Si les avantages du contrôle physique des agents ne sont plus à démontrer, celui débuté le mois dernier crée plus de problèmes qu’il n’en résout.
Le 20 octobre dernier, le gouvernement du Mali à travers le Ministère du Travail, de la Fonction Publique et des Relations avec les Institutions, a lancé une vaste opération de contrôle des agents émargeant dans le budget national. Cette opération vise à cerner les effectifs réels des fonctions publiques de l’Etat et des collectivités et ainsi maîtriser la masse salariale. Elle dure 3 mois et s’effectue au moment des paies dans les services. A peine commencer des problèmes ont surgi et persistent: des files d’attente, des agents de paie débordés et qui ne respectent pas le programme, déplacements des agents pour rallier les lieux de paie etc. Mais ces difficultés cachent d’autres qui méritent une attention particulière.
Des objectifs du contrôle méprisés
Le contrôle, à l’état actuel, ne permet pas d’identifier un agent déserteur. Prenons par exemple la ville de Sikasso, où tous les fonctionnaires se sont rendus le 20 novembre dernier au gouvernorat. Un agent déserteur du Lycée de Sikasso peut aller empocher ses sous avec ses papiers sans que l’on ait un soupçon. Qui est au gouvernorat qui connait tous les fonctionnaires de Sikasso ? Suffit-il seulement d’amener une décision de recrutement, un acte de mariage, un certificat de vie collectif des enfants, une carte d’identité pour attester que vous servez effectivement ici? La question mérite d’être posée, à moins que cette catégorie de fraudeurs ne soit épargnée. Et du coup les objectifs comme la localisation des agents, la tenue des postes n’ont plus de sens.
Des services paralysés au moment du contrôle
Les salaires étant payés en numéraires, les fonctionnaires passent des heures, voire des jours pour être payés, ou contrôlés. Cette situation qui est due au non respect du programme par les agents contrôleurs causent des désagréments à plus d’un. Les hôpitaux, les écoles, les mairies, bref tous les services concernés se voient vider de leur personnel au prétexte de rallier le point de contrôle. C’est le cas à Sikasso depuis le vendredi dernier où tous les agents de l’Etat de la ville devaient se présenter au gouvernorat. Pourquoi ne pas les rejoindre dans leur service ? Cela confère non seulement une efficacité dans le contrôle identitaire mais aussi d’éviter au pauvre citoyen malien de subir encore le coup des errements administratifs.
En tout cas des bonnes idées ne manquent pas au Mali, mais trouver des bonnes personnes pour les concrétiser reste une équation difficile à résoudre.
Sidi Diarra