Depuis un certain temps, des avis contradictoires sur la chaux achetée par la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT) du temps de Kalifa SANOGO défraient la chronique, chacun y va de son commentaire. Nous prouvons davantage !

Ce produit corrosif, tombé ex nihilo et à la grande méconnaissance des paysans, remplit les magasins CMDT jusqu’à présent, pas un seul sac enlevé par les utilisateurs. Sa manipulation pose de sérieux problèmes car il brûle les manœuvres au chargement/déchargement (voir photo d’un manœuvre cramé dans un magasin de Sikasso).

Beaucoup se posent même la question si Kalifa SANOGO et Bakary TOGOLA n’ont pas délibérément confondu la chaux vive à la chaux agricole, la première pour le badigeon, la seconde pour l’amendement du sol et ce, pour des raisons qu’eux seuls détiennent le secret.

De toute évidence, le gâchis financier s’élève à plus de quatre milliards de Francs CFA car les 17 000 tonnes achetées avec STONES –SA se détériorent de jour en jour dans les magasins de la CMDT, faute de preneurs. (Voir photo d’un magasin bien rempli).

C’est pourquoi, nous persistons et signons que la passation des marchés de chaux agricole s’est faite au mépris de toutes procédures requises en la matière et cache forcément des zones d’ombre, surtout que lesdits marchés sont de gré à gré.

A l’analyse des articles des deux contrats y afférents  et des procédures de l’Institut d’Economie Rurale (IER) ci-dessous, nous disons qu’il y a eu bel et bien surfacturation et que la CMDT n’a pas respectée les différentes étapes à franchir pour l’introduction de tout nouveau produit en milieu paysan, notamment les tests et démonstrations chez quelques paysans avant la diffusion à grande échelle.

Quelles sont les raisons ? Seuls Kalifa et Bakary pourront nous édifier.

Article 4 : NORMES ET SPECIFICATIONS TECHNIQUES

Dans les deux contrats (N°030/2014/DA du 24 juillet 2014 et N°002/2015/GIE du 16 mars 2015, il est mentionné ce qui suit :

Produit naturel composé de carbonates double de calcium (Ca) et de magnésium (Mg) permettant :

• d’amender le sol en ces éléments ;
• de neutraliser efficacement l’acidité du sol ;
• d’améliorer l’assimilation des autres éléments nutritifs aux plantes ;
• de lutter contre l’attaque des termites aux plantes.

En comparant quelques paramètres physico-chimiques des deux fournisseurs, nous avons les résultats ci-après :

En plus des éléments du tableau, quelques-uns dans le contrat de STONES- SA ne figurent pas dans le contrat de CCT-SA, vice – versa.

Au vu de ce tableau, comment comprendre le grand écart de prix entre les deux contrats (30 000 FCFA TTC la tonne pour CCT –SA et 250 000 FCFA la tonne pour STONES –SA) ?

Nous y croirons difficilement et insistons que Kalifa et Bakary ont accepté une surfacturation qui s’élève à 220.000 FCFA la tonne d’où 3.740.000 000 FCFA (trois milliards sept cent quarante millions) pour les 17.000 tonnes.

Contrairement à l’aliéna 7.1.2 de l’article 7, aucune analyse contradictoire dans un laboratoire agréé en vue de confirmer ou non la conformité technique du produit n’a été effectuée ni par la CMDT, ni par le GIE, selon nos sources généralement bien informées.

Selon les procédures d’expérimentation des pesticides et engrais par l’Institut d’Economie Rurale (IER), tout produit, pour être recommandé par la recherche agronomique doit présenter des caractéristiques précises sur l’activité biologique et la toxicologie.

Pour cela, tout pesticide, engrais amendement agricole ou autre doit être soumis à des séries d’essais et de tests.

L’expérimentation sur les engrais, amendements agricoles et autres produits est réalisée en trois phases :

1°) Phase de détermination ou de validation de la composition de l’engrais ou de l’amendement, des éléments nutritifs majeurs ou secondaires. Elle a lieu au laboratoire. Cette phase dure six (6) à douze (12) mois.

2°) Phase de vérification de l’efficacité biologique. Cette phase dure au moins deux (2) ans. Elle est conduite en station ou dans les champs paysans sous le contrôle de la recherche.

3°) Phase de confirmation en milieu réel. Cette phase dure un (1) ou deux (2) ans. Elle est pratiquée dans les conditions de culture du paysan.

A la CMDT, aucun technicien n’a pu nous jurer sur l’honneur de la connaissance d’un respect quelconque   de ces procédures. Quelle flagrance ?

En vue de départager les différentes positions, vivement un audit de cette chaux par la commission développement rural de l’Assemblée Nationale, le vérificateur général, la CMDT elle-même ou toute autre structure de contrôle attitrée.

En outre, il est aussi nécessaire et important de signaler que les emballages sont mauvais car beaucoup de sacs se déchirent pendant la manutention (voir photo).

Boubacar DABO

Source: Zénith Balé