Les hommes politiques actuels manquent de courage et de patriotisme. Rares sont ceux qui ont le courage de leurs opinions sur telle ou telle question. D’abord en décembre 2019 lors du Dialogue National Inclusif, les participants dans leur majorité ont demandé à ce que l’Accord d’Alger soit revisité afin de l’équilibrer dans l’intérêt de la République. Pourquoi, une relecture donc ?
Parce que le 20 mai 2015, la chèvre a mordu le chien, contrairement à l’adage qui dit que la souris a mordu le chat, chose jamais vue au Mali.
En effet, l’accord d’Alger et son arrangement sécuritaire ont fondé deux Républiques, la République du Mali du sud: 6 régions, 14 millions d’habitants, 500 000km2 et la République de l’Azawad : 6 régions, 1 500 000 habitants, 750 00km2.
Cela signifie-t-il que la République du Mali de Modibo Keïta née le 22 septembre 1960 est décédée le 20 juin 2015 avec la signature en grande pompe et sous des ovations nourries par la signature de l’accord d’Alger, le partage du Mali par la lâcheté de nos dirigeants à commencer par le Président IBK sous le règne duquel, le partage a été possible.
Sous le régime de Modibo Keïta, la devise des hommes politiques était ‘’plutôt la mort que la honte’’, mais sous celui d’IBK, elle est devenue la ‘’Honte plutôt que la mort’’. Face à cette capitulation, la Cour Suprême n’a daigné se prononcer sur le tripatouillage de notre constitution de 1992. Cette dernière a été mise à la poubelle au bénéfice de l’accord d’Alger sous le règne d’IBK. Elle est restée muette comme une carpe d’eau douce.
Le griot de l’Almamy Samory Touré Morifindian Diabaté disait aux princes mandingues ceci : « Si tu ne peux dire la vérité, confie ta langue à l’imprudent du village, il la diffusera partout à l’endroit du peuple ».
Cependant, notre étonnement a été grand d’apprendre vingt jours après la signature de l’accord d’Alger de 2015 que le Gouvernement est allé signer avec la médiation internationale et la CMA deux autres documents relatifs à un soi-disant « Arrangement Sécuritaire » à l’insu du peuple malien. Et ce qui est plus grave encore, on nous a fait croire que ces documents n’ont aucun rapport avec l’accord signé le 15 mai 2015 à Bamako. Nous avons voulu savoir, quelle obligation le Gouvernement avait-il à signer un document annexe à l’Accord d’Alger ?
Ce manque de fermeté est certainement la cause de la partition presque consommée du Mali en deux entités : La Nouvelle République du Mali avec une population de 14 millions d’habitants, couvrant six régions à savoir Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et le District de Bamako pour une superficie de 500 000 km2, la République d’AZAWAD avec une population de 1 500 000 habitants couvrant six régions à savoir Douentza, GAO, Ménaka, Tombouctou, Kidal et Taoudéni pour une superficie de 750 000 km2. Elle compte deux régions Touaregs (Menaka et Kidal) ; deux régions arabes (Taoudéni et Tombouctou), une région Sonraï (Gao) et une région Peulh (Douentza). Cette partition programmée et presque consommée par l’Accord d’Alger de 2015 et son Arrangement Sécuritaire, me rappelle la fin de l’Empire Romain d’Occident suite à l’abdication de l’empereur Romulus Augustule le 4 septembre 476.
Pour le cas du Mali, voici ce que l’Histoire contemporaine retiendra désormais, que c’est sous le règne du Président Ibrahima Boubacar KEITA, cinquième Président de la République du Mali et troisième Président depuis l’avènement de la démocratie que le Mali s’est scindé en deux Républiques suite à une rébellion Touareg datée de 2012.
Les Historiens souligneront avec singularité que la partition de la République du Mali comme la fin de l’Empire Romain se rapporte à plusieurs causes profondes et à des événements liés au manque de visions de tous les dirigeants de l’ère démocratique quant à l’avenir du Pays. Que cette République très vaste avec des peuples cosmopolites, berceau de tous les grands empires de l’Ouest Africain, a vécu “La vie d’une rose, l’espace d’un matin“. Les Historiens questionneront chaque composante de la société malienne sur sa part de responsabilité dans la disparition de la République du Mali y compris le Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP).
Naïvement, nous avons pensé que la France, initiatrice de négociation avec les rebelles était du côté du peuple malien. C’est à la manœuvre que nos dirigeants ont compris que le Mali est trahi sur toute la ligne au profit des Touaregs. Le constat est que le manque de patriotisme en a été la cause.
La seconde trahison des hommes politiques maliens a été la signature du traité de défense signé le 16 juillet 2014 entre le ministre français des armées au moment des faits Jean Ives Le Drian et celui du Mali en la personne de Bah N’Daw qui après a présenté sa démission. De notre avis, il aurait dû refuser de signer cet accord qui met le Mali sous tutelle de la France et se positionne contre les intérêts maliens. C’est dans ce refus que l’histoire allait retenir son nom, comme un patriote engagé. Malheureusement, ça n’a pas été le cas.
Le texte est conclu pour une durée de cinq ans renouvelable par tacite reconduction avec comme objectif de mettre fin à ses accointances entre le MNLA et les djihadistes. Au Mali, l’intervention française a eu lieu lorsque les forces obscurantistes avaient décidé de progresser vers le sud du pays, après avoir mis en déroute l’armée au nord du pays. C’est ainsi que la France est intervenue à travers l’opération Serval pour stopper leur avancée. Après avoir réussi à les chasser de Konna, Diabaly, Gao, Tombouctou, coup de théâtre, la France décide d’évoluer sur Kidal, sans l’armée malienne qui n’était pas la bienvenue selon les autorités françaises qui ont même menacé les FAMA de les bombarder. C’est delà que commença la méfiance des Maliens à l’endroit de l’armée française, sans compter que la France abrite jusqu’à chez elle certains responsables de cette rébellion touareg, lesquels ont des entrées partout et ont accès à tous les médias français. Longtemps critiquée pour ses relations avec le MNLA, la France venait de réaliser un de ses vieux rêves avec la signature d’un accord de coopération militaire avec le Mali, après y avoir été chassée par Modibo Keita, premier président du Mali au lendemain de l’accession du Mali à l’indépendance.
Au lieu d’un accord de coopération militaire, c’est plutôt un traité de coopération de défense qui a fait l’objet de signature par les deux pays. Selon certaines sources au ministère de la Défense, ce document est différent d’un accord. C’est un traité qui nécessite l’aval des représentants du peuple. Les parlementaires se sont penchés sur la question en analysant le document avant de l’envoyer au Président de la République pour ratification. S’il s’agissait d’un accord, la signature du seul ministère de la Défense suffisait pour engager le Mali. Dans le document que les deux ministres ont signé, il est indiqué que la coopération en matière de défense avec la République française a été longtemps encadrée par l’accord de coopération militaire technique de 1985. Le déclenchement de l’opération Serval a nécessité la signature d’un accord par échange de lettres signées les 7 et 8 mars 2013 afin de conférer un statut juridique aux forces françaises sur notre territoire et de faciliter leur intervention. Afin d’asseoir ce partenariat sur des bases solides et transparentes, il a été jugé nécessaire d’établir un nouveau traité de coopération de Défense. Ainsi, à l’issue de nombreuses concertations entre le Mali et la France, un projet de traité a été conçu par les deux parties en 2013, avait indiqué le ministère malien de la Défense. Ce traité est structuré ainsi qu’il suit : « la première partie pose les objectifs et les grands principes de la coopération ainsi que les domaines et les formes qu’elle prendra. La seconde partie concerne le volet statutaire des membres du personnel et les personnes à charge. Cette partie est relative au partage des compétences entre les juridictions, les conditions d’entrée et de séjour, les dispositions fiscales et douanières, les règlements des dommages, ou encore le soutien logistique et les moyens de communication. Le traité couvre les personnels militaires français et les personnes à charge au Mali, les personnels militaires maliens et les personnes à charge en France. Ce traité a été conclu pour une durée de cinq ans reconductible. Alors où était les hommes politiques pour ne pas dénoncer certaines tares de ce traité ? À la pratique, la France a été combien de fois démasquée dans ces manœuvres sans aucune réaction de nos politiques. Chacun pensait qu’en dénonçant le jeu de la France, que celle-ci allait l’empêché de devenir président du Mali. Par ce fait nos hommes politiques ont eu la mémoire courte. Entre la République et leur souhait de devenir Président de la République, ils ont choisi l’illusion.
La dernière tricherie de la France contre les FAMA date du dimanche 17 mars 2019 lorsque sous les détonations d’armes lourdes que les habitants de la petite localité de Dioura, dans le cercle de Tenenkou (région de Mopti) se sont réveillées dimanche, aux environs de cinq heures du matin. Lorsque plusieurs dizaines de terroristes en motos et en voitures ont pilonné, pendant des heures et des heures, le camp militaire de la ville. Après plusieurs salves nourries, les assaillants, dont le nombre restait à déterminer, étaient parvenus à chasser les militaires de leur camp et prendre momentanément son contrôle, plongeant ainsi les habitants terrés dans les maisons dans une psychose généralisée. Pour fêter leur victoire, ils ont paradé dans la ville à bord de leurs pick-up lourdement équipés et sous les klaxons nourris de leurs engins à deux roues avant de quitter Dioura et se fondre dans la nature, laissant derrière eux, un camp en ruine, plusieurs corps sans vie de militaires, de nombreux véhicules calcinés et d’autres, emportés en un mot, une hécatombe pour les soldats maliens une fois encore.
Également la France et la CMA ont été démasquées en mars 2019 à travers une liaison incestueuse.
Cette liaison incestueuse date de longtemps depuis du temps ou un avion appelé ‘’air cocaïne’’ s’est embourbé dans du sable mouvant à Tarkint, après avoir vidé son contenu de cocaïne, lequel a été transporté par 9 Land-Cruiser pick-up pour une destination inconnue. Le financement des armements que détiennent la CMA et les groupes armés viennent de ce trafic et de la vente de la cocaïne. La guerre au nord contre la République du Mali a été financée par l’argent de la cocaïne et de la libération des otages occidentaux contre rançon. D’ailleurs la guerre entre les groupes dans le Sahara malien existe grâce à l’argent de la drogue.
Il a fallu organiser des manifestations contre la France sur une initiative des religieux principalement pour lui demander des comptes sur sa présence au Mali. Cela veut dire que nos hommes politiques ont trahi la nation malienne. Seuls les intérêts personnels ont primé durant le règne du Président IBK, qui a été le premier à trahir sa nation. La manière dont il a quitté le pouvoir était prévisible. C’est pourquoi, le nouvel homme politique malien doit être doté des qualités suivantes : patriote, honnête, nationaliste, courageux, proactif doit être crée en profitant de cette rupture constitutionnelle.
Badou S KOBA
Source: CARREFOUR