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Cour d’assises : Epilogue dans l’affaire de l’attaque du domicile du président Konaré : 2 condamnations, 2 acquittements

Agés de 20 et 25, ils sont carreleur et militaire. Deux des quatre auteurs présumés de l’attaque du domicile de l’ancien président Alpha Oumar Konaré (AOK), ont écopé de la peine maximale, 20 ans de réclusion criminelle, chacun. Ni les irrégularités de procédure invoquées par le pouls d’avocats à leur défense, constitué, ni même les rétractations des accusés n’ont pu les secourir: la sentence est lourde.

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Pour « associations de malfaiteurs et tentative de vol qualifié » les auteurs de l’attaque du domicile de l’ancien président AOK ou pour nommer les choses telles qu’elles sont « les auteurs de tentative de vol près du domicile de l’ancien président» ont comparu devant la Cour d’assises. C’était vendredi dernier. Pendant plus de quatre heures, l’accusation et la défense ont, arguments contre arguments, tenté de convaincre la Cour.

 

L’accusation…

 

Pour le Ministère Public, la technologie a fait ses preuves dans cette affaire. En effet, dans la nuit du 4 au 5 avril 2014, dit le procureur, des individus ont attaqué le domicile de l’ancien président AOK. Ils ont sectionné le câble de l’EDM SA et plongé le domicile de l’ancien président dans le noir. La sentinelle en faction ce jour-là, riposta aux tirs d’un voleur monté sur le mur et l’abat. Ses complices prennent la fuite. Son identité est vite connue, il s’appelle Moussa T.

Le téléphone trouvé sur Moussa T. permet alors d’identifier ses présumés complices. Les gendarmes font appeler, par un médecin de l’hôpital Gabriel Touré, un des derniers numéros composés par le défunt tard dans la nuit de l’attaque. Daouda K. répond. Au bout du fil, on lui annonce qu’un de ses frères est victime d’un accident de la circulation, le médecin lui demande de passer l’identifier. A l’hôpital, on lui montre des photos de Moussa T. Il le reconnait comme étant un grand frère. Mais Daouda K ne se rend pas seul à l’hôpital, il est avec Lassine C. Ils sont tous les deux cueillis par les gendarmes qui venaient de lui tendre un piège.

« Cuisiné » pour reprendre le terme employé par son avocat, Daouda K. passe aux aveux. Il donne le nom de ses présumés complices et le rôle de chacun d’eux dans le vol. « Mon rôle à moi était de faire le guet, avoue-t-il pendant l’enquête préliminaire», plaide le procureur pour qui sa culpabilité ne fait l’ombre d’aucun doute. Deux des personnes citées par Daouda K ne sont jamais retrouvées, ils sont dits en fuite.

 

La défense…

 

Pour le pouls d’avocats constitués de Me Cheick Oumar Tounkara, Me Lassana Diawarra et Me Bakary N. Diarra, le dossier est vide. Toute l’accusation repose sur les aveux de Daouda K. Aveux qui ont permis l’arrestation de Bourama D, le militaire. Or, en droit pénal, indiquent les avocats, l’aveu n’est pas un élément essentiel du procès. Il faut des preuves et dans cette affaire, il n’y en a aucune. On peut avouer un crime pour protéger quelqu’un, pour être connu, ou même parce qu’à force d’être torturé, l’on finit par dire tout ce que ses bourreaux veulent entendre. Dans cette affaire, c’est selon eux, ce qui s’est passé,.

Pour Me Diawarra, leurs clients ont été condamnés pour le communiqué de la Présidence affirmant que « les auteurs de l’attaque seront recherchés et punis ». Depuis lors, le destin de ces jeunes a été scellé, les enquêteurs ne se sont fixés aucune limite. Tous les moyens ont été utilisés pour trouver “des coupables”. Quoi qu’il en soit, au bout de 4 heures d’audience, Daouda K. et Bourama. D sont reconnus coupables des faits qui leurs sont reprochés et condamnés à 20 ans de prison. Quant aux deux autres prévenus Fademba K. et Lassine C, ils sont déclarés non coupables et relaxés, au bout de 18 mois de détention.

Mamadou TOGOLA

 

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Cour d’assises :

Tous les jours pour le voleur, un seul pour le propriétaire….

Ce n’est pas Sékouba qui démentira cet adage. Lui qui, au cours d’une ces nombreuses descentes chez sa victime, a été arrêté et conduit à la police par ce dernier. Surprise! Abou G connait bien son voleur. Son complice lui, un certain Sanou n’a jamais été retrouvé.

« Un jour, ils sont venus chez moi, dans mon magasin, ils ont pris mon sac de riz, mon sac de charbon et la tête de mouton bien cuite que nous avions prévue pour le petit déjeuner. Une autre fois, c’était dans ma boutique, ils ont pris tout ce qu’ils pouvaient emporter, même les gâteaux de 100 fcfa de ma femme. Une autre fois encore, à la veille de la fête de 31 décembre, ils sont partis avec tous mes poulets …». Le plaignant qui s’apprêtait à narrer un autre cas de vol dont il a fait l’objet, quand le président de la Cour l’arrêta en ces termes: « parlez-nous du cas présent. Le jour où vous l’avez arrêté. C’est le dossier que nous avons ici». Le plaignant, de son vrai nom Abou G, boutiquier de son état à Kati: « J’ai haussé mon mur de sorte que personne ne peut l’escalader sans y être aidé. Cela n’a rien changé. J’ai multiplié les verrous aux portes, cela aussi ne les a pas arrêtés. Ils ont tenté d’empoisonner puis tenté de tuer avec une barre de fer, les deux chiens de mon voisin. Depuis 2005, jusqu’à ce jour du 10 mai 2013 où je l’ai appréhendé, je n’ai jamais trouvé la paix chez moi, M. le président. Sékouba et ses complices m’ont rendu la vie dure, si dure que j’ai même songé à vendre ma maison».

«Cette nuit-là, j’ai entendu un bruit dans la cour, alerté je suis sorti, armé seulement d’une machette. J’entrevois une personne dans l’arrière-cour. Oh là, sors ici où je t’abats comme un chien, dis-je, la peur au ventre. Il s’arrêta net, tenant quelque chose à la main, j’ignore de quoi il s’agit à cet instant-là. Je garde mes distances et alerte mes jeunes frères qui accourent aussitôt. Plus confiant je lui lance : si tu ne sors pas nous te tuerons, il jette alors l’outil dans sa main: une grosse paire de cisailles. Nous l’attachons, mes frères et moi. Surprise! Nous le connaissons. C’est Sékou S, dit Sékouba, le fils d’un policier. Nous habitions pendant cinq années dans la même cour que lui et sa mère qui est la première femme de son père. A cause des problèmes de paiement de facture, j’ai construit ma maison à seulement 2 carrés de mon ancien domicile et j’y ai déménagé. Je demande, pour toutes pertes qu’ils m’ont affligées, 2 millions de FCFA pour dommages- intérêts», conclut Abou G.

 

Sékouba victime de son paternel…. ?

 

Pour l’avocat de Sékouba, son client n’est pas une mauvaise personne, il est victime de ses parents. En effet, argumente-il, le père de Sékouba, policier de son Etat, a voulu que son fils suive ses traces. Devant le refus de ce dernier de porter l’uniforme, il désiste de son  éducation et l’abandonne à sa mère. Sékouba fait tout ce qu’il peut pour assurer sa nourriture et celle de sa mère. Tantôt gros bras des artistes locaux et devant les bars, tantôt apprenti de camion. « Il s’est égaré, soit, mais il a compris son tort et s’en repent. Clémence, Messieurs les juges, car vous n’êtes pas seulement juges de fait. Un Sékouba, il en existe chez nous tous, des enfants victimes de leur éducation. »

« Non! », rétorquera le procureur, un peu plus tard. Il  n’existe pas de Sékouba chez tout le monde. En tout cas pas chez moi. Des enfants ont été moins favorisés que Sékouba pourtant ils n’ont pris le mauvais chemin. D’ailleurs Mrs. les juges, Sékouba n’est pas à sa première condamnation et la loi doit être appliquée dans sa plénitude. »

A la barre, Sékouba reconnait les faits qui lui sont reprochés pour cette nuit-là et seulement pour cette nuit-là où il a été appréhendé. Il demande pardon à sa victime. Son pardon n’a pas été entendu car il est condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Et sommé de payer à Abou G la somme de 350 milles Fcfa au titre des dommages et intérêts.

Mamadou TOGOLA

 Source: Canard Déchainé

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