A l’instar du Médiateur de la République et récemment la Haute cour de justice, le Bureau du Vérificateur général qui n’a jusqu’ici brillé que par son abusive et exaspérante futilité, ne saurait aujourd’hui mériter autre sentence que la fermeture pure et simple de ses portes. Une institution techniquement destinée à crédibiliser la gouvernance financière, mais qui n’a plutôt été instrumentalisée qu’à des fins purement décoratives entretenant ainsi un ridicule insultant pour l’intelligence des Maliens.
Certains dirigeants occidentaux n’ont franchement pas tort de traiter des Etats africains de « folklore » avec, à leur tête, des dirigeants incroyablement « ridicules » et « farfelus » tant nos institutions étatiques et régionales n’existent, le plus souvent, que de nom. Comment peut-on mettre en place une institution en laquelle l’on injecte des ressources colossales mais qui, en définitive, ne fonctionne que sur du faux ?
Pourquoi continuer à cautionner le fonctionnement d’une structure censée dénicher des cas de malversations et autres dilapidations de deniers publics et identifier les auteurs pour des fins punitives mais qui, en vérité, ne sert que d’instrument de propagande à la solde des tenants du pouvoir qui ne soient autres que ces mêmes voleurs de la République ?
Depuis maintenant plus d’une décennie qu’existe le Bureau du Vérificateur général au Mali, qu’est-ce qui pourrait réellement légitimer son fonctionnement quand on sait qu’aucun centime des centaines de milliards de manque à gagner, n’a été restitué au contribuable malien après avoir remis les auteurs desdites malversations aux mains des juridictions publiques ?
Au contraire, qu’est-ce qui pourrait clairement expliquer le fait qu’à la fin de chaque exercice annuel, les responsables des différentes structures épinglées par le rapport du Vérificateur général, ne soient, non seulement point inquiétés par la justice d’Etat, mais souvent promus à d’autres postes de responsabilité plus importants ?
Toute chose qui nous confère la nette certitude que le Bureau du Vérificateur général ne désigne véritablement qu’une coquille vide au service d’une minorité petite-bourgeoise quand on sait que son énorme budget de fonctionnement, au regard du nombre d’années d’existence écoulées, pouvait être indéniablement plus utile dans l’amélioration de la qualité des prestations sociales de base si toutefois nous étions dans un Etat sérieux.
Outre ce constat, l’on a fini par s’apercevoir que la plupart des personnes impliquées dans les différents cas de malversations, ne sont autres que des proches du pouvoir en place. Mais comme le dit si bien l’adage : « Lorsque vous envoyez un insecte pour qu’il aille vous acheter un insecticide, soyez-en sûrs qu’il vous ramera tout sauf ce qui ne pourrait que causer sa propre mort ».
Cette brève illustration suffit amplement pour que l’opinion malienne comprenne, une bonne fois, qu’aucun régime dont les différents rapports du Vérificateur général épinglent régulièrement les proches, ne livrera jamais ces derniers aux mains de la justice au seul motif que lesdites incriminations compromettraient à jamais sa crédibilité, car, c’est le régime lui-même qui, maffieusement, entretient les pires formes d’oligarchies et protège les crimes économiques les plus crapuleux.
C’est en cela que les travaux du Vérificateur général n’aboutissent franchement à rien d’autre qu’un jeu de saupoudrage aussi bien ridicule que folklorique nonobstant tous ces fonds annuellement injectés dans le fonctionnement de l’institution depuis plus d’une décennie sans le moindre dividende économique au judiciaire. Il est donc absolument temps (au regard de notre économie exsangue depuis l’avènement de la crise socio-sécuritaire) que l’Etat s’assume face à ses propres engagements politiques et institutionnels et sortir définitivement de ce jeu infantile et abêtissant que soit l’irrévérencieuse inutilité du Bureau du Vérificateur général.
Désormais, il faudra également cesser de nous enfoncer la tête dans le sable avec toutes ces institutions dont la responsabilité n’est, le plus souvent, attribuée qu’aux affidés du pouvoir afin de leur permettre de s’enrichir, à leur tour, sur le dos des Maliens.
Dilika Touré LA SIRENE