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Cour d’assises à Bamako : Le mendiant meurtrier

Pour une histoire de pièces de monnaie, l’adolescent a donné un coup de poignard mortel à son camarade. Les juges attendent l’atteinte de la majorité de l’accusé pour se pencher sur son cas

 

Nous le désignerons par ses initiales YC alias « Rougeot ». Ce jeune mendiant a comparu en assises pour avoir poignardé à mort un de ses compagnons, également mendiant. La cause. Une histoire de pièce de cent francs (100 Fcfa) qui a mal tourné entre les deux ados. Cela s’est passé dans la cour du Champ hippique au quartier Missira en Commune II du District de Bamako. à l’époque, précisément en novembre 2016, la sordide histoire a fait les choux gras des médias de la place. Dans la foulée, les policiers ont fini par mettre la main sur le meurtrier.

Mais avant, celui-ci ayant constaté qu’il a commis l’irréparable, a préféré prendre la fuite dans l’espoir d’échapper à la justice. Hélas! Sa cavale n’aura duré qu’une année. Le mendiant « Rougeot » a finalement comparu devant les jurés aux termes d’une procédure judiciaire. Durant, son audience, une anomalie de fond est apparue dans le dossier. D’où la décision des juges de renvoyer le procès pour très prochainement.

Mais avant, après son interpellation et son audition par les policiers, il a reconnu les faits sans ambages. Il a justifié sa cavale par la peur qui l’assaillait juste quelques instants le drame. Mais bizarrement, après avoir tout avoué aux officiers de police judiciaire, lorsqu’il a comparu devant le juge d’instruction, « Rougeot » a changé de langage. Il a tenté de nier les mêmes faits qu’il avait reconnus. Il aura néanmoins le temps de s’expliquer sur ce virage à 180 degrés face aux jurés le moment venu.
Doucher les ardeurs de la Cour
À l’audience, les débats s’annonçaient déjà houleux à propos de ce jeune mendiant. Finalement, il n’en sera rien. Et le public qui assistait à son procès semble resté sur sa faim. La cause. L’avocat de l’inculpé a douché l’ardeur de la Cour par une déclaration. Celle-ci est relative à l’absence de l’acte de naissance de son client dans le dossier. S’il faut croire la défense, ce document précieux permet de situer la responsabilité pénale de l’inculpé. En somme, au moment des faits, le fautif n’avait apparemment pas atteint la majorité pour être jugé en même temps que les autres inculpés qui figurent dans le rôle de la Cour d’assises. « Cet âge est fixé à 18 ans et cela ne sort dans aucun document concernant l’intéressé », a rappelé la défense. Une brèche pour la défense dans laquelle celle-ci s’est engouffrée dans l’espoir d’un gain de temps. Donc pour mieux se préparer avant d’affronter les jurés.

En réaction, le président de la Cour a rappelé que l’accusé avait clairement affirmé qu’il était âgé de 19 ans devant les enquêteurs. Les débats se rapprochaient dangereusement à une véritable cacophonie dans la salle. Dans la logique du droit, s’il faut croire les spécialistes de la question, en l’espèce, tant que tous les documents ne sont pas versés dans le dossier, tout procès semble impossible.

Dans la foulée, le ministère public a estimé que, telle qu’elle est composée, la Cour n’était pas en mesure de juger, l’affaire. Conséquence : le parquet a requis de renvoyer le dossier aux assises des mineurs devant se tenir dans les semaines à venir. C’est cette requête qui a finalement été retenue par la Cour. Le public devra encore patienter un moment pour connaître le sort que les juges réserveront à l’indélicat jeune mendiant.

Tamba CAMARA

 

…JALOUSIE MALADIVE

À la suite de « Rougeot », les jurés se sont prononcés sur le cas de AS, une jeune dame accusée de coups mortels dont la victime n’est autre que sa coépouse, EB. Une histoire de jalousie qui a également mal tourné. « Je me suis laissée emporter par une jalousie dévastatrice », a reconnu l’inculpée durant l’enquête préliminaire. Les faits se sont passés courant 2017 à Diakuy dans le cercle Tominian (Ségou).

Ce jour-là, Y, le mari polygame s‘est absenté du domicile familial comme dans ses habitudes. Il semble qu’il est allé rendre visite à un ami dans un village voisin. Nos sources judiciaires ne donnent pas de détails si les coépouses gardaient les rancunes d’un précédent différend. Mais, un constat est indiscutable. Il a fallu que l’époux quitte la maison pour qu’elles commencent à se chamailler. Et, plus le temps passe, plus la discussion gagnait en intensité entre les deux protagonistes. Apparemment, il n’y avait personne dans la cour commune pour les séparer et éteindre le feu qui ne faisait que gagner en ampleur. Selon les témoins, les deux se seraient copieusement insultées durant plusieurs dizaines de minutes. C’est comme cela que la nommée AS s’est sentie profondément offensée. Dans sa colère, elle a pris la décision d’en découdre définitivement avec sa coépouse EB. Elle s’est saisie d’un bâton qui trainaît quelque part dans la cour.

Puis, sans donner le temps à son adversaire de réaliser quoique ce soit, elle lui assena un coup violent sur le front. Violemment atteinte par le bâton à la figure, la pauvre s’écroula sur place et perdit connaissance. Puis son état ne s’améliorait pas avec le temps. Plusieurs minutes passèrent sans que la pauvre ne montre le moindre signe de vie. Elle a finalement rendu l’âme peu de temps après.

C’est en ce moment que la violente AS s’est rendue compte qu’elle venait de commettre l’irréparable. Complètement paniquée, elle s’est rapidement rendue au village où leur mari est allé rendre visite à un ami. Sans détour, elle a brièvement expliqué comment les choses se sont passées à la maison en l‘absence de celui-ci.

Sans vouloir céder à la panique, l’époux est directement parti à la Brigade territoriale de Tominian pour informer les pandores de ce qui vient de se passer chez lui, entre ses deux épouses. Dans les minutes qui ont suivi, AS a été interpellée avant d’être mise à la disposition de la justice. Elle est par la suite inculpée, pour coups mortels ». Des faits prévus et punis par une disposition de l’article 202 du code pénal.

Sans la moindre circonstance atténuante
L’accusée est restée constante durant toute la procédure jusqu’à la barre. Elle a sans ambages reconnu les faits à elle reprochés. Pour justifier son geste, dame AS a soutenu avoir tout simplement agi sous l’effet de la jalousie. Une jalousie qu’elle nourrissait contre sa coépouse qui, s’il faut la croire, l’offensait régulièrement à la maison.

Lorsqu’un des jurés lui a demander de détailler un peu comment elle s’en est prise avec la défunte, la dame violente s’est perdue dans ses explications. Elle a voulu faire croire à la Cour qu’elle avait agi en légitime défense face à la pauvre EB lorsque cette dernière l’a attaquée. Par la suite l’inculpée a finalement fondu en larmes, et n’a pas hésité une seconde à exprimer « son profond regret ».

Le ministère public, en sa qualité de défenseur des citoyens, a qualifié les faits de très simples. à son avis, « ces genres d’incidents sont très fréquents ». Mais qu’à cela ne tienne, le magistrat a requis que l’inculpée soit maintenue dans les liens de l’accusation. Face aux faits indiscutables et irréfutables de sa cliente, l’avocat de la défense n’a pu que plaider de « larges circonstances atténuantes ». Reconnue coupable par la Cour qui a écarté toutes circonstances atténuantes, la coépouse violente a écopé de 5 ans de prison.

T.C

Source : L’ESSOR

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