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Côte d’Ivoire : Ces casseroles qui pourraient emporter Guillaume Soro

Guillaume Soro est embourbé dans de nombreux scandales qui ternissent son image.

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Pressenti pour succéder à Alassane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne voit le fauteuil présidentiel s’éloigner davantage de lui au fur et à mesure que passent les jours. De l’affaire Michel Gbagbo à la violation de l’embargo de l’ONU en passant par son implication supposée dans le coup d’État manqué auBurkina Faso, l’étau se resserre autour de l’homme. Décryptage.

Guillaume Soro, une présidence hypothéquée ?

Guillaume Soro s’est imposé comme un personnage incontournable de la vie politique ivoirienne depuis sa réapparition très controversée en étant à la tête du MPCI. Jusque-là considéré comme très rusé pour avoir survécu politiquement à une cohabitation avec son ancien ennemi puis patron, Laurent Gbagbo, le natif de Kofiplé voit sa feuille de route vers la « Maison Blanche d’Abidjan » révéler des étapes qu’il n’avait pas prévu. Alors que la victoire finale devait accélérer son ascension à la présidence du pays, après la gouvernance d’ADO, c’est du camp auquel il appartient que lui viennent aujourd’hui les coups les plus durs. Et les nombreuses casseroles qu’il n’a pas ramassées semblent être les éléments dont veulent se servir ses nouveaux adversaires, ceux-là qui étaient invisibles lorsque lui assumait seul les faits les plus graves (la rébellion qui a endeuillé la Côte d’Ivoire), qui ont favorisé leur arrivée au pouvoir.

Soro, un passé peu glorieux qui facilite sa descente aux enfers.

Le passé trouble de Guillaume Soro prête le flanc à toute sorte d’accusations. Né le 8 mai 1972, l’ancien secrétaire général de la puissante Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) voit l’étiquette de chef de guerre lui coller à la peau depuis qu’il a revendiqué ouvertement, au lendemain du 19 septembre 2002, le statut de « patron » de la rébellion. Entre les nombreux crimes économiques (casses des agences de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest de Bouaké, Korhogo et Man) et les nombreux morts des zones centre, nord et ouest (zones CNO) du fait de la barbarie de ses hommes, l’ex-séminariste a choisi d’emprunter un chemin peu conventionnel pour se hisser au sommet du pays.

Son groupe armé et lui s’empareront de plus de la moitié du territoire ivoirien. À 30 ans, Guillaume Soro monte en puissance et s’impose comme un habile chef rebelle. En 2007, il devient même Premier ministre de Laurent Gbagbo à seulement 35 ans, avant d’être le premier chef du gouvernement d’Alassane Ouattara à la suite de l’élection calamiteuse de 2010. Après avoir rendu sa démission en 2012, l’époux de Sylvie Tagro sera élu à près de 100% des suffrages exprimés à la tête du Parlement de Côte d’Ivoire. Quant à son choix politique, il l’explique dans un ouvrage intitulé « Pourquoi je suis devenu rebelle ».

Guillaume Soro a forcé les portes de la « gloire » et de la légitimité à coup de malice et de pression compte tenu du rapport de force. « Filleul politique » de Laurent Gbagbo avant de prendre ses distances avec son ex-mentor pour se rapprocher du Rassemblement des républicains (RDR), et de collaborer à nouveau avec l’ancien président ivoirien, Soro est fidèle à sa méthode de travail. Ce qui va le pousser à lâcher Gbagbo alors que ce dernier croyait avoir retrouvé l’affection de son « fils politique ».

Guillaume Soro, la goutte de sang qui salit le « tablier blanc ».

Une fois Alassane Ouattara installé confortablement dans ses fonctions de président de la République de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro qui était jusque là son Premier ministre acceptera de démissionner à la suite d’un accord entre les deux hommes. Direction l’Assemblée nationale, une institution dont il prendra les rênes. Ecarté des hautes instances de décision, c’est le début des scandales qu’on pourrait nommer « SoroGate« .

En 2012, Michel Gbagbo (du nom du fils de Laurent Gbagbo) porte plainte devant la justice française contre Soro et plusieurs chefs de guerre proches de ce dernier pour « traitement inhumain et dégradant ». Les juges français se saisissent du dossier compte tenu de la double nationalité du plaignant, né d’une mère française. C’est la juge française Sabine Khéris qui prend le devant des choses en lançant un mandat d’amener contre les anciens rebelles. Soro balaye du revers de la main cette injonction des magistrats de la France qu’il considère comme une injure au regard de sa position de numéro 2 de la Côte d’Ivoire. La situation virera presque à l’irréparable lorsque lors d’une visite de Soro en France, on pourrait dire une envie de défier la France, la police effectuera une descente musclée dans sa résidence privée. Traqué comme un vulgaire bandit, l’ancien chef rebelle n’y échappera que grâce à l’ordre de mission improvisée par l’État de Côte d’Ivoire pour permettre son retour au pays.

Ce coup de main de Alassane Ouattara à son ancien sauveur (Soro), certains de ces proches du président qui se sont découvert des ambitions présidentielles ne l’apprécieront pas. Pour eux, une occasion bien trop belle de se débarrasser Soro vient de leur glisser entre les mains.

Le mythe brisé, en décembre 2015, la justice militaire burkinabé lance à son tour un mandat d’arrêt international contre Guillaume Soro pour son implication présumée dans le coup d’État manqué de septembre dernier. Comme principale pièce à conviction, les autorités judiciaires du Burkina s’en tiennent à la fameuse conversation téléphonique entre Djibril Bassolé et lui. C’est l’affaire des écoutes téléphoniques expédiée de façon bien mystérieuse dans les mains du journaliste Théophile Kouamouo. On connait la suite, Soro a dû se terrer dans un silence coupable durant plusieurs semaines pour laisser passer la pilule. Les dégâts sont irréversibles, et même la position de l’expert français qui a analysé ces écoutes n’y changera rien. En même temps, l’homme n’a pas disculpé Soro. Il s’est contenté d’affirmer qu’il était impossible d’affirmer sans risque de se tromper que le PAN est l’auteur des propos que lui prête la justice du Burkina Faso. Ce dernier ne dit donc pas le contraire non plus…

Et plus récemment c’est-à-dire le lundi 4 avril 2016, le rapport publié par le groupe d’experts de l’ONU fait de graves révélations : « Le groupe (Groupe d’experts sur la Côte d’Ivoire) a documenté l’acquisition de quantités pertinentes d’armes et de munitions, estimées à 300 tonnes, par les Forces nouvelles à la suite de la crise post-électorale. Guillaume Soro a traité directement l’acquisition du matériel. L’arsenal mentionné ci-dessus comprend le matériel stocké en Côte d’Ivoire en violation du régime de sanctions et qui n’est pas encore sous le contrôle de l’armée. Bien que la plupart des anciens commandants de zone ont été intégrés dans l’armée, ils continuent d’avoir une influence politique et financière indépendante. » Tout est clairement dit, Soro a préparé ses arrières, question de prudence.

Agacé par ce énième coup du sort et à bout de souffle, Guillaume Sororéagira de façon épidermique et n’hésite pas à insinuer la thèse du complot qui vise son « assassinat politique »« Les enquêteurs sont des farceurs médiocres. Il ne reste plus qu’ils nous accusent d’avoir des armes de destruction massive.» Mais oui Soro, ils ne sont pas toujours justes ces enquêteurs. Vous plus que tout le monde connaissez leur capacité à faire passer le rouge pour du Noir.

Cet acharnement sur Soro ne sent pas bon. Pas du tout même pour les Ivoiriens qui croient en avoir fini avec les crises politico-militaires.

Source: Afrique sur 7

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