Le Collectif des associations musulmanes a organisé, le vendredi 22 mars 2019, un meeting à la Bourse du travail. Motif avancé : demander la résolution de la crise scolaire. Mais, la rencontre a tourné court. Et pour cause, les organisateurs avaient transformé la marche en meeting, sans avertir au préalable les nombreuses personnes qui étaient pour… marcher.
A l’origine, le collectif des associations musulmanes prévoyait une marche de protestation contre la grève des enseignants et surtout pour exiger la réouverture des classes. Mais suite à des négociations entre les autorités et les organisateurs, la marche a été annulée par le président du collectif Mohamed Kimbiri au profit d’un meeting. Cette décision a provoqué une vive colère des manifestants : On nous a dit que c’était une marche. Ils viennent parler de déclaration», s’offusque Checik Sidiya Kourekama, manifestant venu de Lafiabougou. «Ce ne sont pas les déclarations qui font bouger les choses, il faut montrer toute notre détermination pour que nos enfants partent à l’école », ajoute le sexagénaire en quittant le meeting. «Ce n’est pas une question de vieux, ici », crie, un jeune homme plus loin qui refuse de donner son nom. «Les écoles ont été fermées devant les vieux, ils n’ont rien fait, ils n’ont pas à nous dire de ne pas marcher», lâche-t-il. « Les enfants des riches dorment sous un climatiseur sans se soucier de leur avenir, par ce qu’ils savent que tout ira bien. Nous qui n’avons rien, qu’est-ce qu’on va devenir dans ce pays ? », lance une manifestante très remontée. Sur les banderoles on pouvait lire « SOS école malienne » ; « Les élèves à l’école et non dans les rues. Ensemble, faisons de l’éducation une priorité !».
Malgré ces chahuts, le président du collectif des associations musulmanes a pu faire une courte déclaration dans laquelle, il a appelé l’Etat à prendre ses responsabilités dans la résolution de la crise scolaire : « Nous rappelons que l’Etat doit remplir toute sa mission, tout son rôle dans la gestion de l’école avec courage et fermeté. Il ne sied pas que le gouvernement prenne des engagements qu’il ne peut pas honorer. Rappelons aussi que toute négociation implique un concept du donner et du recevoir. S’arc-bouter sur une ligne rouge est suicidaire pour toutes les parties », a-t-il déclaré. En outre, le collectif dénonce le comportement du gouvernement dans la gestion de la crise : « nous énonçons les comportements anti pédagogiques qui ternissent l’image de l’éducateur, le refus d’évaluer et la rétention de notes de nos enfants». Enfin, le Collectif des associations musulmane appelle chaque malien à s’impliquer pour la recherche d’une solution pérenne à la crise de l’école malienne. « Nous invitons toute la population du Mali, de l’intérieur comme de l’extérieur, toutes les bonnes volontés, à user de tous les moyens de droit afin que nos enfants retrouvent le chemin de l’école », indique le Collectif.
Debi Elisabeth Samaké
(Stagiaire)
Source: L’ Aube