Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Comment l’organisation Etat islamique contourne les banques

En Syrie et en Irak, des millions de dollars en billet de banque entrent et sortent chaque jour des territoires contrôlés par l’organisation Etat islamique, au nez et à la barbe des autorités, via le réseau bien rôdé des bureaux de change. C’est ce que démontre une enquête publiée ce jeudi par nos confrères du Wall Street Journal.

attaque attentat terrorisme djihadiste etat islamiste al mourabitoune mujao bandit armee boko haram

Les multiples lois adoptées dernièrement par les Occidentaux pour traquer, assécher les flux financiers de l’organisation État islamique apparaissent totalement superflues, vaines, face au système ancestral de l’hawala. À travers leurs myriades de correspondants déployés depuis des décennies dans la région, les agents de change dûment inscrits auprès des autorités locales sont capables de transférer des fonds le jour même de Bagdad à Mossoul ou de la ville turque de Gaziantep jusqu’à Raqqa en Syrie.

Ce système est inhérent à l’économie de la région. En Irak, les commerçants l’utilisent pour réaliser environ la moitié de leurs paiements. Quand l’organisation État islamique s’est emparée de Mossoul en 2014, elle a mis la main sur le trésor de la Banque centrale : des montagnes de cash en billet vert ; et surtout elle a commencé à faire travailler les nombreux agents de la place, plus d’une centaine avaient alors une licence officielle, pour effectuer ses transactions avec l’extérieur.

Comment le cash circule-t-il dans ces zones de guerre ?

Comme toutes les factions en guerre utilisent le dollar
, elles ont intérêt à laisser passer ces convois, en prélevant leur dîme au passage. Pour s’approvisionner en billets, les agents de change participent tous les 15 jours à des ventes publiques organisées à Bagdad par la Banque centrale. Elle reçoit régulièrement des États-Unis des billets tout neufs, acheminés par avion et payés avec les revenus du pétrole. Réalisant la nocivité du système, le Trésor américain s’est fâché l’été dernier et a suspendu ses livraisons, pour les reprendre très vite afin d’éviter à l’Irak une crise de liquidités.

L’administration américaine a alors répertorié les agents véreux : 142 agents ont été bannis des ventes publiques en décembre. Certains continuent leur activité avec leurs fonds propres, d’autres ont pris le relais, l’Irak au total en dénombre 1 600. À l’extérieur des frontières, beaucoup de nouveaux bureaux ont ouvert constatent les hommes d’affaires installés en Jordanie ou en Turquie.

Pour tarir ces flux, faut-il interdire ces bureaux de change ?

C’est impensable pour le gouvernement irakien, car les supprimer pénaliserait toute l’économie du pays. Les contrôler paraît bien prétentieux dans un État où la corruption est courante. Seule alternative trouvée pour le moment : la destruction des billets, c’est ce que l’armée américaine a fait à la mi-janvier en bombardant un dépôt d’argent liquide à Mossoul. Au moins 500 millions de dollars sont partis en fumée, selon des officiels américains.

Pour pallier cette pénurie, les soldats du groupe EI ne manquent pas d’imagination et de savoir-faire. D’après l’agence Reuters, à Mossoul, ils vendent désormais leurs produits en dollars à un taux préférentiel qu’ils contrôlent, et paient les prestations en dinars. Cela s’appelle de la manipulation des taux de change !

 

Source: RFI

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance