Il y a une semaine qu’une minorité de membres, soit huit contre quinze, a pris en otage la Commission électorale nationale indépendante du Mali (CENI). Cette minorité, pilotée par Me Issiaka Sanogo et Me Moctar Mariko, accuse le président Amadou Ba d’indiscipline budgétaire en mettant en place un nouveau bureau dirigé par Me Issiaka Sanogo. Dans une interview accordée à nos confrères de la chaîne de télévision Africable, le 26 octobre 2018, Amadou Ba qualifie ces décisions de nulles et de nul effet.
La situation est encore tendue au sein de la Commission électorale nationale indépendante du Mali (CENI). Après la mise en place d’un bureau le 25 octobre 2018 à la Maison de la Presse, le président Amadou Ba, qui est accusé d’indiscipline budgétaire par les frondeurs, a décidé de rompe le silence.
Au cours de cette interview accordée à Africable, Amadou Ba a tenu à précisé que son rôle n’est pas de gérer le fonds de la CENI. « Je ne suis pas porteur de fonds ; je suis superviseur général »,a-t-il déclaré. Il a également expliqué que l’article 30 du règlement intérieur de la CENI donne seulement le pouvoir au président ou aux 2/3 des membres du bureau de convoquer une assemblée extraordinaire. « Si les formes de convocation d’une assemblée sont viciées, cela veut dire que toutes les décisions sont nulles et non avenues. On n’a pas besoin d’aller dans une école de droit pour le savoir. On est tous dans des associations », a-t-il précisé. Mais, aux yeux des frondeurs, ces réponses semblent être légères pour pouvoir se défendre.
Désigné comme nouveau président par les huit dissidents, Me Issiaka Sanogo a déclaré le 25 octobre à la maison de presse : « La CENI traverse une crise aiguë de transparence et de gouvernance qui avait abouti à une tentative de médiation du Conseil national des organisations de la société civile. Ce jour-là, une majorité écrasante des commissaires mettait en cause la violation du règlement intérieur, le manuel de procédure, le non respect des décisions de la plénière, la gestion clanique et l’affairisme du président, Amadou Ba, et son 1er questeur, Beffon Cissé ».
L’audit, source du problème !
Toutefois dans son interview, Amadou Ba rectifie le tir en soulignant que les fondeurs se sont basés sur la mission d’audit du ministre de l’Économie et des Finances, qu’ils ne voulaient pas d’ailleurs, pour l’accuser d’indiscipline budgétaire et de mauvaise gestion. Selon Amadou Ba, l’envoi de la mission d’audit du ministre de l’Economie et des Finances a été mal apprécié par les frondeurs qui pensent que la CENI ne doit pas rendre compte. « J’ai dit que celui qui détourne un fonds va être poursuivi, parce que ce sont des fonds publics », a-t-il déclaré.
Pour se justifier, les fondeurs ajoutent que les membres de l’ensemble des démembrements intérieurs et extérieurs sont à quatre mois d’arriérés par rapport aux indemnités, sans compter à ce jour, le non paiement des six cents délégués de Niafunké, de Téninkou et d’autres localités du pays. «La commission d’audit interne va chercher à savoir au centime près la destination de l’argent dépensé », a ajouté Me Issiaka Sanogo.
Sur ce point, Amadou Ba a tenu à revenir sur quelques données de l’audit à la date du 22 octobre2018. Pour lui, Me Issiaka Sanogo, coordinateur régional à Sikasso et président du bureau des frondeurs, avait reçu environ 200 000 000 FCFA et n’a pu, à présent, rien justifier à la mission d’audit. Alfousseini Abba, coordinateur régional à Tombouctou est appelé à justifier 102 millions de francs CFA. Sur un montant de 146 036 000 FCFA, Me Moriba Diallo n’a pu justifier que 3 100 000 FCFA.
Face à cette situation embarrassante, deux options seraient possibles : la première est de permettre à la mission d’audit, déjà engagée par le ministre de l’Économie et des Finances, de finir son travail en toute liberté, pour que les vrais délinquants financiers puissent répondre de leurs actes ; la derrière option serait la dissolution pure et simple de l’organe électorale, au cas où l’audit ne permettrait pas de calmer les esprits.
La Rédaction