En Côte d’Ivoire, le président de la Commission dialogue vérité et réconciliation a rendu public les grandes lignes du rapport qu’il a présenté officiellement au président Alassane Ouattara le 21 novembre dernier. Alors que le mandat de deux ans de la CDVR est terminé depuis fin septembre, Charles Konan Banny est resté flou devant la presse nationale et internationale sur son désir de rester ou non à la tête de la Commission, au cas où le chef de l’Etat prolongerait son mandat.
Présentée par les observateurs comme une Commission réconciliation en panne jusqu’à la fin de son mandat, Charles Konan Banny a vanté la qualité du travail de la CDVR, qui a une mission « difficile », souligne l’ancien Premier ministre ivoirien. Rien n’avait été divulgué sur le contenu du rapport de la Commission depuis sa remise officielle au chef de l’Etat il y a six semaines.
Charles Konan Banny en a donc présenté les grandes lignes, en précisant que la CDVR a procédé à la plus large enquête jamais réalisée dans le pays, avec la consultation de 60 000 Ivoiriens. Il ressort donc de ce large échantillon que la Commission dialogue, vérité et réconciliation doit prendre comme période de référence l’histoire récente de la Côte d’Ivoire pour la période comprise entre 1990 (réinstauration du multipartisme) et 2011 (crise post-électorale) et faire la lumière sur les événements socio-politiques de 1995, 1999, 2002 et 2010-2011 notamment.
Que « le pardon des victimes doit être motivé par un repenti sincère des auteurs des violations » des droits de l’homme. Charles Konan Banny souligne qu’« il ne peut pas y avoir de repentir si l’impunité » persiste.
Une réconciliation possible
Les Ivoiriens ont aussi estimé que « le pardon n’exclut pas l’action de la justice ». Une justice qui doit être rendue de façon équitable. Mais le même échantillon estime que la justice ivoirienne est corrompue, comme le sont d’ailleurs les forces de sécurité. Des comportements qu’il faut changer.
En revanche, 83% des Ivoiriens interrogés par la CDVR disent que « la réconciliation est possible ». Ils y croient, même s’ils ont conscience qu’elle est et sera difficile.
En attendant de savoir si la mission de la CDVR est prolongée ou pas, Charles Konan Banny et ses équipes, notamment les Commissions locales, continuent de travailler. 50 000 Ivoiriens se sont déjà déclarés victimes auprès de la Commission. Il reste à recueillir leurs dépositions et à les vérifier. La Commission espère convaincre les auteurs des crimes à se repentir face à leurs victimes. Mais la Côte d’Ivoire n’appliquera pas le principe des « aveux contre l’amnistie », qui a été utilisé en Afrique du Sud.
Source : RFI