La Constitution du Mali de février 1992 en son article 22 indique que la défense de la Patrie est un devoir pour tout citoyen malien. C’est dans ce cadre que l’Enseignant-chercheur, Dr DRAME Aboubacar Sidiki, Professeur à l’École Normale Supérieure de Bamako, a décidé d’apporter sa contribution à travers ce thème : « L’échec de la France dans son rôle premier de stabilisation du Mali, peut-il justifier l’arrivée au Mali du groupe paramilitaire Wagner ? » Une contribution qui vise à accompagner les autorités de la transition dans leur volonté de Refondation de l’État du Mali, dont l’objectif principal est de poser les jalons d’une nouvelle République jouissant de toutes ses prérogatives et ses de fonctions régaliennes.
D’entrée de jeu, l’Enseignant-chercheur, Dr Aboubacar Sidiki DRAMÉ a rappelé que l’article 54 de la Charte de l’ONU stipule que lorsqu’un État membre de l’ONU est agressé de l’extérieur, il peut faire appel à un ou plusieurs pays de cette organisation de lui venir en aide.
« C’est dans cet esprit que le Président de la Transition Dioncounda TRAORE a écrit, à l’époque, au Président français François HOLLANDE pour lui demander un appui aérien et en renseignements pour barrer la route à des obscurantistes, envahisseurs du Mali. C’était donc assez précis, car il n’était mentionné nulle part dans cette demande d’aide, un appui au soldat, pour que la France fasse tout le contraire en envoyant tout son arsenal de guerre sur le sol malien », précise le Dr DRAMÉ.
Il déplore que l’incohérence politique de cette mission française ait réellement commencé aux portes de Kidal où les Forces Armées du Mali (FAMA), sont interdites d’entrée.
Possible coopération
Mali -Russie
« Il y a un ou deux mois, la France décidait de réduire de façon unilatérale, de 2000 de ses soldats sur les 5000 stationnés au Mali. Après 8 ans de guerre contre les terroristes, les Maliens ont subi beaucoup de pertes en vies humaines (civils et militaires), et ne comprenaient pas le manque de résultats en dépit de la présence de plusieurs milliers des soldats étrangers au Mali. On venait de comprendre que la France avait un autre agenda que celui de libérer le Mali des terroristes qui multiplient leurs attaques violentes et meurtrières sur tout le Nord, le Centre et de plus en plus, dans les régions de Kayes, Koulikoro et Sikasso », a expliqué le Dr DRAMÉ.
Selon lui, cette situation va conduire les nouvelles autorités de la Transition à prendre une responsabilité historique : diversifier la coopération notamment avec la Russie.
Il a au passage, il a rappelé que la Russie, au moment de l’URSS, était une amie fidèle du Mali sous la Première République avec le Président Modibo KEITA qui avait noué, à l’époque, une coopération politique, militaire et économique avec ce géant pays, jusqu’au coup d’État militaire de novembre 1968. Ce qui lui fait dire que Russie est en terrain connu.
« Aujourd’hui, faire appel à la coopération russe n’a rien d’extraordinaire et c’est le vœu de la grande majorité des Maliens qui ont depuis fort longtemps sollicité cette coopération. Le Mali est un pays souverain. Il est libre de coopérer avec n’importe quel pays de son choix. Ce droit lui est pleinement accordé par les articles 51 et 52 de la Charte des Nations-Unies. De l’aide le Mali en a encore cruellement besoin, surtout sur le plan de la logistique et des matériels de renseignements qui sont essentiels en matière de guerre asymétrique de plus en plus utilisée par les terroristes », a soutenu l’enseignant chercheur.
L’universitaire a clairement déclaré qu’avec la Russie, c’est de l’extrême rapidité, du concret, de la sincérité et du sérieux. Il fait allusion à l’acquisition de 04 hélicoptères (sur fonds propres) avec les armes et les munitions offertes gratuitement par la Fédération de Russie aux FAMA.
Pourquoi la France
s’affole-t-elle autant ?
« Depuis que la rumeur sur un éventuel contrat entre le Mali et le Groupe privé paramilitaire russe, la panique généralisée s’est emparée du camp français qui multiplie, depuis, ses menaces de retrait de ses soldats du Mali et va jusqu’à entraîner avec elle, les autres pays de l’Union Européenne et même les USA, à en faire de même.
La raison de cette grande panique est que si le contrat avec Wagner venait à se concrétiser de façon formelle et avec des résultats concrets sur le terrain, d’autres pays du Sahel comme le Niger, le Burkina Faso, le Tchad qui font partie du pré-carré français, pourraient eux aussi, emboîter le pas au Mali », a analysé le Dr Aboubacar Sidiki DRAMÉ.
Il a rappelé qu’il y a quelques années, l’ancien président IBK avait tenu des propos semblables, mais n’a pas eu le courage de concrétiser son discours par peur de perdre son pouvoir.
Par contre, se réjouit Dr DRAMÉ, depuis l’arrivée du Colonel Assimi GOITA et de son Premier ministre, Dr Choguel MAIGA, au pouvoir le 24 mai 2021, les lignes sont en train de bouger avec leur forte volonté politique de réarmer moralement et militairement nos forces armées et de sécurité, afin qu’elles puissent accomplir leurs missions régaliennes de reconquête des parties du territoire perdues.
Qui est le groupe Wagner qui fait tant peur ?
Selon les explications de l’universitaire Aboubacar Sidiki DRAMÉ, le Groupe Wagner est une société militaire privée russe qui fait recours au mercenariat dans le but d’assurer la défense des intérêts extérieurs russes, tout comme le Groupe Blackwater (Academi) en Caroline du Nord et le Groupe Triple Canopy qui donnent les mêmes prestations au Gouvernement américain.
En France, précise-t-il, nous avons la Légion étrangère qui utilise aussi des contractants militaires privés pour faire la guerre en lieu et place de son armée nationale.
Aux dires de Dr DRAMÉ, il a toujours existé des relations étroites de collaboration entre Wagner et beaucoup d’autres groupes paramilitaires européens et américains
Il a enfin insisté à dire qu’il est grand temps que la France et les autres pays qui la soutiennent arrêtent leurs campagnes d’hostilité et de dénigrement contre le groupe Wagner qu’ils qualifient à tort de mercenaires criminels.
Quant au Peuple souverain du Mali, l’Enseignant-chercheur estime qu’il est bien mature pour faire le choix des options qui lui conviennent, afin de parvenir à stabiliser et à sécuriser de façon durable la totalité de son territoire national.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin