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Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, une rencontre « fraternelle »

Alassane Ouattara a reçu son prédécesseur à la présidence le 27 juillet. Les deux hommes, qui ne s’étaient pas revus depuis dix ans ont appelé les Ivoiriens à la réconciliation.

 

Lorsque Laurent Gbagbo descend de la voiture, Alassane Ouattara l’attend sur le perron. Il salue celui qu’il appelle affectueusement son « jeune frère ». Les deux hommes se font une accolade, puis, main dans la main, se dirigent vers la salle d’audience du petit palais. L’ambiance est chaleureuse, les visages souriants. C’est la première fois depuis le 25 novembre 2010, lors du débat présidentiel avant le second tour, que les deux hommes se revoient. Là aussi, ils s’étaient donné une accolade pour se dire au revoir.

Tête à tête

Dans la salle d’audience, des proches des deux hommes attendent. Alassane Ouattara s’est entouré de Fidèle Sarassoro, son directeur de cabinet, Ibrahima Cissé Bacongo, nommé cette semaine ministre-conseiller spécial du président, chargé des affaires politiques, et d’Adama Bictogo, secrétaire exécutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

Laurent Gbagbo était quant à lui accompagné d’Assoa Adou, secrétaire général de la branche dissidente du Front populaire ivoirien (FPI), de Hubert Oulaye, de Georges Armand Ouégnin, de Narcisse Kuyo Téa et de son médecin, le Dr Christophe Blé.

Après quelques échanges, les deux équipes se sont retirées pour laisser les deux présidents en tête à tête. Les discussions ont duré près d’une heure. Alassane Ouattara et son hôte du jour se sont ensuite dirigés vers le perron pour faire une déclaration à la presse. Toujours souriants et complices, les deux hommes se sont même taquinés devant les caméras. Face à un Laurent Gbagbo s’étonnant du fait qu’il y ait autant de journalistes, Alassane Ouattara lui répond, « c’est à cause de toi, Laurent ». Et les deux hommes de rire à l’unisson.

La question des prisonniers

« Je suis venu rendre visite au président Alassane Ouattara, que je connais depuis longtemps. On a parlé fraternellement, amicalement et je suis très heureux parce que c’était très détendu. Je suis fier de cela. J’ai souhaité que nous puissions avoir ce genre d’entretiens qui détendent l’atmosphère dans le pays », a confié Laurent Gbagbo. « J’ai insisté sur les prisonniers qui ont été arrêtés au moment de la crise de 2010-2011 et qui sont encore en prison. J’ai dit au président, et vous serez d’accord avec moi, j’étais leur chef de file : moi je suis dehors aujourd’hui, et eux ils sont en prison. J’aimerais que le président fasse tout ce qu’il peut pour les libérer », a-t-il insisté.

NOUS AVONS PARLÉ DE LA PAIX POUR NOTRE PAYS

Après les élections de 2010, le pays avait été plongé dans une crise, faisant près de 3000 morts. Rentré le 17 juin après son acquittement définitif par la CPI, Laurent Gbagbo s’est montré critique ces dernières semaines envers son successeur. Il a notamment appelé à « respecter les textes », en référence à la réélection en 2020 de Alassane Ouattara pour un troisième mandat controversé.

Mais cette rencontre entre les deux principaux protagonistes suscite de l’espoir, d’autant qu’ils ont chacun souligné leur volonté d’aller de l’avant. « Nous avons parlé de la paix pour notre pays. De la nécessité de renforcer la cohésion nationale et de continuer de renforcer la réconciliation », a pour sa part déclaré Alassane Ouattara, qui a également présenté ses condoléances à Laurent Gbagbo, dont les parents sont décédés alors qu’il était à la CPI.

« Nous sommes convenus de nous revoir de temps en temps. Certainement après le mois d’août, pour continuer cet entretien et associer, le moment venu, d’autres personnes. Il est important que les uns et les autres comprennent que nous avons décidé qu’il est important de rétablir la confiance et de faire en sorte que les Ivoiriens se réconcilient, si c’est cela le terme. Qu’ils se fassent confiance, également. Les événements ont été douloureux. Il y a eu trop de morts. Nous devons avoir cela derrière nous et travailler sur l’avenir, la cohésion, la réconciliation », a-t-il ajouté.

SourceJeune Afrique.com

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