Dans un décret de deux pages, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta a annoncé la création de la Force d’intervention rapide des armées (Fira). Bien que les objectifs de cette nouvelle force d’élite soient détaillés dans ledit décret, il y a des vives inquiétudes au sein de l’opinion publique malienne concernant les missions réelles de la Force d’intervention rapide des armées (Fira). Par ces temps qui courent, faut-il s’attendre à une chasse aux leaders d’opinions ?
Pour certains militaires avec qui nous avons discuté, la création de la Fira constitue une avancée particulière dans les efforts des autorités visant à renforcer la sécurité nationale et de la lutte contre le terrorisme et la criminalité au Mali, mais aussi au sein de l’espace des Etats de l’AES en ces temps de défis géopolitiques. Selon eux, il n’y a pas lieu de s’alarmer et il n’y aura pas aussi une chasse aux sorcières.
“Après la reconquête des régions du nord notamment Kidal, la phase la plus cruciale aujourd’hui c’est la sécurisation pour booter le terrorisme hors de nos frontières. Pour cela, il faut des unités anti-terrorisme. La Force spéciale antiterroriste (Forsat) a quelque peu montré ses limites. Au regard de ce constat qu’a mis sur pied cette nouvelle structure qui est censée permettre une meilleure coordination et réactivité des forces de sécurité face aux menaces qui pèsent sur le pays. Elle vient s’ajouter à d’autres initiatives de lutte contre le terrorisme comme le bataillon autonome des forces spéciales et des Centres d’aguerrissement. La Fira n’a pas été créée pour des actions subversives. Il ne faut pas que les Maliens voient le mal partout”, nous a expliqué un haut cadre de l’armée.
Dans l’article 3 du décret présidentiel, la Fira aura pour missions essentielles de planifier et conduire des opérations militaires clés, lutter contre les organisations terroristes ou criminelles ; la protection de personnalités importantes ainsi que le soutien aux forces spéciales.
Cependant bien que les objectifs de cette nouvelle force soient bien détaillés, ces derniers jours, on constate de vives inquiétudes au sein de l’opinion publique malienne concernant les missions réelles de la Force d’intervention rapide des armées.
Par ces temps qui courent avec les restrictions des libertés d’expression, d’association et de manifestation, beaucoup de Maliens estiment qu’après la réorganisation de la Sécurité d’Etat à une Agence, la Fira a été créée pour aller à la chasse des leaders d’opinions qui ne partagent pas la même vision ou idée que les autorités de transition.
“Devrions-nous nous inquiéter ? Si l’on sait que la chasse aux leaders d’opinions pourrait être engagée par cette Fira. En tout cas, ce décret tombe à un moment crucial comme pour intimider davantage. J’espère avoir tort et lire très prochainement leurs interventions musclées au front notamment au Centre et le grand Nord et non dans les ruelles de Hamdallaye, Badalabougou, Sogoniko…, en train d’arrêter des leaders civils comme la fameuse Force spéciale antiterroriste (Forsat). Si c’est une chasse aux leaders d’opinion, la Sécurité d’Etat est largement suffisante”, s’est demande A.T, un leader d’opinion.
Au-delà de cet aspect de la chasse aux leaders d’opinion, certains affirment que la création de la Fira est le renforcement de la dictature en cours avec de nouveaux outils de répression et qu’avec de tels mécanismes, le Mali va vers le scénario Hissène Habré des années 1980 au Tchad ou celui de la Guinée du capitaine Moussa Dadis Camara de 2009.
Ousmane Mahamane