Le président du Nigéria est le premier, au sein de la Cedeao, à évoquer la durée d’une éventuelle transition.
INTERNATIONAL – Vers une sortie de crise entre la Cedeao et le Niger ? Le président du Nigeria Bola Tinubu a évoqué jeudi 31 août l’idée d’une transition pour les militaires au pouvoir au Niger voisin, ces derniers ayant de leur côté haussé le ton contre la France en annonçant leur volonté d’expulser l’ambassadeur français à Niamey.
Bola Tinubu, qui est également à la tête de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), a cité en exemple la transition de « neuf mois » qui avait été mise en œuvre dans son pays en 1999. C’est la première fois qu’un pays de la Cedeao évoque une durée pour une éventuelle transition.
« Le président ne voit pas de raison que cela ne puisse pas se reproduire au Niger, si les autorités militaires sont sincères », rapporte un communiqué de la présidence nigériane tout en prévenant néanmoins que les sanctions imposées par la Cedeao ne seront pas allégées sans « ajustements positifs » du nouveau régime à Niamey.
Bola Tinubu a rappelé que le Nigeria avait renoué avec un pouvoir civil en 1999 après une période de transition de neuf mois instituée par le général Abdulsalami Abubakar, qui avait hérité d’un pouvoir militaire à la mort du général Sani Abacha.
La Cedeao prête à utiliser la force
Abdulsalami Abubakar s’était justement rendu au Niger le 19 août à la tête d’une délégation de la Cedeao. Le soir même, le nouvel homme fort le général Abdourahamane Tiani, avait annoncé une période de transition de trois ans maximum et mis en garde les pays étrangers contre une éventuelle intervention militaire.
Mardi, l’Algérie, influent voisin du Niger, avait proposé un « plan de transition de six mois » avant un retour à l’ordre constitutionnel. Les généraux au pouvoir à Niamey avaient évoqué le 19 août une transition de trois ans maximum.
Le président nigérian a par ailleurs averti jeudi que les sanctions imposées au Niger par la Cedeao ne seraient pas allégées sans « ajustements positifs » des militaires à Niamey. « Les actes des militaires sont inacceptables. Le plus tôt ils font des ajustements positifs, le plus rapidement nous reviendrons sur les sanctions pour alléger les souffrances que nous voyons au Niger », a-t-il dit.
Le Niger soutenu par le Mali et le Burkina Faso
L’organisation ouest-africaine a également imposé de lourdes sanctions économiques au Niger depuis fin juillet et a brandi plusieurs fois la menace d’une intervention militaire pour rétablir dans ses fonctions Mohamed Bazoum, le président déchu le 26 juillet, lors du putsch.
Le Niger, engagé dans un bras de fer diplomatique avec la France, peut toutefois compter sur le soutien de deux de ses pays voisins, le Mali et le Burkina Faso eux aussi dirigés par des militaires ayant pris le pouvoir par la force en 2020 et 2022. Les militaires au pouvoir ont annoncé l’expulsion de l’ambassadeur français, qui n’a pas quitté le pays malgré l’ultimatum lancé par les putschistes.
Jeudi, le gouvernement burkinabè a approuvé un projet de loi autorisant l’envoi d’un contingent militaire au Niger, sans préciser les modalités. La semaine dernière, le général Abdourahamane Tiani avait signé un décret autorisant les forces armées du Burkina Faso et du Mali à intervenir sur le sol nigérien « en cas d’agression ou de déstabilisation armée extérieure ».
Par Le HuffPost avec AFP