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COVID -19 : l’Ancien PM Kabiné Komara propose 7 fronts de lutte (Tribune)

A l’instar des 184 pays de la planète, notre pays fait face à la pandémie du coronavirus.

Notre pays, après avoir commencé timidement par un cas le 12 mars dernier, voici que depuis dix jours, la contamination prend l’ascenseur. Elle est passée de 250 sujets positifs le 12 avril pour se hisser   au nombre 761 ce 22 avril, soit une augmentation moyenne de moins de 51 cas par jour avec des pics de 60 cas nouveaux certains jours. Notre pays fait partie déjà des pays africains les plus atteints à ce jour !

00 d’ici la fin du mois. Ou en serons-nous au-delà?

Prions que le niveau actuel se stabilise et que le rythme de guérison s’accélère pour transformer notre psychose en optimisme.

Cela ne peut pas se faire par hasard!

En effet il est des moments où le destin n’est pas une question de chance. Il ne faut pas l’attendre, mais il faut agir!

Nous sommes aujourd’hui à un tel tournant.

Les autorités sanitaires de notre pays avec les moyens qui sont les leurs ont certes essuyé beaucoup de critiques mais ont pu limiter la mortalité et même commencé à guérir des patients testés positifs. Le nombre de guéris est aujourd’hui de 164. C’est le souhait de tout le monde que ce trend continue pour que tous ceux qui sont actuellement hospitalisés guérissent dans les meilleurs délais.

A cet effet, il faut reconnaitre le mérite du plan de riposte décidé par l’état notamment dans son volet portant sur les services de santé. La mise en œuvre rigoureuse de ce volet sera fortement bénéfique mais il pourrait ne pas être suffisant.

Il est important que le Chef de l’état ait pris dans la foulée des mesures d’exigence renforcée comme le couvre-feu, la limitation des déplacements en dehors de la capitale, l’interdiction des regroupements de plus de 20 personnes, le port obligatoire des masques, etc… Fait important pour être signalé en ce moment d’urgence sanitaire nationale : le Président de la République a demandé la contribution de tous pour sauver la nation !

Tous nous devons retrousser les manches pour sauver notre pays dans une union sacrée !

Pour cela, convainquons-nous que tout centime de contribution et d’investissement citoyen, de quelque personne que ce soit, a son importance. Ces contributions peuvent être en assistance, en conseil, en sensibilisation, en services divers, en matériel, en nourriture, en numéraire, etc…

Toutefois, étant donné nos capacités limitées en terme de lits d’hospitalisation, en moyens de tests , en barrières de protection et autres, notre combat gagnerait à être renforcé sur les sept (07) fronts suivants:

Le premier front est celui de la Sensibilisation et de la Communication. Pourquoi ? Tout simplement parce que seule une partie de nos populations ont accès aux médias ordinaires et que malgré les images choc, une partie de nos populations à une attitude de défiance par rapport aux autorités et refuse de croire à tous messages venant de ces dernières. Pour la survie de ces populations et de nous tous, nous devons faire appel à tous ceux auxquels elles ont confiance, dans l’intérêt national pour les sensibiliser et les faire adhérer aux mesures édictées. Ici, tous les acteurs politiques devraient s’investir, sans délai ni réserve, vis à vis de leurs militants et de toutes les populations car l’ennemi à combattre est un ennemi apolitique, Trans-ethnique, transrégional et transnational. Il en est de même pour les syndicats et leurs adhérents, des organisations de la société civile et de tous autres leaders d’opinion. Aucune guéguerre ne devrait opposer des organisations rivales sur ce sujet car la Nation est en danger et réclame l’union et le sacrifice de tous.

Tous les médias publics et privés devraient être encouragés à être ouverts aux communications de cette nature. De concert avec les autorités sanitaires, ces médias devront veiller à la qualité et à la consistance des messages. En effet, pour ne pas perturber les populations, nous aurons intérêt à ce que les messages soient homogènes partout et à tout moment.

En s’acquittant d’un tel devoir, ils engrangeront une reconnaissance inestimable de la nation

Le deuxième chantier pour arrêter la dissémination du virus est celui de la disponibilité des masques, considérés aujourd’hui dans tous les pays comme une barrière de grande importance.

Il faut saluer l’engouement de nos artisans, couturiers et tailleurs pour se lancer dans la confection de ces masques avec les moyens du bord afin de rendre disponible ces précieux moyens de protection.

Toutefois, il y a lieu de relever que, vu la durée de vie d’un masque et les exigences de renouvellement, les besoins réels du pays se montent à quelques dizaines de millions d’unités si toute la population doit être satisfaite. Ainsi, les efforts internes actuellement déployés ne pourront pas combler le déficit. Il faudra innover. Pour cela deux solutions complémentaires peuvent être explorées sans délai. La première sera de reconvertir rapidement une partie de l’usine militaire de confection du camp Alpha Yaya pour produire des masques à une cadence accélérée comme vient de le faire l’armée ivoirienne.

La deuxième consistera à recourir aux pays amis. Dans ce cadre, en plus de la Chine qui nous aide déjà, le royaume du Maroc pourrait être approché car ce pays vient de réactiver ses usines textiles pour commencer à produire deux millions de masques de qualité par jour.

Le troisième front de lutte porte sur l’absolu nécessité d’accroitre très substantiellement notre capacité à tester massivement tous les cas suspects. Ceci demande du personnel supplémentaire et des kits de test en très grande quantité.

Pour le personnel, le redéploiement du personnel est nécessaire avec le recours aux étudiants et autres agents déjà formés dans le cadre de la lutte contre Ebola.

Reste le problème crucial des kits de test dont tous les pays ont aujourd’hui un grand besoin. C’est le lieu de saluer déjà les importantes contributions reçues de généreux donateurs publics et privés. La recherche doit continuer pour en acquérir des quantités toujours plus grandes, mais surtout des kits de test qui permettent d’obtenir rapidement les résultats car nos kits actuels ne donnent les résultats qu’après au moins dix heures. Une voie à explorer est le Sénégal. Nous devons immédiatement nous positionner pour être parmi les premiers pays à être servis dès que la production commencera car celle-ci est destinée au continent africain.

En effet, en collaboration avec la société britannique Mologic, réputée dans la production des tests pour les épidémies, l’Institut Pasteur de Dakar est en voie de finaliser la fabrication d’un test révolutionnaire, très rapide car il donne le résultat en seulement 10 minutes, contre plusieurs heures dans le cas des tests moléculaires actuels que nous utilisons. Ce kit coutera moins d’un euro, soit 5 à 20 fois moins cher que les kits de test actuels.

Un quatrième front de lutte concerne l’épineux problème de prise en charge des cas suspects et même des cas confirmés si la capacité actuelle de l’hôpital Donka venait à être saturée, ce que nous ne souhaitons pas. Il faudra hélas s’y préparer au vu du rythme actuel d’évolution de la maladie et dans l’attente de l’extension des capacités de test qui pourraient malheureusement révélés de nouveaux cas supplémentaires et cela, jusqu’à ce que les effets des mesures anti contamination soient probants au niveau des populations.

Deux solutions existent à cet effet, à savoir achever rapidement la clinique médicale de Gbessia d’une capacité de près de 250 lits dont l’adaptation coutera très peu, sans compter qu’elle couvre plus de 3 hectares où pourraient être installées, en moins d’un mois, de nouvelles capacités médicales d’urgence très modernes, faciles à importées et à assembler sur le site. Des entreprises chinoises et indiennes de la place en ont le savoir-faire.

La deuxième solution qui prendrait près de deux mois mais qu’il ne faudrait pas du tout exclure est de recourir à la même technologie d’hôpital d’urgence dans les deux hectares disponibles au sein de l’hôpital de l’Amitié Sino Guinéenne ou dans un espace similaire au sein de l’hôpital Donka. En cette matière, mieux vaut être en surcapacité qu’en déficit.

Le cinquième chantier est celui de la vigilance à exercer contre l’introduction par des personnes sans scrupule de faux médicaments et faux masques. Le Niger, le Mali et le Maroc en ont fait des saisies la semaine dernière. Notre pays dans un passé récent était connu pour une passoire dans ce domaine.

Dans le même registre, nous devons sensibiliser les différents acteurs économiques impliqués dans les différentes prestations à faire preuve d’intégrité et de décence pour ne pas considérer cette guerre sanitaire comme un moyen indécent d’enrichissement

Le sixième chantier est de ne pas perdre de vue qu’une épidémie peut en cacher une autre. En d’autres termes, en nous focalisant sur le Covid-19, nous devons avoir conscience que notre insalubrité chronique surtout dans cette approche de la saison des pluies peut déclencher des maladies diarrhéiques graves et même le cholera dont la rapide propagation serait catastrophique.  Tout devrait donc être mis en œuvre dès maintenant pour débarrasser Conakry et nos autres villes des tas d’ordures avec lesquels nous commençons à cohabiter avec passivité.

Le septième front est celui de la prise en compte de tous les cas emblématiques dans cette lutte.

Au nombre de ces honorables soldats il y a le corps médical dans son ensemble, qui accepte stoïquement les critiques sans découragement. Il faut leur adjoindre les « petits bras » sans lesquels rien n’est possible à savoir les brancardiers, les agents de nettoyage, les chauffeurs d’ambulance, les nettoyeurs, cuisiniers et autres agents auxiliaires.

Dans ce combat, plus qu’à aucun autre moment, la presse publique et privée qui est aujourd’hui notre incontournable courroie de transmission vers le public et du public vers les décideurs, cette presse engagée mérite notre reconnaissance. En particulier, la presse privée sevrée de ses sources de revenus à cause de la crise économique actuelle devrait rapidement bénéficier du soutien dans le cadre des mesures d’accompagnement.

Il devrait en être de même pour nos jeunes créateurs et inventeurs qui sont en train de faire la fierté du pays par la mise au point d’équipements révolutionnaires et de logiciels de grande performance qui pourront révolutionner nos façons de travailler.

En ces temps fortement perturbés par l’apparition du Covid 19, je ne peux m’empêcher d’évoquer la très sérieuse question de la sécurisation de notre approvisionnement en riz, principale base de notre alimentation. Notre pays la Guinée en achète annuellement près de 600 0000 tonnes à partir de l’étranger et nous ne sommes pas les seuls à le faire. L’Inde, le Vietnam qui sont parmi les 3 pays exportateurs avaient interdit très récemment l’exportation de leurs productions ; ce qui avait causé une augmentation vertigineuse du prix de plus de 35 pour cent du prix jusqu’à 600 $ la tonne et menacé la sécurité alimentaire de plusieurs pays. Ces deux pays, l’Inde et le Vietnam, viennent de lever leur interdiction d’exporter et les prix viennent de baisser.

Il serait important que l’Etat accompagne urgemment les opérateurs pour placer des commandes aux dessus de nos besoins actuels car, au vu des difficultés de transport et de la sécheresse qui sévit dans le delta du Mékong, la zone de production du Vietnam, personne ne peut prédire quelle sera la situation dans les mois à venir.

Je termine cette Tribune en espérant que nous ferons tous preuve d’anticipation et de responsabilité dans la vraie solidarité pour vaincre le Covid-19 dans notre pays.

Cet optimisme est conforté par trois réalités.

La première cause d’optimisme est que cette pandémie a permis à l’homme de devenir humble et moins arrogant, de comprendre la gravité de son arrogance vis à vis de son Créateur et des limites de son agression contre la Nature ; autant de paramètres qui suscitent aujourd’hui des demandes unanimes de compassion et de clémence.

La deuxième cause d’optimisme est que malgré le nombre effrayant de morts causé par le Covid 19 à travers le monde, le taux moyen de guérison à travers le monde est de l’ordre de 95%.

La troisième raison d’optimisme et non des moindres est que plusieurs recherches sont à des stades avancés et prometteurs à travers le monde pour trouver de manière très diligente des remèdes acceptés de tous pour soigner le Covid-19 et ceci, dans un bref horizon. Des essais cliniques pour un vaccin viennent même d’être lancés dans des pays comme l’Allemagne. Ainsi, la science pourrait bientôt recevoir l’onction divine dans cette lutte qui intéresse actuellement tout un chacun.

Puisse cette épreuve nous rendre plus

Humains et surtout plus conséquents !

 

M. Komara

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