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Corne de l’Afrique : pourquoi la Chine offre sa médiation

SÉCURITÉ. Alors que la région est minée par des conflits et des différends, Pékin cherche à renforcer son influence et à protéger ses nombreux investissements.

 

En ouverture de sa première conférence « Chine-Corne de l’Afrique sur la sécurité, la gouvernance et le développement », qui se tient lundi et mardi à Addis-Abeba, la Chine qui a de nombreux intérêts dans la région a offert sa médiation. « Je suis prêt à fournir une médiation aux règlements pacifiques des différends, sur la base de la volonté des pays de cette région », a déclaré Xue Bing, dont la nomination en février a montré la détermination de Pékin à s’impliquer diplomatiquement dans cette région en proie à divers conflits, en Éthiopie, Somalie et Soudan du Sud notamment.

La Chine a déjà compté un envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique, en 2007, l’ambassadeur Liu Guijin était alors chargé des affaires africaines et immédiatement déployé en pleine crise du Darfour, au Soudan.

Pékin se positionne

Depuis, les intérêts de la Chine dans cette région stratégique de la Corne de l’Afrique n’ont fait qu’augmenter. La Chine possède à Djibouti un port et son unique base militaire en Afrique propre à sécuriser ses énormes intérêts économiques (transports, industrie, énergie…). « Nous avons appris de l’Histoire que la Corne de l’Afrique ne doit devenir l’arrière-cour d’aucun pays », a souligné l’envoyé spécial chinois, rappelant que « beaucoup avaient souffert » de la « domination coloniale » et que les « confrontations de la guerre froide avaient amené sur le continent les brûlures de la guerre ». Il a appelé à « éviter l’ingérence dans les affaires internes d’autres pays » et « à rejeter l’abus de sanctions unilatérales ».

Les États-Unis ont retiré en novembre l’Éthiopie d’un important accord commercial, l’Agoa, en raison des atteintes aux droits humains commises dans le cadre du conflit opposant depuis novembre 2020 le gouvernement aux rebelles de la région du Tigré et ont imposé en 2021 des sanctions à l’Érythrée, en raison de son implication dans ce conflit. En visite à Asmara en janvier, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi avait exprimé l’opposition de la Chine aux sanctions américaines contre l’Érythrée, pays fermé vivant sous un régime autoritaire. M. Xue s’est dit « convaincu » que la Corne de l’Afrique a la capacité de « résoudre ses divergences via le dialogue et les consultations », même si « certaines divergences sont difficiles à appréhender car elles remontent à l’époque coloniale ».

 

Une région traversée par des crises

Il a également annoncé la disponibilité de la Chine à soutenir divers projets en matière de sécurité alimentaire, santé, transports, promotion du commerce ou de renforcement des compétences. « Cette initiative appartient, est dirigée, gérée et pilotée par les pays de la Corne, et la Chine n’a qu’un rôle de soutien », a souligné en ouvrant les travaux Redwan Hussein, conseil à la Sécurité nationale du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. « Ce sont nos problèmes (…) et la solution (…) doit venir de l’intérieur. Le succès ou l’échec de cette conférence dépendra de nous et de personne d’autre », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre Abiy Ahmed a déclaré la semaine dernière que le gouvernement ne voulait plus de la guerre, alors que des informations non confirmées font état de négociations en cours avec des dirigeants rivaux du Tigré, le Premier ministre a déclaré qu’un comité gouvernemental présenterait bientôt une feuille de route sur la question. Officiellement, le gouvernement éthiopien n’a dit s’il avait accepté ou non l’offre de médiation de la Chine. En parallèle, d’autres efforts de médiation ont été poursuivis ces derniers mois par l’Union africaine, les États-Unis et le Kenya.

Un autre différend pourrait compliquer la donne pour la sous-région, il concerne le « grand barrage de la Renaissance » inauguré par le Premier ministre éthiopien le 20 février dernier. Inquiets pour leur approvisionnement en eau, l’Égypte et le Soudan avaient demandé à l’Éthiopie de stopper le remplissage du barrage qui doit devenir la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique.

Par  (avec AFP)

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