Il est de plus en plus fréquent de voir des marmailles en file pulluler sur les grandes artères de la capitale. Sébiles en main, ils battent ainsi le pavé pour implorer la mansuétude des automobilistes et de concitoyens qui présentent des apparences d’aisance. Vérification faite, il ne s’agit nullement d’enfants de la rue ni de talibés en corvée d’approvisionnement pour le compte de leur maître. Il s’agit plutôt de petits vacanciers qui mettent à profit leur répit scolaire pour faire la manche le long des grand-rues. C’est moins pour lutter contre l’oisiveté que pour faire de la fortune car la facilité prend une grave longueur d’avance sur l’esprit de labeur. Naguère plus disposés à monnayer leurs aptitudes à cirer des chaussures et balayer les pare-brises, les mioches préfèrent désormais tendre la sébile et disputer le gain quotidien des mendiants réguliers avec le risque de prendre goût à la pratique et d’y demeurer pour de bon au détriment de leurs scolarités. De quoi rendre nostalgique d’une époque encore récente où des cours de vacances leur gracieusement offerts en vue de les occuper pendant les congés.
Le Témoin