Avec le décret d’Etat portant fermeture des bars, night-clubs et autres lieux de jouissance, le tout ainsi couronné par l’instauration d’un couvre-feu nocturne dans le cadre des mesures de prévention contre le COVID-19, les prostituées tiraient déjà le diable par la queue avant que le Ramadan vienne s’y mettre. Avec ce mois de jeun qui a débuté depuis le 24 Avril dernier, c’est désormais un double enfer pour les professionnelles de sexe qui ne sont plus qu’au bord de la survie.
En effet, avec l’instauration récente du couvre-feu, nombreuses parmi les travailleuses de sexe avaient réussi à transférer leurs activités dans la journée, soit, en livrant la « marchandise » à domicile ou en recevant le client dans leur propre appartement ou tout autre lieu discret où le service de livraison sexuelle peut s’effectuer dans la meilleure ambiance. Cela commençait à marcher pour certaines prostituées qui s’en frottaient bien les mains.
Celles parmi elles qui n’étaient pas en mesure de jouir des bienfaits d’un Plan B suite à la fermeture nocturne des lieux d’évasion, ont plutôt espéré que le couvre-feu et les autres mesures de restriction prendraient très vite fin afin qu’elles reprennent, de plus bel, leur négoce. N’ayant autre choix que d’espérer, nombreuses parmi elles ont fini par s’endetter jusqu’au cou sans jusqu’ici voir le bout du tunnel. Et, c’est également pour celles-là, le pire des calvaires !
Aussi, celles parmi les professionnelles de sexe qui avaient trouvé un Plan B en réorganisant leurs activités commerciales dans la journée, ont automatiquement vu voler en éclats, le peu d’espoirs qui leur restait depuis le début du mois de Ramadan. Avec l’arrivée du mois saint, c’est maintenant devenu un véritable enfer pour toutes les catégories de prostituées au Mali, particulièrement, celles opérant à Bamako où les choses sont encore plus difficiles.
« Nous ne savons plus sur quel pieds danser. Par la force des choses, nous avons été spoliées du peu d’opportunités qui nous restait pour exercer notre activité. Notre survie devient de plus en plus difficile dans ces conditions », nous a confiés, Adja, une jeune professionnelle de sexe d’un peu plus d’une vingtaine d’années et exerçant dans un bar populaire de Bamako.
« Depuis l’instauration du couvre-feu, nous parvenions jusqu’ici à rencontrer certains de nos clients habituels dans la journée en vue de nous faire un peu de sous. Mais avec le mois de carême, c’est encore plus difficile. Certaines de nos collègues ont même commencé à se reconvertir en d’autres activités génératrices de revenus. Nombreuses parmi celles qui viennent des régions de l’intérieur ou même de la périphérie de Bamako, sont déjà rentrées en famille le temps que la situation redevienne à la normale », a-t-elle ajouté, l’air visiblement désespérée.
Moulaye DIOP
Source: Le Point du Mali