Zibo Maïga, 172 milliards Fcfa seront alloués à cet axe sur les trois années de mise en œuvre du CREDD. Ce montant ne tient pas compte des 300 milliards Fcfa (sur la période 2016-2018) que le gouvernement s’engage à mobiliser pour le financement de la stratégie de développement des régions du Nord et qui apparaissent dans les autres axes sectoriels.
Dans la même optique, le gouvernement pense à l’amélioration de la cohérence du cadrage macro-économique, le perfectionnement du système de gestion des finances publiques (programmation, exécution, contrôle interne et externe, transparence), a souligné le coordinateur du CREDD. Selon lui, l’exécutif souhaite consolider le système financier, soutenir la micro finance. Ce qui justifie le choix de la « stabilité du cadre macro-économique » comme second axe préalable. 78 milliards Fcfa contribueront à la réalisation d’un cadre macro-économique stable et à une gestion efficace des finances publiques, s’est réjoui Mohamodou Zibo Maïga.
La « promotion d’une croissance inclusive et durable» est le premier axe stratégique du CREDO. « L’agriculture, l’élevage, la pêche et la sécurité alimentaire » sont l’un des domaines prioritaires. En vue d’atteindre une croissance inclusive et durable, le gouvernement devrait mobiliser 1134 milliards Fcfa sur la période 2016-2018.
Le développement des infrastructures est le second domaine prioritaire de cet axe stratégique pour lequel le gouvernement s’engage à développer les énergies renouvelables, à accroitre l’accès à l’électricité à moindre le coût pour les populations rurales et urbaines. L’exécutif entend aussi améliorer le maillage territorial et l’interconnexion des infrastructures de transports et d’équipement, promouvoir l’extension et l’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour l’ensemble des secteurs et des acteurs.
Selon le document projeté par le coordinateur, près de 1700 milliards Fcfa seront mobilisés au cours de la période de mise en œuvre du CREDD pour améliorer l’accès aux services sociaux de base et le développement social qui constituent le second axe stratégique du CREDD. Il s’agira, par exemple, de l’amélioration de la qualité de l’éducation à tous les niveaux, de l’état de santé ; la création d’emplois ; le développement et l’orientation de la formation professionnelle vers les filières porteuses… et soutenir les activités liées à la jeunesse, au sport et à la citoyenneté etc.
« 360 milliards Fcfa seront consacrés au ‘’Développement institutionnel et la gouvernance’’ qui est le troisième axe stratégique du CREDD, a estimé Mohamoud Zibo Maïga. Cette manne financière contribuera à améliorer la transparence, lutter contre la corruption, promouvoir la coordination et la planification des politiques. Le document préconise que le gouvernement s’engage à moderniser les institutions, à améliorer le respect des droits de l’homme et l’accès sur toute l’étendue du territoire national à une justice de qualité, impartiale et professionnelle et à assainir et améliorer la gestion du patrimoine de l’Etat et des affaires foncières.
DES PARTENARIATS INNOVANTS. Pour arriver à mettre en œuvre cette vision le gouvernement compte sur la mobilisation des ressources budgétaires (fiscales et non fiscales) prévues. Il améliorera la qualité des dépenses publiques. L’exécutif s’engage aussi à développer des partenariats innovants avec les acteurs du secteur privé et mobiliser au mieux les ressources de la diaspora, conformément aux engagements pris lors du Sommet d’Adis-Abeba sur le financement du développement en juillet 2015. Il compte profiter de la lutte vigoureuse contre les flux illégaux de capitaux et les trafics illicites.
Lors des échanges et commentaires, le directeur pays du PNUD, Boubou Dramane Camara, a justifié l’appui financier et technique de son organisation à la relecture du CSCRP. À son avis, il urgeait de tenir compte du contexte nouveau post-crise pour produire un document de politique actualisé reflétant les nouveaux défis et agendas de développement . Il s’agissait d’offrir un cadre de référence unique, une cohérence et une visibilité permettant à tous les partenaires de s’aligner de manière adéquate sur les propriétés nationales, a-t-il indiqué. Toutefois, Boubou Dramane Camara a recommandé la prise en compte par le CREDD des Objectifs du développement durable (ODD), dont le lancement a été effectué le 5 février par notre gouvernement.
Au nom de tous les PTF, Marc-André Fredette, a rassuré de leur accompagnement pour la mise en œuvre du CREDD. Le diplomate canadien a, tout de même, préconisé que le CREDD soit assorti de plan opérationnel dans les meilleurs délais. Car, a-t-il insisté, la question de fond est la rédévabilité pour permettre de mesurer les progrès réalisés et corriger les lacunes dans la phase d’exécution, le cas échéant. Le chef de file des PTF a aussi souhaité l’application effective du calendrier harmonisé des revues. Pour lui, cela permettra d’améliorer l’articulation entre les revues annuelles du CREDD et la préparation du budget de l’année suivante.
Les différents chefs de départements présents ont adhéré au CREDD en souhaitant que le document mette l’accent sur le contexte de crise que connaît l’ensemble du pays. Car, la crise a touché l’ensemble du pays dans son intégralité. La solution ne peut être que générale, selon eux. Tous ont promis d’envoyer par écrit les modifications qu’ils souhaitent voir dans le document avant sa présentation au conseil des ministres.
En ouvrant la rencontre, le ministre Boubou Cissé avait réitéré son souhait de voir se renforcer le partenariat avec les PTF. Cela dans le but d’offrir plus de moyen économique et de protection socio économiques à nos compatriotes. Il s’est engagé à intégrer les commentaires et les recommandations à lui envoyer dans le document final avant son adoption en Conseil des ministres. Le Dr Cissé s’est réjoui du fait que ce document tourne autour de la gestion axée sur les résultats. Ce qui permettra l’élaboration d’un cadre logique qui définira le chronogramme des activités, les coûts pour chacune d’elle et leur suivi évaluation. Chaque département, sur la base des domaines prioritaires, fournira aussi une feuille de route assortie de plan d’action.
C. M. TRAORÉ
Source : Essor