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Comité d’Orientation Stratégique : Est-ce un bon casting ?

La nomination des membres du Comité d’Orientation Stratégique (COS) par décret du Premier Ministre Moctar Ouane ouvre la voie officiellement aux discussions sur les réformes politiques et institutionnelles entre le gouvernement et les forces vives de la nation. Cet organe à caractère consultatif vient à quelques huit mois seulement avant la fin de la transition pour booster et accélérer le processus de réforme des institutions de la République. D’aucuns se demandent donc s’il n’est pas trop tard, compte tenu du délai imparti, pour espérer sur un résultat satisfaisant venant de ce comité. Mais cette inquiétude objective ne doit pas faire perdre de vue les finalités ultimes recherchées par les acteurs politiques, à savoir, l’inclusivité dans le processus et la tempérance dans l’expression des contradictions.

L’inclusivité, condition indispensable dans la conduite des reformes…

La transition actuelle est très exceptionnelle par rapport à toutes les autres transitions que le Mali a connu (1968 ; 1992 ; 2012). La particularité de celle-là est qu’elle intervient dans un contexte de fragilité extrême de l’Etat et de fracture sociale importante de la société.  La crise sécuritaire, les conflits intercommunautaires, l’instabilité politique… sont autant de problème qui ont plongé le Mali dans une difficulté immense et marasme économique sans précédent. La complexité de cet état de fait exige des autorités de la transition une approche pédagogique axée sur l’inclusivité afin de relever les grands défis de la nation. Dans cette optique, le Comité d’Orientation Stratégique apparait comme l’expression de vouloir impliquer l’ensemble des forces vives de la nation. Cette dynamique est salutaire car en réalité, la crise multidimensionnelle n’a épargné personne, et de ce fait, tout le monde doit être impliqué dans l’élan de refondation de l’Etat et de la construction du « nouveau » Mali.  C’est une condition indispensable pour la réussite des reformes en perspective. C’est ainsi que dans la liste des membres du COS y figurent des représentants de la société civile, des partis politiques ainsi que des religions. Cette configuration rassure mais doit après tout permettre une meilleure gestion des contradictions entre les acteurs.

La nécessité d’une gestion optimale des antagonismes…

De tout temps, les projets de réforme constitutionnelle se sont butés à de virulentes oppositions sociales.  La dernière en date à donner lieu au mouvement « An Tè Abana », un mouvement contestataire hétéroclite regroupant société civile ; artistes ; intellectuels ; etc. Face à cette action collective, le régime de l’ancien Président IBK a dû reculer compte tenu de la pression de la rue.  Fort de cette expérience, le gouvernement actuel semble être dans une logique d’anticipation. Ce qui pourrait justifier d’ailleurs la mise en place de ce Comité d’Orientation Stratégique composé par une bonne partie de ceux qui étaient dans la rue il y a quelques années pour faire obstacle à la révision de l’actuelle constitution.  C’est donc à la fois une stratégie politique pour le gouvernement de la transition que de mettre en place ce Comité qui devra servir non seulement d’appui en termes de piste de proposition à l’Exécutif, mais aussi et surtout, servir de cadre de gestion des antagonismes entre les différents acteurs politiques. En d’autres termes, le COS est un instrument servant une gestion maitrisée des oppositions à l’échelle micro permettant au final de dégager un minimum de consensus entre les acteurs principaux de la vie politique, avant d’aborder les questions de fond au plan macro avec la participation des citoyens et de l’ensemble des couches socioprofessionnelles de la nation. En ce sens, on peut dire que le gouvernement de la transition a fait un coup de génie en pensant à un tel organe. Néanmoins, l’absence quasi-totale des chercheurs et des think-tanks laisse un gout inachevé pour cet organe qui doit être en réalité un espace d’échange, de débat, et de proposition. Et dans cette dynamique, l’apport des chercheurs est bien plus qu’important, c’est une nécessité.

Ballan D., Politologue et Khalid D., Economiste.

Source: Bamakonews

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