La 8è session ministérielle de l’Organisation de coopération islamique (OCI) s’est ouverte hier à Istanbul en Turquie. Cette importante rencontre qui regroupe autour de l’OCI et ses organismes spécialisés, les ministres en charge de la Sécurité alimentaire des pays membres de l’OCI à travers le monde, vise à faire l’état des lieux de la situation alimentaire au sein de la Oumma islamique, mais surtout d’apporter les solutions idoines aux pays durement frappés par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.
Notre pays est représenté à cette rencontre par le ministre-commissaire à la Sécurité alimentaire, Redouwane Ag Mohamed Ali. Le thème de cette session, «Amélioration des systèmes alimentaires pour assurer la sécurité alimentaire dans les pays membres de l’OCI», est assez révélateur des challenges de notre pays en matière de sécurité alimentaire.
Il faut dire que la participation de notre pays à cette importance rencontre a été une occasion inédite pour le ministre-commissaire à la Sécurité alimentaire, Redouwane Ag Mohamed Ali de dépeindre la situation alimentaire de notre pays et du Sahel. «En effet, le Mali, terre d’islam séculaire, est un pays sahélien, dont l’économie dépend en grande partie du secteur agricole, qui lui-même est fortement tributaire des aléas agro-climatiques (sécheresses répétitives, inondations, déprédations, etc.).
Ces facteurs exogènes sont amplifiés par des problèmes sécuritaires répétitifs (rébellions, attaques terroristes, conflits intercommunautaires, vols de bétail, etc.). Et la pandémie de la Covid-19 est le dernier né de ces calamités, qui aggravent la sécurité alimentaire déjà bien entamée, en engendrant la dégradation des moyens d’existence des ménages. Malgré les moyens limités, l’état malien se bat inlassablement pour secourir les communautés en détresse selon ses capacités sur la base d’un système d’information d’évaluation sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, a souligné le ministre-commissaire à la tribune de l’organisation.
LE MALI ET LE SAHEL SOUS MENACE D’UNE CRISE ALIMENTAIRE INQUIÉTANTE. Au-delà de ce constat et des solutions d’urgence, notre pays s’est engagé à élaborer une Politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PolNSAN). «Cette politique constitue sans doute une voie novatrice permettant au Mali de s’attaquer véritablement aux causes structurelles des problèmes alimentaires et nutritionnels des Maliens.
Tous les Maliens, pensons-nous, doivent être en mesure d’accéder à la nourriture en quantité suffisante et en qualité pour répondre à leurs besoins nutritionnels et ainsi préserver leur dignité. Pour cela, nous nous sommes engagés à bâtir la résilience de nos concitoyens les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire. L’ambition de cette politique est qu’à terme dans notre pays, plus jamais sécheresse ne doit être synonyme de famine», a relevé le ministre-commissaire.
Lançant un cri de cœur pour le Sahel, Redouwane Ag Mohamed Ali rappelera que «chaque jour, des hommes, des femmes, des enfants, des familles se voient contraints de quitter leurs milieux de vie, leurs familles, leurs proches, face à ces crises multiples et violentes qu’ils subissent de plein fouet dans certaines zones du Sahel. Assurer le maintien d’une activité agricole, développer des projets de résilience, peuvent véritablement contribuer à fixer ses populations rurales et leur donner le choix de leur avenir.
C’est de notre responsabilité commune de nous mobiliser pour assurer une sécurité alimentaire durable à nos populations, car cela demeure une priorité politique de premier plan. Pour le Mali et le Sahel, la sécurité alimentaire est un enjeu vital, car c’est dans le rang des populations vulnérables en quête de leurs survies que les terroristes recrutent», a-t-il lancé avant d’inviter les pays de la Oumma à renforcer la solidarité islamique avec les pays en proie à la menace d’insécurité alimentaire.
La cérémonie d’ouverture de la rencontre était présidée par le président turc, Recep Tayyip Erdogan par vidéoconférence, en présence du secrétaire général de l’OCI, Dr Youssef A. Al-Othaimeen de l’Arabie saoudite ainsi que du président de la Banque islamique de développement (BID), Dr Bandar M. H. Hajjar.
LA NÉCESSITÉ D’INVERSER LA TENDANCE. S’exprimant à l’ouverture de la session, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a fait remarquer que la demande mondiale de nourriture augmente de jour en jour parallèlement à la hausse de la population mondiale. Notant les effets néfastes des catastrophes naturelles, des sécheresses, des inondations et des érosions, liés au changement climatique, sur les ressources alimentaires, le président turc a déclaré qu’«alors que les coûts de production augmentent partout dans le monde, l’accès des populations désavantageuses à la nourriture s’endurcit. Malheureusement, l’équilibre de la demande et de l’offre dans le secteur agricole a été brisé suite à l’épidémie de la Covid-19, ce qui a davantage approfondi le problème alimentaire à l’échelle mondiale».
Il est fondamental pour le monde islamique d’inverser cette tendance, a plaidé le président turc. «Les estimations pour la période à venir nous donnent un aperçu pessimiste. D’une part, 810 millions de personnes n’ont pas accès aux aliments de base. L’accès à la nourriture suffisante, nutritive et fiable n’est pas une prérogative mais un droit fondamental pour tous. En tant que membres de l’OCI, il est de notre devoir face à l’Humanité d’élever notre voix pour un monde plus juste. Pour cela, nous devons d’abord renforcer notre coopération et solidarité », a-t-il lancé.
Tour à tour, le secrétaire général de l’OCI, Dr Youssef A. Al-Othaimeen de l’Arabie saoudite et le président de la Banque islamique de développement, Dr Bandar M. H. Hajjar ont rappelé l’engagement de l’OCI et de son bras financier à accompagner les pays de la Oumma islamique dans leurs chantiers de développement et aussi de stabilisation. Le président de la BID a expliqué les facilités que l’institution financière ne cesse de développer pour permettre aux pays d’accéder à des financements innovants et adéquats à leurs besoins. Ainsi la BID et les institutions spécialisées de l’OCI ont réaffirmé leurs engagements à accompagner les projets et programmes en matière de sécurité alimentaire des pays membres.
Cette 8è session des ministres de l’OCI en charge de la Sécurité alimentaire, prévoit l’examen de plusieurs questions liés à l’amélioration des systèmes de gestion des risques d’insécurité alimentaire, au renforcement des systèmes alimentaires dans les pays islamiques, aux possibilités de promouvoir des partenariats commerciaux et économiques bilatéraux, au rôle du secteur privé dans la transformation, la valorisation des produits locaux ainsi que le renforcement et la promotion de la solidarité islamique entre les pays de la Oumma.
Source : L’ESSOR Avec CSA-COM