Le président ivoirien, Alassane Ouattara et son ancien premier ministre, Guillaume Soro, sont à couteau tiré depuis plusieurs mois. Pour ne rien arranger, les autorités ivoiriennes, pour ne pas dire le président Alassane Ouattara, émet un mandat d’arrêt international le lundi 23 décembre 2019, contre l’ex-président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro. Il est accusé d’ « atteinte à la sûreté de l’État » et « détournement de deniers publics ». L’ancien chef de la rébellion ivoirienne qui se trouve en exil aujourd’hui ne cesse de vouloir accabler Alassane Ouattara à tout prix. C’est aussi pareil pour le pouvoir. Les deux ex-amis ont franchi le rubicon.
Que peut Blaise Compaoré dans cette situation entre ses deux protégés de la rébellion de 2002 ?
Ce n’est un secret pour personne, Blaise Compaoré a été d’un soutien inestimable pour les deux protagonistes depuis 2002. C’est peut-être par reconnaissance à ces faits qu’il a été accueilli avec hospitalité suite aux évènements des 30 et 31 octobre 2014.
L’ex-président burkinabè Blaise Compaoré est pour l’ex-chef rébellion ivoirien, Guillaume Soro, un ‘’père spirituel’’, un mentor, un grand frère, un Pygmalion de de tous les temps, si on se plonge dans la mythologie grecque. Tout le monde le sait, et Guillaume Soro l’a dit plusieurs fois. Voici un message qui traduit cette fraternité construite entre les deux hommes politiques aux histoires rocambolesques. « Voilà, c’est fait, lui dit-il. Je suis désormais au chômage. Il va falloir que tu m’envoies chaque mois un bœuf et un sac de riz pour nourrir toute ma famille. », lance Guillaume Soro au téléphone à Blaise Compaoré, quand il venait juste de remettre sa lettre de démission de son poste de premier ministre ivoirien le 8 mars 2012 ; pour être par suite, élu président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Toujours au téléphone, le chef de l’État burkinabè va éclater de rire : « il connaît, pour l’avoir coécrit, le scénario qui est en train de se dérouler entre Abidjan et Yamoussoukro. », a écrit nos confrères de Jeune Afrique.
Depuis 2002, année de la rébellion ivoirienne conduite par Soro et Ibrahim Coulibaly (IB), le contact s’était déjà établi entre l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré et l’ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro. Ce qui a d’ailleurs facilité l’accord de Ougadougou dirigé par le président Compaoré le 4 mars 2007, entre Laurent Gbagbo, l’ex-président ivoirien et Guillaume Soro, chef du mouvement « des Forces nouvelles ». Un accord de sortie de crise, de désarmement, de la réunification du pays et du processus électoral. Depuis lors M. Soro avait sa résidence à Ougadougou et pouvait venir et repartir comme il le voulait. Cette résidence a été perquisitionnée en 2014 après l’insurrection.
Le président Ouattara on le sait, est l’un des présidents qui a été le premier à ouvrir les portes de son pays, la Côte d’Ivoire à l’ex-chef d’Etat burkinabè quand il fuyait le Burkina en 2014. Mais les relations entretenues depuis la rébellion armée de 2002 en Côte d’Ivoire, étaient toujours dynamiques jusqu’à la chute de Compaoré en 2014. Les deux hommes politiques Ouattara et Soro lui ont délivré la nationalité ivoirienne certainement au nom de ses bons offices.
Maintenant que le torchon brûle entre Soro et Ouattara, quel avenir pour le président Compaoré ?
Quant aux relations entre Alassane Ouattara, l’actuel président ivoirien et son « ex-bon petit », elles étaient au beau fixe. Les indiscrétions lui faisaient parrain de la rébellion ivoirienne d’alors, conduite par Soro. Et ce n’est plus un secret puisque Guillaume Soro l’a déclaré le dimanche 29 décembre 2019 après la rupture des relations entre les deux hommes traduite par un mandat d’arrêt international émis contre Soro. Il faut dire que les trois hommes politiques à savoir, MM. Blaise Compaoré, Guillaume Soro et Alassane Ouattara, entretenaient de très bonnes relations.
On le connait pour sa médiation dans la sous-région. Tous le savent, depuis la rébellion de 2002 en Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré a été beaucoup dans le soutien de Soro et de Ouattara. Lorsqu’il est arrivé en Côte d’ivoire le 31 octobre 2014, suite à l’insurrection populaire, Guillaume Soro était la haute personnalité qui a pu échanger avec lui à Yamoussokro. Il avait déclaré que M. Compaoré était son père spirituel et qu’il lui devait tout.
Aujourd’hui que, la situation est tendue entre les deux hommes politiques ivoiriens sur qui, comptaient l’ex-locataire de Kosyam, quel pourrait être les effets sur lui ? En termes de médiation ou de facilitation, est-ce que cet ex-grand médiateur de la sous-région pourrait toujours jouer le rôle de rapprochement entre les deux ex-amis d’hier, comme il l’a toujours si bien fait pour les autres acteurs politiques de la sous-région ? Quel avenir pour le fils de Ziniaré dans ses eaux troubles de Soro et Ouattara en Côte d’Ivoire ? Quel camp choisira l’ex-homme de Kosyam ?
L’on ne saurait répondre mais on imagine la situation inconfortable dans laquelle se trouverait l’homme fort de Ouagadougou. Mais une chose est sûre, le fils est en exil pendant que le père est à Abidjan. L’un cherche à passer tranquillement ses vieux jours sans être inquiété d’extradition ou manque de soutien. L’autre veut passer par tous les moyens pour être candidat à la présidentielle en 2020. Il est évident que Blaise Compaoré va s’accommoder aux bons vouloirs d’Alassane Ouattara. Ainsi va la politique !
Siébou Kansié
Source: libreinfo