Jesus Santrich, qui a obtenu un siège de député suite aux accords de paix, avait été arrêté en avril 2018 à la demande des États-Unis qui veulent le juger pour trafic de cocaïne. La décision de la Cour suprême est un revers pour le président Ivan Duque, qui avait promis de l’extrader. Elle révèle surtout les profondes divisions de la société colombienne au sujet de l’accord de paix signé avec les FARC.
Juger les crimes les plus graves commis pendant plus de 50 ans de guerre civile. C’est le rôle de la JEP, la juridiction spéciale pour la paix issue des accords signés entre le gouvernement colombien et la guérilla des FARC en novembre 2016. Elle prévoit des peines alternatives à la prison pour les repentis et les protège d’une extradition, qu’ils soient anciens guérilleros ou membres des forces armées.
Un principe qui a toujours divisé les Colombiens, mais le fossé se creuse depuis l’arrivée d’Ivan Duque au pouvoir en 2018. Pour le président de droite et ses partisans, trop de concessions ont été accordées aux guérilleros. Ils aimeraient amender l’accord de paix pour permettre au tribunal spécial de prononcer des peines plus lourdes.
Un revers pour le président
Alors le dossier Jesus Santrich s’est transformé en bras de fer. En deux semaines, la JEP a décidé de faire libérer l’ancien chef des FARC, le procureur général a préféré démissionner plutôt que d’appliquer la décision, le prisonnier a tenté de se couper les veines, il est sorti de prison avant d’être à nouveau arrêté sur de nouvelles accusations.
Ce mercredi 29 mai, la Cour suprême a tranché et demandé au président d’appliquer l’accord de paix. Et pas d’appel possible. Un contrecoup pour Ivan Duque, qui cherchait à fragiliser la Juridiction spéciale, qui a des milliers de dossiers en attente. Mais la bataille n’est sûrement pas terminée.
RFI