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Cohabitation pacifique entre musulmans: la main tendre de la communauté chiite

Le guide de la communauté musulmane chiite au Mali, Cheick Abou Djafar Mohamad DIABATE, a animé, le samedi dernier, à la Maison du partenariat Bamako-Anger, une conférence de presse sur le thème: «Le chiisme et les rumeurs sans fondement islamique».

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Objectifs: Alerter l’opinion publique sur les attaques verbales dont la communauté chiite au Mali fait l’objet de la part de certains coreligionnaires sur les antennes de certaines radios privées de la place. Et inviter les autorités à prendre garde de cette situation qui risque de détériorer le climat de coexistence pacifique qui a toujours caractérisé les différentes religions dans notre pays.
Organisé par l’Association AHL-UL-BAYT, la conférence était animée par Abou Djafar Mohamad DIABATE, qui avait à ses côtés : le président de l’Association AHLUL BAYT, l’imam Adam SANGARE ; le représentant des familles fondatrices de Bamako, Matis TOURE, les imams Moussa Gaoussou TRAORE et Ahmed Tidjani TRAORE, etc.
Comme à l’accoutumée, cette conférence a commencé par une lecture du Sait Coran.
A l’entame de ses propos, le principal conférencier a souligné que les pratiquants du chiisme sont des gens convaincus que Dieu est unique et que Mohamed (PSL) est le dernier des prophètes.

Les accusations sérielles
A l’image de tous les musulmans, a-t-il noté, les chiites ont pour livre de référence le Saint Coran que tous les musulmans lisent.
Malheureusement, a-t-il fait constaté, les fidèles de cette obédience sont victimes de beaucoup de préjugés au Mali, notamment de la part des pratiquants d’obédience Sunnite (Wahhabite) qui les accusent «d’hérésie».
A en croire le conférencier, les détracteurs des chiites les accusent à tort d’être des gens qui insultent certains califes du Prophète(PSL). Pour cela, ils les considèrent comme des hérésiarques, pires que les juifs et les autres ennemis en islam.
D’ailleurs, dira l’imam DIABATE, certains détracteurs de cette communauté n’hésitent pas à déclarer publiquement que «les chiites doivent être tués, voire écraser ».
« Cette violence verbale est exacerbée par le fait de certaines radios privées de la place qui diffusent des émissions allant dans le sens d’alimenter cette haine contre les chiites ».
Aujourd’hui, a-t-il fait constater, même sur les réseaux sociaux, les Cheiks chiites n’échappent pas à ce lynchage verbal et médiatique où des internautes les qualifient de cafre.
De même, dans certaines mosquées de Bamako, a-t-il dénoncé, des conférences sont souvent organisées sur ce sujet où on n’hésite pas à appeler les gens à exterminer les fidèles chiites. Et «Pourtant, nous demandons en vain à nos détracteurs de nous donner les preuves de ces injures contre les califes du Prophète (PSL)», a-t-il souligné.
Selon l’imam DIABATE, il n’y a pas de différence fondamentale entre les pratiquants du chiisme et les autres tendances en islam. Seulement, les chiites sont des gens qui ont décidé de perpétuer les traditions de AHLUL BAYT (la famille du Prophète). S
Pour lui, «Dieu, lui-même, a purifié la famille de AHL-UL-BAYT dans le Coran » et le conférencier d’ajouter: «En suivant les traces de AHLUL BAYT, nous savons que nous sommes garantis, car ce sont des gens qui été purifiés», a-t-il dit. Et : «Nous pensons que les califes et nous-mêmes devront tous nous référé aux membres de la famille du Prophète (PSL)».

L’Etat face à ses responsabilités
L’iman DIABATE s’est dit vivement préoccuper par la tension qui couve actuellement entre les communautés. «Il faut que l’Etat y prend garde», a insisté le conférencier qui a fait savoir: «Tout ce que voulons, c’est la paix et la coexistence pacifique entre les religions dans notre pays ». Pour ce faire, il invite les autorités compétentes à initier des rencontres entre les pratiquants d’obédience chiite et Sunnite dans notre pays pour qu’ils puissent vider ce différend.
«Nous sommes dans un pays laïc, et nous pensons que chacun doit pouvoir exercer librement sa foi. Nous sommes des Maliens, nous croyons que Dieu est unique et que Mohamed (PSL) est son Prophète et le dernier des prophètes. Même si nous décidons de ne plus prier ou jeûner, personne n’a le droit de nous en vouloir», a-t-il conclu.

Le chiisme victime de son succès ?
De son côté, le président de l’Association AHLUL BAYT, l’imam Adam SANGARE, a souligné que son organisation dispose d’un récépissé qui l’autorise à mener ses activités. Elle a pour principale mission de mettre la lumière sur la famille du Prophète et ses Descendants.
De même, AHLUL BAYT, selon son président, œuvre également dans l’humanitaire, notamment la construction des mosquées, des médersas, la réalisation des points d’eau, des CSCOM, et l’assistance aux déshérités.
De l’avis de l’imam SANGARE, le chiisme serait victime de son succès au Mali. Il a invité ses fidèles musulmans d’obédience chiite à inscrire leur action dans le cadre de la légalité. C’est pourquoi, a-t-il rappelé, cette conférence a été initiée pour mieux informer les hommes médias sur les fondements du chiisme mais aussi favoriser la paix et la coexistence pacifique.
Dans le contexte international marqué par la montée en puissance du terrorisme, il a invité les musulmans, toute obédience confondue, à faire un front commun contre l’ennemi commun au lieu de se déchirer entre les tendances. «Il faut que chacun respecte l’autre dans sa voie», a-t-il préconisé.

A quand remonte l’origine du chiisme au Mali ?
En effet, l’Islam est la plus grande religion pratiquée au Mali. Officiellement, on estime que plus de 90% de la population est adepte de la religion musulmane durant plusieurs siècles. Et c’est le rite malikite qui dominait dans les pratiques religieuses.
Selon guide de cette confrérie au Mali, Cheick Abou Djafar Mohamad DIABATE, des chercheurs ont pu attester, ces derniers temps, que les anciens manuscrits islamiques bien connus de Tombouctou font mention de la connaissance du chiisme dans le vieux Soudan français (actuel Mali). Toutefois, a-t-il fait savoir, l’intérêt actuel des Maliens pour le chiisme date du triomphe de la Révolution islamique en Iran en 1979. Les érudits ont pu, à travers d’anciens textes qu’ils possédaient, établir le bien-fondé de l’existence historique des 12 Imams de la Sainte Famille de Mohamed (PSL). De l’avis l’imam DIABATE, il y a des preuves qui attestent qu’à l’origine, les ancêtres des Maliens pratiquaient plutôt le chiisme avant qu’ils ne soient submergés par les flots du soufisme et autres écoles.

Par Abdoulaye OUATTARA

 

Source: info-matin

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