Après son arrestation et conduit au camp militaire de Kati, le désormais ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a été contraint de démissionner de toutes ses fonctions avant de prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement.
« Si aujourd’hui, il a plu à certains éléments de nos forces armées de conclure que cela devait se terminer par leur intervention, ai-je réellement le choix ? M’y soumettre, car je ne souhaite qu’aucun sang ne soit versé pour mon maintien aux affaires », a-t-il déclaré dans sa très brève intervention, à minuit.
Ce 4ème coup d’Etat militaire (19 novembre 1968 ; 26 mars 1991 ; 22 mars 2012 ; et 19 août 2020) serait le plus propre de l’histoire politique du Mali.
En effet, de l’avis de nombreux observateurs, certes le professionnel de la junte militaire est à saluer, mais le grand mérite revient à l’ancien IBK qui n’a voulu opposer aucune résistance à son arrestation et celle de ses proches collaborateurs (Premier ministre, ministres, Président de l’AN) bien qu’ayant eu le temps et les moyens.
Malgré les condamnations de principe de bon nombre de nos compatriotes, la liesse populaire qui a accompagné cette opération militaire, ayant mis entre parenthèse la grave crise sociopolitique, est la manifestation du souhait du peuple de se voir débarrassé de ce régime, qui depuis 7 ans, est à l’origine de l’aggravation de la situation sécuritaire, adoubée d’une mauvaise gouvernance, la corruption et tout dans l’impunité totale et socioéconomique du pays.
En effet, cette intervention militaire a vraisemblablement plu à la très grande majorité de maliens, même à certains de la mouvance présidentielle
« Il est temps que le peuple africain prenne conscience que nos pays sont toujours sous une forme de colonisation qui est déguisée par cette indépendance empoisonnée. Le peuple malien n’a jamais été soumis, nous ne pouvons assister à la destruction de notre peuple au profit de dirigeants corrompus, et assassins. Aujourd’hui nous sommes montrés du doigt par le monde, quatre coups d’Etat en moins de 60 ans, mais nous ne regrettons rien si cela était à refaire pour l’honneur du Mali et de son peuple nous le feront » explique un enseignant sous l’anonymat.
En tout cas, la déchéance du président IBK, fruit de son entêtement à se maintenir au pouvoir, doit être un avertissement pour tous ces dirigeants africains qui s’accrochent au pouvoir tel un héritage.
« Le Mali a ouvert le bal, je dis alors que comme le peuple du Mali, l’Afrique doit comprendre une chose. Aujourd’hui, la France a peur de la jeunesse africaine qui est de plus en plus décomplexée et dit » non » à cette alliance néocoloniale qui permet à nos dirigeants, qui sont en réalité ses vassaux, de faire de nous ce qu’ils veulent. « On a tout compris », disait l’artiste Ivoirien Tiken Jah Fakoly.
ADAM DIALLO
Source: Bamakonews