Depuis Janvier dernier, la Comanav a mis fin à sa campagne de transport fluvial à travers sa flotte légère (2 navires) et ses 3 bateaux courriers.
De véritables villes flottantes qui auront permis (d’Août 2019 à la fin de l’année) aux régions nord de notre pays, d’oublier le calvaire de l’enclavement.
Tout cela n’est désormais qu’un souvenir. Il faut à présent prendre des risques…avec les pinasses et autres machins flottants.
C’est désormais une dure et longue période (janvier à Juillet), qui s’ouvre pour les populations des régions nord, singulièrement celles de Tombouctou.
Cette zone en effet subit actuellement une hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité, des matériels de construction et autres.
Sucre, lait, huile, savons, petit mil et autres céréales voient leur prix s’emballer par rapport au reste du pays, faute de moyens de transport à moindre coût.
Face à la situation, c’est la pagaille et l’anarchie qui s’installent sur le fleuve. Faute de code fluvial, digne de ce nom n’importe qui devient transporteur fluvial, n’importe quel machin flottant, un moyen de transport.
Ainsi, une bonne partie de nos populations dont la vie est liée au transport par voie fluviale, sont contraintes d’emprunter ces nombreuses pinasses, pirogues et autres « Sotramas » flottants, nés de l’incapacité de la COMANAV à assurer le transport des personnes et des biens pendant cette période de décrue.
Et le drame, c’est que, ces pinasses, pirogues et autres « engins », dépourvus de tout dispositif de sécurité, finissent très souvent leurs voyages, sous les eaux du Djoliba. Avec fret et passagers.
Le Niger, source de vie
Ce fleuve traverse notre pays sur plus de 1 700 kms et fait vivre depuis la nuit des temps, la grande majorité des populations maliennes.
Source de vie, offrant à boire et à manger, le Niger constitue également une voie naturelle de désenclavement de plusieurs localités du pays dont les plus isolées comme les régions de Tombouctou et Gao.
C’est pourquoi, aux premières heures de l’Indépendance du Mali, les autorités s’étaient attelées, dès 1962, à créer une Compagnie Nationale de Navigation, qu’elles ont dotée de gigantesques Bateaux comme le Général A. Soumaré, le Bateau Mali, le bateau Liberté et plusieurs remorqueurs et chalands.
Devenue un symbole de la souveraineté nationale, la Compagnie Malienne de Navigation s’était aussi distinguée pendant plusieurs années comme la société d’Etat la plus rentable parmi toutes les autres, aujourd’hui privatisées ou simplement… mortes pour de bon.
Elle aurait pourtant, la (COMANAV) évolué dans ce sens, mais, face à la dégradation du lit du fleuve et l’ensablement vertigineux de celui-ci, ses vieux bateaux trop volumineux et trop lourds ne lui permettent guère d’accomplir son historique mission de désenclavement des régions nord du Mali
En effet, depuis plusieurs années, à cause de la dimension et du poids des bateaux courriers, ceux-ci ne peuvent être exploités que 4 ou 5 mois sur les 12 de l’année.
Et à partir de Décembre, voire novembre, (début de campagne fin juillet), à cause de la décrue et de l’ensablement vertigineux du fleuve, la compagnie est obligée d’immobiliser ses « villes flottantes », mettant ainsi fin (prématurément) à sa campagne de transport fluvial.
Boubacar Sankaré
Source: Journal le 26 Mars-Mali