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Cour suprême du Mali : Nouhoum Tapily mérite-t-il d’en être le président ?

Autre fois distingué par son dévouement dans le travail, l’actuel président de la Cour suprême n’inspire plus confiance. Et le président du Conseil national du patronat, Mamadou Sinsy Coulibaly, n’est pas le seul à le décrier. Sa réputation a été sérieusement mise en cause, bien avant la sortie musclée du président du Cnpm, par ses collègues magistrats (Sam et Sylima).

 

Comme une immersion,  le président du Cnpm n’a pas été tendre avec le président de la Cour suprême qu’il accuse d’être “corrompu”. Selon Mamadou Sinsy Coulibaly, le chef de la quatrième institution de la République (au terme de l’article 25 de la constitution), Nouhoum Tapily, est “l’homme le plus corrompu de la République du Mali”. Le patron des patrons maliens demande ainsi au magistrat de choisir entre démissionner ou se faire chasser.

C’était vendredi 15 mars 2019, lors d’une conférence débat sur la corruption. Lors de cette rencontre, le président du Conseil national du patronat a indiqué que M. Tapily est « le fonctionnaire le plus corrompu, le plus dangereux, un meurtrier connu de tous ».

Selon lui, la corruption a bousillé la société malienne par “la faute de certains responsables de la trempe de Nouhoum Tapily”. Et Mamadou Sinsy Coulibaly de demander au président de la Cour suprême de démissionner de lui-même. Faute de quoi, il l’obligera à le faire.

« S’il ne démissionne pas, nous avons les moyens de le faire partir ; je vous demande de m’accompagner dans cette tâche. Si j’échoue, la corruption va continuer dans notre pays».

L’Oclei dénoncé !

Le président du Cnpm pense qu’en matière de lutte contre la corruption, entre le discours et la réalité, le fossé reste énorme. Il dénonce l’inertie de l’Office central de lutte contre la corruption qui n’a rien fait contre le phénomène depuis sa création, affirme-t-il. «Depuis la création de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite, nous n’avons rien de concret dans la lutte contre la corruption. Nous n’avons pas besoin de rapports mais des actions concrètes», a martelé le président du Cnpm.

En tout cas, le président de la Cour suprême n’a pas encore réagi. Beaucoup de journalistes ont tenté de le joindre, en vain.  Mais tout compte fait, cette sortie de Mamadou Sinsy Coulibaly continue d’alimenter les débats au Mali.

Le Sam et le Sylima sont passés par là

Le président du Conseil national du patronat n’est pas le seul à le décrier. Sa réputation a été sérieusement remise en cause, bien avant la sortie musclée du président du Cnpm, par ses collègues magistrats, notamment le Syndicat autonome de la magistrature (Sam) et le Syndicat libre de la magistrature (Sylima). Au zénith de la lutte syndicale, les deux syndicats de la magistrature ont remise en cause la crédibilité du président de la haute juridiction. Ils ont même demandé sa démission de la tête de l’institution judiciaire.

La société civile s’engouffre dans la brèche

Une pétition a été lancée par des organisations de la société civile pour demander la démission du président de la Cour suprême, Nouhoum Tapily. Cette pétition a été adressée au Conseil supérieur de la magistrature. « Suite aux accusations de Monsieur Mamadou Sinsy Coulibaly, président du Cnpm, nous demandons à Monsieur Nouhoum Tapily, président de la Cour suprême du Mali de rendre sa démission pour se mettre à la disposition de la justice et que la lumière soit faite sur cette affaire », appelle la société civile.

Des soutiens fantaisistes pour Tapily

Même si nous n’avons pas une possibilité de vérifier les accusations du président du Cnpm, tout porte à croire qu’il n’a pas le soutien de sa corporation. Puisque seule une poignée d’individus aux réputations douteuses ont réagi. Il s’agit du machin de Chérif Koné,  la Référence syndicale des magistrats (Refsyma). Dans une déclaration, Chérif Koné estime que suite aux actes de diffamation et d’injures publiques contre « l’honorable Président de la Cour suprême du Mali, la Référence syndicale des magistrats (Refsyma) se dit scandalisée par des propos diffamatoires et des injures publiques, proférés dans les lieux et réunions publics, et diffusés par voie de presse et sur les réseaux sociaux par le président du Conseil national du patronat. Il met ainsi au défi l’auteur des injures publiques et des propos diffamatoires de prouver une seule rencontre qu’il aurait eue, soit directement, soit indirectement ou même par personne interposée avec «sa victime », dont il veut ternir l’image pour des raisons inavouées. Tout en réaffirmant leur attachement à la liberté d’expression, les responsables de la Refsyma «déplorent  ces pratiques dévalorisantes d’individus minables pour qui, se mettre au-dessus des lois de la République, en toute impunité, est un signe de considération ou de réussite sociale».

Le ridicule ne tue plus sous nos cieux

En donneurs de leçon, Chérif Koné et son machin annoncent leur engagement à faire respecter l’institution judiciaire et défendre les intérêts matériels et moraux des magistrats, l’UIM et la Refsyma, désapprouvent et condamnent « sans réserve  ces errements du richissime au parcours mal connu et à la réputation controversée ». L’opinion pouvait accorder du crédit aux allocutions. Seulement, l’auteur n’inspire pas confiance. Des oiseaux de même plumage ? Veut-il sauver les meubles ? Autant de questions qui suscitent le débat. Puisque l’opinion s’attendait à une réaction d’un syndicat crédible et reconnu. Contre toute attente, c’est le nommé Chérif Koné qui se jette dans la gueule du loup. Alors que lui et sa Refsyma ne sont pas des références pour les Maliens. Leur comportement pour la gestion des deux dernières grèves des syndicats continue de marquer l’opinion. Des camarades qui ont abusé de la confiance de leur collègue ne peuvent aucunement parler de transparence.

Il reste à Nouhoum Tapily de faire son option pour son honneur. Et dans ce sens, il ne sera pas seul. Beaucoup de cadres maliens se sont volontairement mis à disposition de la justice. Le cas Modibo Kadjoké, un dogon bon tient, en est une parfaite illustration.

A suivre…

Zan Diarra

 Soleil Hebdo

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