La devanture du siège de l’Association des communautés de culture Songhay en mouvement ” IR Ganda ” à Bacodjicoroni ACI a refusé du monde le samedi 24 février 2018. Et pour cause ? Une conférence d’information et d’échanges entre le directoire d’IR Ganda et ses membres de l’Association, mais aussi avec les partenaires et sympathisants, dont la presse nationale et internationale. Animée par le président de l’IR Ganda, l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, cette conférence a été une tribune pour éclairer la lanterne des participants sur les réalisations pendant les 8 premiers mois d’existence d’IR Ganda et d’ouvrir un débat démocratique avec les adhérents.
A l’entame de son intervention, Ousmane Issoufi Maïga a sollicité une minute de silence en la mémoire de tous ceux qui sont tombés pour la défense du Mali, avant de présenter ses vœux de bonne et heureuse année 2018.
Le président de l’association a fait l’historique de la création de l’association IR Ganda, d’après lui, portée sur les fonts baptismaux à la faveur de l’historique rencontre tenue les 19, 20 et 21 mai à Gao en 2017, capitale du célèbre Empire médiéval Songhay. Cette rencontre a été le point de convergence de tous ceux qui ont la culture et la langue songhay en partage, de leurs alliés et sympathisants, venus de tous les coins du monde. “IR Ganda, on ne le dira jamais assez, n’est pas un parti politique. Il n’est pas, non plus, une association à but lucratif, cultuelle ou confessionnelle. Et, ce dont personne ne doit se douter, IR Ganda n’est pas une milice ou une brigade d’autodéfense au service d’un Etat ou d’une communauté quelconque. Notre association s’est fixée, comme vocation, j’allais dire comme ambition, d’être un grand rassemblement de femmes et d’hommes épris de justice et pénétrés d’un désir immense de paix et de bien-être général au Mali et particulièrement dans les régions du Nord. IR Ganda est une association socioculturelle dont les objectifs convergent vers la sécurité, le développement et le Vivre ensemble” a dit Ousmane Issouf Maïga.
Le président de l’Association IR Ganda de rappeler la déclaration mémorable d’Ir Ganda, contenue dans le manifeste du mois de mai 2017 : “Nous, cadres des communautés de culture songhay, tenant compte des conséquences des incertitudes géopolitiques et géostratégiques et, face aux menaces permanentes et programmées contre l’existence même de notre terroir et de nos populations, décidons de défendre notre patrimoine historique, nos intérêts moraux, socioculturels et économiques ; de jouer notre partition dans un Mali uni, laïc, républicain et démocratique ; de mettre en place une instance dédiée à la mise en œuvre des solutions répondant aux attentes et aspirations profondes de nos communautés” a-t-il rappelé.
“Le Vivre ensemble a toujours été un des fondements de l’existence des peuples songhay et c’est aussi une vertu cardinale du peuple malien tout entier “, dixit le président d’IR Ganda
IR Ganda, selon son président, entend agir sur la base de la symbiose entre les groupements humains et les apports qui leur ont été légués par la géographie et par des millénaires d’histoire, de culture et de Vivre ensemble. Pour être plus précis dans les actions entreprises par IR Ganda, il dira : L’Association IR Ganda entend mettre en œuvre un plan d’action qui se veut pragmatique et volontariste car tirant son essence des recommandations des assises historiques de mai 2017 à Gao. Notre vision se décline en des mots simples et pleins de sens : soit nous consacrons notre unité dans la défense du terroir, soit nous périssons. Martin Luther King ne disait-il pas que “Nous devrons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir ensemble comme des idiots. Entre s’unir pour exister en frères et persister dans la désunion et disparaître comme un feu follet, IR Ganda a fait son choix, celui de l’unité, de la fraternité et de l’entente. IR Ganda s’engage à contribuer à faire découvrir au mode un Mali de paix et aux Maliens les saveurs de la fraternité retrouvée, de l’opulence qui avait fait la joie et le bonheur de nos ancêtres. C’est le but ultime de son plan d’action qui connait un début de mise en œuvre très prometteur”.
IR Ganda bien partie
Sur les actions de son association entreprises depuis le 21 mai 2017, Ousmane Issoufi Maïga dira que ces actions se déclinent en deux volets essentiels: le volet communication et le volet développement institutionnel de l’Association. Sur le plan de la communication, l’Association a mené des actions très fortes, notamment le lancement de ses activités le 14 octobre 2017 au Palais des Sports Salamatou Maïga sous la présidence effective du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, en présence également des corps constitués, de nombreuses hautes personnalités, des citoyennes et citoyens maliens venus des régions de l’Intérieur, du district de Bamako et de la diaspora malienne. Il y a eu aussi la grande soirée culturelle organisée le 28 octobre 2018 toujours dans la salle Salamatou Maiga, sous la haute présidence de Mme Kéïta Aminata Maïga, épouse du chef de l’Etat. Cette soirée était animée par de talentueux artistes nationaux et étrangers.
S’agissant du développement institutionnel, le président indiquera qu’il a connu une accélération au regard de l’urgence de donner à l’Association la vigueur nécessaire pour l’atteinte de ses objectifs. “La publication de ses Statuts et Règlements au Journal Officiel de la République du Mali en vue de l’obtention du récépissé l’atteste aisément. C’est ainsi que les coordinations ont poursuivi la mise en œuvre des structures et des organes dans tous les cercles, communes et villages. Des cellules de base et des comités locaux de cercle ont été mis en place et des points focaux ont été désignés dans chaque village. Il en a été de même au niveau de la diaspora. Un autre fait décisif dans la vie de l’association a été l’inauguration, le lundi 30 octobre dernier, du siège principal à Bacodjicoroni ACI, à Bamako. La cérémonie de ce matin est la suite logique des actions d’animation et construction de notre plateforme commune”, a-t-il expliqué.
“Les actes terroristes, de ce début d’année, montrent que si rien n’est fait de plus efficace, ces chiffres seront doublés d’ici la fin de l’année 2018 “, dixit le président d’IR Ganda
Lors de son exposé, Ousmane Issoufi Maïga a évoqué la situation sécuritaire et ses conséquences immédiates et lointaines. Au plan sécuritaire, il a rappelé que, l’Association IR Ganda est née le 21 mai 2017, dans un contexte sociopolitique marqué par l’insécurité, et depuis lors, cette situation s’est plutôt accentuée. “Les populations vivent toujours dans l’angoisse, dans la peur de circuler à cause du banditisme, des braqueurs et coupeurs de route. Nul ne peut se prévaloir d’un déplacement, sans rançon, sans piège mortel pour les militaires comme pour les civils, toutes choses endeuillant familles, fractions, villages et villes, contrariant toute tentative de développement. Cette insécurité grandissante laissant également entrevoir de terribles vendettas de groupes ethnocentriques assoiffés de vengeance et de sang. Et comme moi, vous savez que le sang appelle toujours le sang“, a-t-il regretté.
Il a ensuite fait le bilan macabre des actions terroristes qui hantent le sommeil et la tranquillité des populations au Nord comme au Sud. Il s’agit des attaques quasi quotidiennes contre les convois et les camps militaires. Les FAMAs et leurs alliés continuent de payer un lourd tribut. ” De lugubres statistiques renseignent qu’en fin 2017 plus d’un millier et demi de morts ont été enregistrés sur environ 780 incidents ou attentats ayant ciblés les civils, les FAMAs, la Minusma et les Forces Barkhane. Les actes terroristes, de ce début d’année, montrent que si rien n’est fait de plus efficace, ces chiffres seront doublés d’ici la fin de l’année 2018. La situation sécuritaire s’est donc fortement dégradée dans notre pays, 30 mois après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Elle entraîne dans son sillage la précarité et la misère des laborieuses populations et fragilise davantage un Etat au demeurant exsangue. Avec cette insécurité ambiante, plusieurs questions se posent, notamment : comment les populations pourraient-elles accéder aux services sociaux de base si jamais ils étaient fournis ? Comment pourrions-nous inciter et convaincre nos frères, réfugiés, qui vivent, en plus la misère physique, celle de l’exil forcée ? Comment pourrions-nous recoudre un tissu social en lambeaux et répondre aux exigences de nos communicateurs traditionnels qui ont offert le fil et l’aiguille à cet effet au cours de la grande soirée culturelle citée plus haut ?”, s’est-il inquiété.
Selon le président, l’Association des communautés songhay en mouvement (IR Ganda), en ce qui la concerne, estime que cette horreur peut et doit s’arrêter. “Trop de sang a coulé laissant couver des volcans de rancœurs et de rancunes. Mettant en garde contre des débordements qui pourraient finir en guerres civiles avec leurs lots de nettoyage ethnique, de génocide, IR Ganda entend occuper la place qui est la sienne et user de tous les moyens que lui confèrent ses textes fondateurs et les principes et lois de la République et de la Démocratie”, a-t-il affirmé.
A cet effet, elle a élaboré un document assez fourni qui sera mis à la disposition des autorités et des partenaires en vue de trouver une solution définitive pour nous les Maliens. “D’ores et déjà, IR Ganda se félicite des discussions franches et fraternelles que sa direction a eues avec celles de la CMA et de la Plateforme, discussions dont la dernière en date remonte au 17 février 2018. Ces échanges ont été l’occasion de constater la convergence de vue sur l’impérieuse nécessité de montrer une voie commune de résolution de cette lancinante crise et sur la conviction qu’une véritable communauté de destin lie nos populations. Ces discussions et concertations vont se poursuivre et les conclusions seront portées à la connaissance de tous. L’Association IR Ganda, par la force, l’engagement et l’expertise de ses adhérents, est convaincue que la réalisation de la paix et de la concorde et le développement dans les régions Nord du Mali, voire dans tout le Mali, est bien possible. Elle œuvrera pour que les Maliens se reconnaissent dans un commun idéal démocratique, républicain et social. Ir Gand s’engage à prendre des initiatives et à soutenir toutes initiatives fondées sur le destin d’un peuple uni, laïc et solidaire. C’est dans ce sens qu’IR Ganda approuve la décision du président de la République et du Gouvernement dans sa volonté de tenir des élections justes, transparentes, libres et à temps échu. Les pouvoirs publics devront tout mettre en œuvre pour la réussite des élections générales”, a-t-il espéré.
L’appel d’IR Ganda
Dans le cadre du processus de paix, IR Ganda, aux dires de son président, a lancé un appel solennel à toutes les autres communautés nationales, à toute la classe politique nationale, aux associations et organisations de la société civile, pour que chacun à son niveau et avec foi et conviction s’implique dans la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et dans l’organisation des élections générales de 2018. “La consolidation de la cohésion sociale et du vivre ensemble au Mali, n’est pas une vue de l’esprit. Elle ne dépend que notre capacité à reconnaître et à transcender nos différences pour relever ensemble les défis à venir à savoir, les élections communales partielles, locales, régionales et présidentielle. En un mot les élections générales. Donc le retour de la paix définitive est une nécessité absolue. C’est pourquoi, les amis du Mali, les organisations internationales, sur le plan bilatéral et multilatéral, doivent prendre des mesures robustes en vue de mettre fin aux souffrances des populations.
L’Association IR Ganda saisit l’opportunité de la présente conférence d’information et d’échanges, en cette journée du samedi 24 février 2018, pour lancer un appel solennel à l’ensemble des communautés de notre pays, aux signataires et non signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, à toutes les associations de développement, aux filles et fils de tous nos terroirs, de se tendre la main, que l’on soit du Centre ou de l’Ouest, du Nord, du Sud et de l’Est, afin de restaurer la paix et la sécurité, en vue d’un développement harmonieux du Mali. Il nous faut instaurer un dialogue inclusif et citoyen entre les Maliens. C’est cela la combat de IR Ganda. L’avenir de notre démocratie nous le commande et la survie de notre République nous l’impose“, a-t-il lancé comme appel.
Siaka DOUMBIA
Source: aujourdui mali