Depuis l’annonce des premiers cas de coronavirus en Chine, en décembre dernier, le Mali a mis en branle le dispositif de prévention et de lutte contre cette pandémie. Des centres de confinement et de prise en charge ont été installés dans les grands hôpitaux de Bamako (Point G, Gabriel Touré et Hôpital du Mali) pour, éventuellement, faire face à la situation. Notre équipe de reportage a fait le tour de ces établissements hospitaliers pour apprécier.
Il était environ 11 heures lorsque nos reporters ont franchi l’entrée de l’hôpital du Point G. Au niveau de cet établissement, situé sur les hauteurs de Bamako, une équipe en faction procède au contrôle. Deux dames munies de thermomètre prennent la température de tous les usagers et appliquent sur leurs mains une solution hydro alcoolisée (gel) pour minimiser les risques de contamination.
Le même dispositif est mis en place au niveau du bureau des entrées de l’établissement par où accèdent les visiteurs. Au niveau de chaque département, une personne est postée pour faire le même travail. Les personnes, qui affichent une température supérieure à la norme, c’est-à-dire 38 degrés voire plus, feront l’objet d’une investigation plus poussée.
Pr Sounkalo Dao, coordinateur du centre de prise en charge des maladies à potentiel épidémique, explique que son établissement dispose d’une unité de tri, héritée de la gestion d’Ebola, un autre virus mortel auquel le Mali a eu à faire, il y a quelques années. Dans l’enceinte de l’hôpital, on trouve le centre de prise en charge des maladies à potentiel épidémique qui a été créé, urgemment, pour assurer la prise en charge d’éventuels cas de Coronavirus. Il a une capacité d’accueil de 7 lits, y compris un lit pour les cas graves. Une salle de réanimation aussi a été prévue.
Le coordinateur explique que ces mesures représentent le plan A. Un plan B a été aussi élaboré et sera mis en œuvre en cas d’un éventuel débordement de la capacité d’accueil. Il conseille à tous, dès l’apparition des symptômes de toux sèche, céphalées, maux de tête, éternuement, avec ou sans difficulté respiratoire, de rester sur place et porter un masque.
Le médecin recommande surtout d’appeler le numéro vert 36 0 61 pour recevoir des instructions des spécialistes. «Ne vous levez pas pour prendre un transport en commun ou pour vous rendre dans une officine pharmaceutique. Mais restez sur place pour suivre les instructions édictées par le médecin. Parce que tout déplacement expose toute la population avec laquelle vous entrez en contact», conseille-t-il.
A l’hôpital Gabriel Touré, les mêmes mesures de prévention sont observées. Des agents de santé en blouse, bonnet vissé sur la tête et bavette au nez, veillent au grain. Ils soumettent tous les usagers à une surveillance de la fièvre.
Le Pr Timbo Samba Karim, point focal de la lutte le coronavirus, rappelle que la pandémie nous a pratiquement encerclés de part sa propagation fulgurante. Il a fait savoir qu’on a l’expérience de la lutte contre Ebola au Mali qu’il faut capitaliser. Il évoque aussi des mesures prises par l’établissement, en termes de formation du personnel, de sensibilisation des malades et autres usagers pour éviter de transporter des germes et d’installation des kits de lavage des mains avec du savon ou de distributeurs de solutions hydro-alcooliques.
Par ailleurs, Pr Timbo Samba Karim a dit que l’hôpital dispose d’une salle d’isolement où on procédera aux prélèvements de cas suspects. Ces prélèvements seront acheminés dans les laboratoires de diagnostic. Mais en attendant, le cas suspect bénéficiera de la continuité des soins. Si le résultat est négatif, il quitte la zone d’isolement pour l’unité de soins qui doit l’accueillir. Mais s’il est positif, il sera pris en charge par le centre de soins du Coronavirus.
A l’hôpital du Mali, le même dispositif de prévention fonctionne. Dr Garan Dabo, infectiologue, explique l’utilité du dispositif. Dans l’enceinte de l‘établissement se trouvent deux grandes tentes pour recevoir les cas suspects et les confiner en attendant de poser le diagnostic. Le cas suspect est admis dans l’unité de tri où un médecin derrière une cabine vitrée procède à son interrogatoire. Si la personne répond à la définition des cas suspects, elle passera donc dans la deuxième tente de 4 lits avec une distance règlementaire de 4 m où elle sera prélevée. Le prélèvement est envoyé au laboratoire et la durée du rendu des résultats est de 6 heures. En plus, l’hôpital dispose d’un centre de prise en charge d’une capacité d’accueil de 10 lits, y compris 4 pour les cas sévères et 2 salles pour la réanimation.
Le chef du service social de l’Hôpital du Mali, Seydou Moussa Traoré, se présente devant les visiteurs pour les sensibiliser. Il plaide pour le respect strict des consignes données à la porte et à l’intérieur de l’établissement.
FN/MD
(AMAP)