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Corruption : Quand le fric gangrène l’Administration malienne

C’est indéniable, l’argent a atteint  le centre névralgique de tous les secteurs clés de l’administration malienne. Ce qu’atteste que plus rien  ne sera  comme avant. Fini ces vieux temps où les enfants des pauvres paysans pouvaient rêver légitimement occuper des postes de Banquiers, Pilotes ou Diplomates. Définitivement révolues les époques où  les enfants des pauvres ouvriers pouvaient espérer devenir Magistrats, Médecins, Officiers,…

A cause de la mauvaise Gouvernance frisant la corruption et le népotisme,  les fils de paysans sont condamnés de se tenir au bas de l’échelle ou devenir de cadres subalternes  pour le meilleur des cas, ou  à arpenter les artères de nos centres urbains comme chômeurs, mendiants, SDF (sans domicile fixe),  poseurs de théières dans les grins pour ne pas devenir, dans le pire des cas, des délinquants de quartiers ou bandits de grands chemins. Les enfants  des ouvriers auront la chance s’ils arrivent à apprendre les rudiments du métier  de leurs parents. Sinon, ils  sont condamnés à devenir eux aussi des chômeurs professionnels. Quant aux jeunes des parents modestes fonctionnaires ou simples employés de Bureau, ils peuvent se frayer le chemin pour avoir des opportunités s’ils arrivent à mettre les débrouillardises à profit.

Tout cela parce que l’école publique, par exemple, pour ne pas dire le système éducatif dans son ensemble en vigueur, s’est érigé en système d’exclusion savamment établi. Non pas parce que l’Etat a décidé de rendre plus rationnelle la gestion des Bourses, mais parce que l’Enseignement, l’école est sabotée par tous ses partenaires, ceux-là mêmes qui ont la lourde responsabilité de la construire.  Comme dans tous les autres secteurs, les Décideurs politiques ont  voulu faire dos à toute idée de déontologie.

 

Tous les coups sont permis

La folle course à l’argent facile a pris le dessus sur toute autre considération. C’est ainsi que certains Enseignants bâclent les cours en classe, font même exprès pour que les élèves n’y comprennent mot. Ce, afin d’obliger leurs parents à recourir à des leçons particulières, à des cours à domiciles dont les frais pour l’Enseignement secondaire varient entre 5000 et 30.000 francs CFA pour les matières principales comme les Physique-chimie, Mathématiques, Biologie,  Philosophie, anglais et français. Tous les raccourcis sont permis pour se remplir les poches.

Dans ce contexte et eu égard aux revenus du Malien moyen, il est facile de se faire une idée du nombre  de chefs de familles en mesure de supporter de telles factures pour offrir une formation, une éducation, un enseignement de qualité à leurs enfants. Il est tout aussi facile de se faire une idée du nombre  d’élèves  et d’étudiants capables d’atteindre les critères exigés par l’actuel Gouvernement pour bénéficier de la Bourse.

Au plan sanitaire, la poussée du phénomène de cliniques privées dans presque tous les quartiers de Bamako a fini de réduire à néant le serment d’Hippocrate dans ce pays. Dans nos hôpitaux nationaux (CHU Gabriel Touré, Point G, Kati, Hôpital du Mali), pour être pris en charge par un Médecin Spécialiste, un Professeur ou tout autre Agent en service, n’est pas donné à tous les patients. Au CHU Gabriel Touré, au Point G ou à Kati, il devient de plus en plus fréquent de voir des patients mourir non pas par la gravité de leurs maladies mais à cause des cas de désir immodéré de l’argent érigé en système dans le secteur.

Ensuite, côté de tribunaux, parquets ou Cour d’Avocats, tout porte à croire que c’est ce corps judiciaire qui constitue le cul-de-sac, c’est le facteur de tous les blocages, de toutes les défaillances.

En somme, au Mali d’aujourd’hui,  les dérapages, qu’ils soient d’ordre politique, économique, social ou moral, sont tous directement ou indirectement dus à la défaillance du secteur judiciaire où l’argent a atteint  le cœur de tous les acteurs. Là, il est plus facile de voir des prévenus issus des familles pauvres, diminues  condamnés non pas parce qu’ils ont tort, mais parce qu’ils ne disposent pas des moyens leur permettant de se payer un Avocat ou négocier un Président, un Procureur ou le Juge d’instructions.

 

Tous les acteurs atteints par le virus 

Partez aux Commissariats de police, à la Gendarmerie, à la Douane, à l’Assurance et où encore pour en apprendre à vos dépens.

Les Autorités sont fortement interpellées en premier lieu. Il serait souhaitable qu’elles prennent des mesures appropriées et à temps  pour juguler ce fléau. L’Administration malienne est aujourd’hui  à une telle décrépitude où il faut un véritable sursaut national pour la sortir de l’ornière.

Face à cette autre facette des conséquences dramatiques de la mauvaise gouvernance, l’ensemble de la communauté nationale doit se mobiliser, d’autant tout l’avenir d’un pays  est lié à l’éducation de ses enfants, à la santé de ses bras valides, à la justice, à la sécurité, etc. A notre sens, il sera inutile  de multiplier le nombre d’écoles, de classes, de centres de santé, de postes de police, de tribunaux, si l’Enseignement et les autres services  respectifs que les enfants et les citoyens doivent y recevoir sont sabotés à la base par les Gouvernants et les Administrateurs au premier chef.

 

Le Pouvoir  en place doit en avoir sur la conscience

C’est dire que ce qui se passe actuellement dans nos écoles, hôpitaux et les autres services où sont expédiées les affaires courantes de l’Etat et des citoyens est aussi grave sinon plus que la corruption et l e détournement des deniers publics. Avec l’indifférence coupable des plus hautes Autorités actuelles, c’est l’avenir du pays tout entier qui est hypothéqué. Autrement, il serait inacceptable par le Gouvernement en place que les Syndicats des Enseignants, des Médecins, des Magistrats et de tant d’autres corporations exigent que l’Etat se saigne  pour les mettre dans  les conditions et  qu’eux ils sabotent en  même temps le travail  pour lequel ils sont payés. Ce n’est pas pour rien  que l’exercice  de toute profession libérale est interdit aux  fonctionnaires de l’Etat dans tous les autres pays du monde. Mais dans tout çà c’est l’Etat, avec la Politique de laisser-aller, de mauvaise gouvernance,  qui est défaillant.

Djankourou

Source: Journal L’aube-Mali

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