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Conflits intercommunautaires au Centre: le PM pourrait-il calmer les ardeurs ?

Dans les régions de Ségou et de Mopti désormais cataloguées ‘’centre du Mali’’, tout est désormais mis en œuvre, de façon malicieuse, pour donner du fil à retordre à nos autorités. À côté du terrorisme, un banditisme de nature à créer la confusion entre les communautés émerge. Ainsi, depuis quelques jours, le centre de gravité de l’insécurité a basculé du nord vers cette partie du pays où l’État peine toujours à instaurer son autorité, malgré les efforts. Hier, dans le Macina, aujourd’hui, c’est le pays dogon qui brûle.

De plus en plus, il n’est pas rare de voir transposer le combat contre le terrorisme sur le terrain communautaire.
Dans certaines localités, des liens supposés ou réels sont établis entre Peuls et l’un des plus grands extrémistes terroristes recherchés par la communauté internationale, Amadou Kouffa du Front de libération du Macina (FLN), allié à Iyad Ag Aghali.
Tantôt ce sont les Peuls et les Bamabra, tantôt, ce sont les Dogon et les Peuls qui s’affrontent. De ces conflits intercommunautaires, on entraine de plus en plus le Mali sur une glissante pente, à savoir «l’ethnisation de l’insécurité».
Y a-t-il réellement un problème ethnique au Mali ? Nous n’en sommes pas convaincus.
Il y a certes l’insécurité, des violences dans une grande partie du pays même à Bamako.
Le 12 mars 2018, l’on rapporte que des éleveurs peuls et des Bambara agriculteurs se sont affrontés dans le cercle de Macina, région de Ségou.
Tout serait parti «d’un accrochage entre un groupe de bandits lourdement armés et des Donso (chasseurs organisés en confrérie) dans la localité de Parandaka. Il se raconte que des bandits au passage ont été interpelés par des Donso, avec des tirs de sommation. Les bandits lourdement armés refusent d’obtempérer en continuant sur leur chemin. Les chasseurs n’ayant pas apprécié ce comportement demandent des renforts’’. La finalité, les Donso prendront pour cible ‘’des jeunes peuls, à Diao, ce même lundi, devant une boutique : 9 jeunes peuls furent assassinés».
De là-bas, les Donsos ont continué sur Matomo, avec l’information que six bandits armés seraient dans cette commune. C’est ainsi que le même groupe de Donsos est descendu dans le parc à bétails de Matomo, aux environs de midi et a encerclé les Peuls, en vue d’empêcher la fuite des 6 bandits déclarés. Là, apprend-on, ils ont arrêté 8 personnes. Étaient-ils ces bandits recherchés ? Leurs complices ? Rien n’est moins sûr, puisque le jeudi 15 mars dernier, toujours des Donsos, en partance pour secourir les siens à Parandaka, vont tomber dans des pièges tendus par «des bandits armés». L’on apprend que six d’entre eux ont été tués. Sept autres charretiers, qui se rendaient à la foire hebdomadaire de Wan, ont été égorgés et brulés par ces «bandits armés», un autre charretier du village de Kotoumou est porté disparu et serait entre les mains desdits «malfaiteurs».
Les Donsos, en voulant récupérer les corps des siens tombés sur la route de Parandaka, vont se heurter à l’offensif des Peuls, cachés dans les buissons. Malheureusement, l’amalgame va s’installer et on ne peut plus voir de Peul sur une moto. «Finalement, les hameaux de Peuls se déplacent pour rallier les gros villages».
Non loin de là, dans la région de Mopti, c’est au moins huit personnes qui ont péri, dimanche et lundi dans des violences entre les communautés peules et dogon, a-t-on appris de sources concordantes.
Les violences se multiplient depuis deux ans dans le centre du Mali entre Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l’agriculture. Ces violences avaient fait au moins 25 morts depuis le début du mois de mars.
Dimanche dernier, «le village de Sabéré, situé à 25 km de Koro, a été brûlé et détruit, suite à des violences intercommunautaires», ont indiqué dans un communiqué les Forces armées maliennes.
Les Dogons et Peuls se jettent la responsabilité des attaques terroristes et le banditisme.
«Tout est ruines, décombres et désolation», précise l’armée, arrivée sur place lundi, selon l’AFP. Les militaires ont retrouvé le corps calciné d’un «vieillard de près de 90 ans» portant «les impacts de balles», selon le communiqué, qui ne donne pas d’autres détails.
«Au moins huit civils ont été tués» et certains ont été brûlés, a déclaré lundi soir à l’AFP un élu de la localité.
Selon un autre élu de la région, ces affrontements sont un «prolongement de la crise de confiance entre des membres de la communauté peule et celle des Dogons».
Et pourtant, il y a des décennies, ces communautés vivaient en parfaite harmonie. Pourquoi ce regain de tensions entre les communautés gagnées par la psychose du terrorisme. Le Mali est l’un des rares pays où l’ethnie ne figure pas sur la carte d’identité nationale. Autant dire avec certains connaisseurs, qu’après la colonisation, nos responsables ont vite compris l’enjeu de la cohabitation entre les communautés.
«Dans nos villages, les éleveurs viennent avec les troupeaux se camper dans les champs pour non seulement nourrir les animaux, mais aussi enrichir le sol et faire des échanges des produits laitiers avec les villageois contre les céréales », se glorifie-t-on.
Si l’on ne prend pas garde, nous risquons de nous retrouver dans un imbroglio difficile à maitriser. Et tous ceux qui, pour une raison ou une autre, sont impatients de voir notre pays basculer dans l’embrasement, ne feront que nous aider à nous engouffrer dans ce bourbier de conflit intercommunautaire qui n’en est pas un.
Nous espérons que la visite du Premier ministre très prochainement dans ces zones de conflit permettra de réconcilier les cœurs et les esprits pour que la raison reprenne le dessus.
«Le Premier ministre se rendra aussi à Koro, pour renforcer la présence de l’État, pour parler aussi aux populations, les rassurer, et apporter des solutions à ces conflits», a déclaré à l’AFP un conseiller du Premier ministre.

Par Sidi Dao

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