Après l’annonce du président Bouteflika lundi de renoncer à un cinquième mandat et d’annuler la présidentielle prévue le 18 avril, le patronat algérien est divisé. Le président du FCE, le Forum des chefs d’entreprises, avait officiellement soutenu cette nouvelle candidature suscitant plusieurs défections dans ses rangs. Aujourd’hui, certains entrepreneurs algériens aspirent à un renouveau au sein de leur organisation, jugée trop proche du pouvoir en place.
Cette chef d’entreprise, comme tous ceux contactés par RFI, ne veut pas prendre le risque de parler au micro ni d’afficher ses convictions politiques. « Pour préserver notre activité et nos emplois », nous explique-t-elle. Elle cache cependant très mal son enthousiasme devant les manifestations qui se poursuivent « dans la joie de pouvoir enfin exprimer son opinion ».
Sur les dissensions apparues au sein du Forum des chefs d’entreprises algériens, elle rappelle que « le changement, c’est bien pour certains, mais forcément c’est moins bien pour d’autres ». Et juge que, pour l’Algérie comme pour l’organisation patronale : « c’est un tournant, il faut regarder vers l’avenir ».
Des proches du clan Bouteflika
Plus direct, ce patron algérien assure que les orientations pro-régime du FCE « dérangent beaucoup d’adhérents ». « Il faut rendre cette organisation apolitique, estime-t-il, pour renforcer sa crédibilité et développer l’économie algérienne. »
Le président du FCE, Ali Haddad, est un très proche du clan Bouteflika. Sollicité par RFI, il n’a pas donné suite, pas plus que plusieurs cadres de l’organisation patronale algérienne. Dont la proximité avec le pouvoir, le FCE a même financé la campagne de Bouteflika en 2014, leur a permis d’accéder aux marchés publics et aux aides de l’Etat.
Mais parmi les 4 000 membres du FCE, il y a les privilégiés, qui ont fait fortune grâce aux largesses du système, et ceux qui se sont adaptés pour pouvoir travailler. Si ce patron joint par téléphone pense que l’actuel président du FCE va finir par se retirer de lui-même, il rappelle que les adhérents peuvent aussi décider de lui retirer leur confiance.
RFI