« Attaques, explosions, braquages, assassinats, kidnapping, viol, conflits communautaires, etc. » sont, entre autres, devenus le quotidien des Maliens qui pendant des millénaires vivaient en parfaite communion. Une situation qui, depuis la crise multidimensionnelle de 2012, a ébranlé toutes nos valeurs culturelles et sociales, au point que l’on se demande aujourd’hui, comment et quand les Maliens vont-ils retrouver leur vivre-ensemble d’antan.
L’équipe de reportage du Journal Le Flambeau a réalisé un micro-trottoir à travers la ville de Bamako, pour recueillir les impressions et propositions de solution de certains Maliens sur la question de savoir comment revivre ensemble au Mali ?
« La nation malienne est plus ancienne que l’état malien» racontent les pères fondateurs de la République du Mali qui fait face aujourd’hui à une crise sans précédent de son histoire récente.
En effet, depuis l’éclatement de la rébellion touarègue en 1963, ces derniers n’ont plus laissé les armes. A ces visées indépendantistes des Touaregs s’est venue ajouter le terrorisme, les conflits communautaires, nés de la mauvaise gouvernance, à l’injustice, à l’inégalité orchestrées par les régimes successifs. Entrainant, ainsi un chaos total qui a plongé le pays dans de nombreux conflits. Tantôt entre Peulhs et Bambaras, Dogon et Peulh ou encore Dosso et Peulh …
Et depuis le début de ses conflits, il y a eu des violences intercommunautaires qui ont provoqué la mort des milliers de civils, des villages qui ont été désertés, des familles qui se sont enfuies, des enfants devenus orphelins et tant d’autres aspects qui ont mis le pays en retard causant la méfiance, le doute et la peur au niveau de la population qui ne fait plus confiance aux dirigeants.
Face à cette situation critique, les Maliens se posent aujourd’hui énormément de questions. Ils sont inquiets et désarmés. Il est grand temps que chacun puisse changer son comportement pour qu’ensemble nous puissions revivre ensemble.
Mme Sidibé Aissata Bah, entrepreneure
«Les conflits qui sévissent au Mali et dans d’autres pays africains sont les conséquences du colonialisme français qui est sans fin. Il faut noter que les conflits au Mali sont purement politiques et orchestrés par le gouvernement. De la première République à nos jours, notre pays a traversé de nombreux conflits au nord comme au sud. Dans un pays, où chacun veut montrer de quoi il est capable, où les ressources du peuple est mal reparties, il serait difficile alors pour nous de revivre ensemble dans la confiance, l’honnêteté et le respect. Car ni la démocratie, ni nos us et coutumes sont respectés. Concernant le conflit entre Peulh et Dogon, dire qu’il n’y a aucun conflit entre ses deux ethnies serait faux. Nous pouvons juste dire qu’il n’y a pas de conflit entre certains Peulhs et certains Dogon. Face à cette situation, je demande au gouvernement malien de trouver des mécanismes de solution pour sortir le pays de cette crise ».
Mamadou Ben Coulibaly, journaliste- communicateur
« On ne peut pas qualifier ce conflit de intercommunautaire, c’est ce qui avait été annoncé et qui est arrivé maintenant. Alors qu’au début ce n’était pas le cas. Le Malien n’aime pas aller au fond, il s’intéresse juste à regarder, à observer et à visionner sur les réseaux sociaux. Or nous devons sortir de ce contexte. L’une des solutions immédiate à la crise qui sévit au Mali, est de retravailler sur la communication. Car il y a tellement de mauvaises nouvelles qui circulent. Il est difficile alors de réunir les deux populations sans éviter les flakes news dans les grins, quartiers, marché etc…
Comme recommandation, je propose qu’on revalorise nos pratiques ancestrales et culturelles, telles que le Sinangouya, le Badenya, le Sindjiya, etc., tout en essayant de créer un hashtag pour stopper ces différents conflits. »
Aminata Niono, Promotrice d’OSMOSE EV Mali
« Pour moi, nous vivons tous déjà ensemble. Le Mali a cette beauté et cette force qui font que malgré les nombreuses ethnies et l’immensité de son territoire, nous sommes tous unis. Mon conseil serait juste de mettre plus l’accent sur cette force justement et de ne pas nous laisser diviser par les crises et conflits »
Ousmane Traoré, responsable marketing et communication
« Pour revivre ensemble au Mali, il faut trouver des liens dans la religion et dans la tradition. Voir ce qui nous unis pour créer le nouveau Mali. Notre problème à l’heure actuelle est un problème d’éducation. Il faut donc revoir notre système éducatif, enseigner les notions de citoyenneté et de patriotisme et c’est cela qui va permettre de reconstruire ce pays et amener la paix.
Le plus important c’est de montrer aux jeunes que le changement est possible. Que nous pouvons travailler même avec ce que nous avons et faire changer les choses ici au Mali ».
Hamadoun Sow, ingénieur
« Cette question me fait repenser à une conférence à laquelle j’ai assisté, il y’a quelques jours, sur la crise offre- t-elle des opportunités, qui avait pour conférencier le directeur général de API-Mali.
Il est fort normal qu’en période de conflit quelle que soit la forme, le pays en question subit un choc dans tous les secteurs (économique, social, politique, culturel). Certains secteurs en particulier comme le tourisme et l’hôtellerie traversent des périodes très difficiles.
Exemple: si vous tapez Mali sur Google et que vous cliquez sur les images, vous serez surpris de voir que des photos d’armes lourdes ou terroristes qui scandent la lutte contre la culture occidentale. Ces images jouent sur la motivation des touristes et contribue forcément à la réduction du taux de tourisme au Mali. Malgré la crise, malgré ce choc psychologique, le taux de croissance économique est considérable depuis plus de 5 ans. Ce qui m’amène à répondre à votre question que, tous les indicateurs macroéconomiques sont à la hausse. Ce qui sous-entend que cette crise offre des opportunités surtout dans le domaine de la sécurité. Pour revivre ensemble au Mali, il faut forcément mettre fin à cette crise sécuritaire et cela passe par l’implication de tous les acteurs nationaux et internationaux.
À savoir que la crise n’est pas la seule cause de nos maux, le comportement désastreux du Malien lambda est aussi une cause majeure de la dégradation de la qualité de vie au Mali. Il faut donc une reconstruction citoyenne à la base. Il faut un changement radical de mentalité »
Adama Traoré, anthropologue
« Pour moi personnellement, il n’y pas de conflit entre Peulh et Dogon et il ne peut y avoir de conflit entre Peulh et Dogon. Tel que je connais le Mali, dans son parcours historique, et dans sa culture. C’est juste un conflit créé par l’Etat malien avec la complicité de la France autrement dit, il y pas de conflit entre ses deux ethnies.
Le jour où l’Etat malien comprendra que son système de gouvernance ne convient jamais et ne conviendra jamais au peuple malien. Ces conflits vont s’éteindre de lui-même. Nos gouvernants ne sont pas de vrais Maliens, mais plutôt des bras armés de la colonisation et du colonisateur français.
Comme pistes de solutions, il faut juste que le peuple se ressaisisse et trouve une solution radicale et définitive à la situation qui nous a été imposé. Et je crois que le peuple est en train de comprendre et il commence à montrer aux dirigeants qu’ils ne peuvent plus continuer à tromper, à tricher, à corrompre et autres… »Le recrutement de plusieurs agents au niveau des mairies pour sillonner les rues et sanctionner ceux qui déverses des ordures dans les caniveaux et les rues.
Kolado Diallo, gestionnaire
« Il est vrai que le pays connaît certains problèmes, notamment comment parvenir à amener la sécurité et la paix sur tout le territoire national ; comment stopper les conflits sociaux et intercommunautaires etc… De ce fait, la meilleure des solutions serait un dialogue national et revoir les titres ».
Fatoumata Koita
Bamakonews