Le sort de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, et celui de son ancien homme fort, Charles Blé Goudé, seront ficelés par les juges au cours de ces audiences clés ouvertes à la CPI ce lundi 1er octobre 2018 pour statuer sur l’accusation de ses deux hommes dans l’affaire de crimes de guerre et contre l’humanité lors des violences de la crise postélectorale de 2010 en Côte d’Ivoire. Les deux accusés demandent l’acquittement avant même les séances auditoires.
Après des années d’incarcération des deux hommes par la Cour pénale internationale (CPI) pour implication dans les violences lors de la crise ivoirienne ayant fait des milliers de victimes, suite à l’élection présidentielle de 2010, la Cour, après deux années d’audition du procureur, devait entendre les témoins de la défense le printemps dernier. Mais la contestation du détail de la thèse et aussi des témoins du procureur par les avocats des deux accusés prônant un simple acquittement sera une source de lenteur de l’affaire.
Cette nouvelle audience permettra de lever la suspicion sur la poursuite ou non du procès. À noter que près de 3000 pages de mémoire ont été déposées dans le cadre de l’instruction par les deux parties. Un acquittement serait donc synonyme de l’insuffisance des preuves de l’instruction et le cas contraire va imposer la présence des témoins de la défense qui s’étaient déjà manifestés contre les preuves de l’accusation.
Les 2000 pages de mémoire rendues publiques par la Cour, le vendredi dernier, s’affichent paradoxales dans la mesure où l’accusation n’a pas su bien démontrer à La Haye, au cours des séances auditoires des témoins, la culpabilité des deux hommes accusés de crimes de guerre et crimes de génocide dont il est fait mention dans l’acte d’accusation. L’implication de Guillaume Soro et le rôle implacable de la France considérée par Maître Altit comme « maître du jeu » de l’histoire ivoirienne, sur lesquels le procureur fait l’impasse, apparaissent. Il faut ajouter à cela le retrait des accusations contre Charles Blé Goudé pour les crimes d’Abobo, la répression de manifestation de femmes en mars 2011 et le bombardement du marché.
Si de nombreuses spéculations font état d’un acquittement proche des deux hommes, les avocats de l’Etat ivoirien réagissent dans un communiqué en ces termes : « Il faut à la fois se garder de réécrire l’histoire et de l’écrire à l’avance ».
Issa DJIGUIBA
Source: Le Pays