Il égorge son épouse et tente de se suicider en se donnant lui-même des coups de poignard. Puis devant les juges, il feint l’amnésique pour se trouver une porte de sortie.
Courant 2019 LK a froidement assassiné son épouse alors que le couple se trouvait dans la chambre à coucher. Cela s’est passé dans le quartier populaire de Bagadadji en Commune II du District de Bamako. C’est cet acte que d’aucuns ont qualifié de crime passionnel qui a conduit le présumé auteur des faits devant les juges de la Cour d’assises. à l’audience, durant les débats, l’homme n’a pu, à aucun moment, convaincre les jurés de son innocence. C’est pourquoi, ces derniers l’ont reconnu coupable avant de lui infliger une peine de dix ans de réclusion.
La nuit où cette sordide histoire s’est déroulée, rien ne laissait voir dans le comportement de l’époux assassin, un tel dessein lugubre. En apparence, tout semblait se passer comme sur des roulettes entre son épouse et lui. Mais jusque-là, nul n’a pu expliquer clairement ce qui a pu se passer réellement dans leur chambre cette nuit-là. Cependant, le matin, LK a été retrouvé poignardé, à côté de son épouse qui, elle n’était déjà morte, la gorge tranchée. Le couple gisait dans un bain de sang dans leur chambre lorsqu’un des frères de l’homme faisait la découverte macabre. Imaginez quelle peut être l’atmosphère dans la famille suite à la découverte d’une scène du genre tôt le matin.
Plus de dix coups de couteaux
Le jeune frère qui a fait la découverte en informa les autres membres de la maisonnée avant de contacter les policiers du 3è arrondissement. Entre- temps, les deux victimes sont évacuées d’urgence dans un hôpital de la place. Le décès de la femme est constaté dès leur arrivée à l’hôpital. Elle avait été sauvagement égorgée. Quant à son époux, celui-ci portait plus d’une dizaine de coups de couteaux sur différentes parties de son abdomen. S’il faut se fier au constat des médecins, il semble que ces blessures constatées sur l’homme étaient faites de sa propre main.
Certainement une façon pour lui de maquiller son crime. Car, les policiers en charge des enquêtes ont pu apporter la preuve que c’est le mari de la victime qui l’a assassinée avant de tenter de brouiller les pistes en se poignardant lui-même. Pis, les officiers de police judiciaire ont enfoncé le clou en précisant que l’homme a agi de la sorte sous le coup de la jalousie. C’est ainsi que celui-ci a été inculpé pour assassinat avant d’être renvoyé devant la Cour d’assises afin qu’il soit jugé conformément à la loi.
Durant la procédure, le jeune homme a reconnu avoir effectivement agi sous l’effet de la jalousie. Il a dit regretter son acte. Mais une fois qu’il s’est retrouvé face aux juges, il a changé de langage. Il a opté pour la dénégation systématique des faits tels que relatés par les spécialistes de l’enquête. Il a donné ses propres explications dans l’espoir d’échapper à la rigueur de la loi en l’espèce.
Comme s’il n’était au courant de rien la nuit des faits, il a soutenu qu’il s’est retrouvé poignardé alors qu’il était couché à côté de son épouse, elle même égorgée. Selon lui, c’est à son arrivée à l’hôpital qu’il a été informé de tout ce qui s’est passé nuitamment dans sa chambre. En somme, l’inculpé a donné l’impression aux jurés de n’être au courant de rien de cette histoire. Une histoire dans laquelle il s’est retrouvé victime quelque part. Tel un amnésique, la seule chose qu’il dit s’être souvenu ce jour-là, c’est juste le fait d’avoir rompu son jeûne. « à l’heure de la rupture du jeûne, j’ai demandé à mon frère de m’amener un couteau et du citron. Après cela, je me suis assoupi ». C’est en ces termes que l’inculpé a résumé toute une nuit durant laquelle son épouse a été sauvagement égorgée alors que lui même a reçu plusieurs coups de couteaux.
Trop simpliste comme explication pour les magistrats professionnels qui ont eu son dossier entre les mains. Ces derniers ont insisté en lui demandant d’expliquer clairement et réellement ce qui s’est passé. Mais c’était comme un coup d’épée dans l’eau. En réponse, l’inculpé est resté invariable dans sa stratégie de dénégation des faits. Il a soutenu mordicus ne se souvenir de rien après la scénette qu’il a décrite plus haut. Difficilement, l’inculpé pouvait convaincre les juges à partir de cette simple explication, dès lors qu’ils (l’inculpé et son épouse) étaient seulement, deux dans la chambre la nuit des faits.
« Pouvez-vous nous expliquer comment vous l’avez fait » ? demandera le parquet. Réponse plus que surprenante de l’accusé : « au nom de Dieu, je ne me rappelle pas l’avoir fait ».
Après une telle réponse dans une histoire aussi grave, l’étonnement était général dans la salle d’audience. Cela se voyait aussi bien au présidium que dans l’assistance. En dépit de tout, l’inculpé est resté dans sa logique. Tantôt, il dit n’avoir pas commis cet acte, tantôt il dit ne s’être rappelé de rien. « Je ne l’ai pas fait au nom de Dieu. Je n’ai pas tué ma femme. Jusqu’au moment où je vous parle, je l’aime. Je me demande pourquoi je ferais ça alors que j’ai galéré pendant six ans pour pouvoir l’épouser », ne ai-t-il répéter avant de fondre en larmes.
Le président de la Cour de lui poser la question suivante : « Qui t’a alors poignardé, toi-même » ? Encore une réponse très simple de l’accusé. Il a soutenu mordicus qu’il ne connaît pas l’auteur des coups de poignard dont il a été victime. Les juges ont été obligés de le confondre au PV des enquêtes préliminaires dont un passage laisse clairement voir que « les enquêteurs sont convaincus qu’après avoir tué sa femme, l’époux a tenté de se suicider pour échapper à la justice ».
Époux jaloux et possessif
Lorsqu’il est appelé à la barre pour témoigner, le frère de l’inculpé l’a qualifié de « jaloux et possessif ». Ce témoin a d’ailleurs apporté un nouvel élément dans le dossier que les enquêteurs n’ont pas évoqué. C’est le fait que, la nuit des faits, c’est l’accusé lui-même en personne qui est allé remettre l’enfant du couple à sa grand-mère. Et en ce moment, le bambin pleurait à chaudes larmes. Même là aussi, l’homme a nié avoir agi ainsi.
Dans son réquisitoire, le ministère public a qualifié l’accusé de malfrat manipulateur. Le magistrat debout a clairement expliqué que la seule vérité à laquelle il tenait, c’était de comprendre le mode opératoire dont l’homme a usé pour commettre un tel acte. Pour le parquet, l’inculpé est un homme extrêmement jaloux. Donc, selon lui, il ne fait aucun doute qu’il a savamment bien préparé son coup. D’où un acte prémédité.
La défense a fait part de son désaccord total pour cette qualification. D’un revers de main, l’avocat a balayé l’intention criminelle de son client dans cette histoire comme le parquet veut faire croire à la Cour. à partir de là, la défense a tenté de faire planer le doute sur la culpabilité de son client de donner la mort à son épouse.
Le conseil de l’inculpé a estimé qu’en aucun moment, il n’ y a eu préméditation. Il a d’ailleurs mis l’accent sur l’amour que celui-ci portait pour sa femme. Et a émis le souhait que les jurés penchent vers ce côté, avant de plaider pour de circonstances atténuantes en faveur de son client.
Malheureusement, les juges ne l’ont pas suivi et la Cour dans sa sagacité a condamné l’accusé à dix ans de réclusion criminelle, comme écrit plus haut.
Tamba CAMARA
Source: L’Essor- Mali
NB / Photo utilisée juste à titre d`illustration.