Le président de la Coalition pour la Défense du Droit au Logement, Fousseyni MARIKO, invité sur Renouveau TV, a abordé la cession directe des logements sociaux décidée par l’Office malien de l’habitat (OMH).
Le président de la Coalition pour la Défense du Droit au Logement croit savoir que c’est la continuité des ventes de logements sociaux commencée en 2028. Une décision, a-t-il rappelé, qui avait été prise par le Président Ibrahim Boubacar KEITA (IBK) pour faire face à un problème financier.
« Aujourd’hui les Maliens ont beaucoup besoin de logement et nous n’allons pas accepter que les maisons soient vendues. Les associations de défenses des droits des citoyens aux logements sociaux se sont concertées pour se mettre d’accord sur les éventuelles décisions à prendre », a alerté Fousseyni MARIKO.
Pour lui, ce n’est pas un problème s’il s’avère que c’est la continuité de la vente commencée en 2028. Mais, précise-t-il, les logements de type F3 n’ont jamais été concernés par la vente. C’est pourquoi il exige que les F3 soient retirés de la vente.
« Selon les documents officiels, la vente concerne uniquement les logements de type F4. Mais, nous voyons aussi que des F5 sont concernés. Nous allons veiller que les F5 concernés soient dans les 1 122 logements annoncés pour la vente. Si tel n’est pas le cas nous allons nous opposer », a déclaré Fousseyni MARIKO.
Il a rappelé que la voie normale pour avoir les logements sociaux est l’appel à candidature pour tous les citoyens intéressés. Or, il soutient que l’objectif de la démarche en cours est d’offrir ces maisons aux riches.
« Selon les documents que nous avons vus, pour avoir les F3 il faut d’abord déposer 4 millions de FCFA et payer chaque mois plus de 125 000 FCFA. Pour les F4, il faut payer au préalable 5 millions et payer par mois 155 000 FCFA. Les F5 sont désormais à 60 millions au lieu de 45 millions et il faut d’abord payer 9 millions et payer par mois plus de 200 000 FCFA », a détaillé M. MARIKO.
Il s’interroge si un pauvre peut payer ces sommes alors que la politique des logements sociaux concerne les pauvres qui n’ont pas les moyens d’acheter ou de construire une maison.
« Les conditions sont devenues difficiles et c’est ce qui fait qu’il y a des gens qui sont à plus de 60 mois d’arriérés. Malgré tout, l’Etat décide d’augmenter les montants à payer », a dénoncé Fousseyni MARIKO.
« D’après le communiqué de presse signé par le DG de l’OMH le 27 juin 2024, c’est le gouvernement d’IBK qui aurait autorisé depuis 2018 la cession directe ou la vente des logements sociaux. Nous avons été acteurs à l’époque de cette décision du président IBK qui était de bonne foi pour satisfaire son peuple. En 2018, IBK voulait attribuer 4943 logements aux Maliens, mais des difficultés financières ont surgit avec les entrepreneurs. Donc, il avait été décidé pour ne pas compromettre l’attribution de 2018 de vendre 1200 logements pour satisfaire les entreprises de construction. Donc, 4943 moins les 1200 logements vendus donne les 3743 attribués par IBK. Qu’on nous dise autre chose. Nous exigeons une cohérence », explique pour sa part l’Organisation de défense du droit au logement au Mali sur sa page Facebook.
Pour cette organisation, la cession directe ou vente de logements est une violation de l’article 6 du décret 0351 du 08 Mai 2015 qui stipule : la Commission d’attribution a pour rôle de réceptionner les dossiers de demande de logements. C’est pourquoi elle exige le respect des procédures d’attribution.
« Les logements sociaux sont destinés aux personnes à revenu faible et méritent d’être attribués au peuple, mais pas en cession, qui est une forme de vente de logements », a dénoncé l’Organisation de défense du droit au logement au Mali.
Cette organisation envisage une procédure judiciaire pour contrecarrer la cession directe qui est une violation des procédures.
Pour avoir un logement social, le demandeur doit être de nationalité malienne ; avoir un revenu mensuel compris entre 80 000 FCFA et 180 000 FCFA ; justifier un Apport Personnel d’un montant équivalent à 150 000 FCFA ; ne pas être bénéficiaire de logement dans une opération similaire et/ou subventionnée par l’Etat ou ses démembrements…
Malheureusement, cette initiative noble est en train de se dévier de ses objectifs initiaux. Ces maisons sont devenues tellement chères qu’un Malien ordinaire ne peut pas faire face aux charges.
Au lieu de construire des maisons conformément aux revenus de la grande majorité des Maliens, les autorités procèdent aux ventes à des coûts exorbitants. N’est-ce pas là une manière d’écarter les couches pauvres de cette initiative ?
PAR MODIBO KONÉ