La tension politique ne faiblit toujours pas plus d’un mois après l’investiture du Président de la République. Pour cause, les opposants sont toujours vent debout et continuent de contester sa réélection, la prorogation du mandat des députés et le redécoupage territorial. IBK va-t-il longtemps résister à la pression de ces deux blocs déterminés à aller jusqu’au bout de leur logique ?
En meeting géant le dimanche 28 octobre 2018 au Palais de la Culture Amadou Hampaté Bah, les leaders du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie ont fustigé la mal gouvernance, la corruption et surtout la forfaiture de la Cour Constitutionnelle. Ils disent passer à l’acte pour mettre hors d’état de nuire le régime IBK. Quelques jours avant ce meeting, les responsables de la Coalition des Forces Patriotiques étaient en conférence à la Maison de la Presse pour protester contre la prorogation du mandat des députés et dénoncer la mal gouvernance. Pour éviter que le pays ne sombre dans la violence et le chaos, voici trois propositions majeures
La première proposition est l’ouverture d’un dialogue inclusif : Il est de coutume au Mali que face à une crise de quelque nature qu’elle soit, l’une des recettes pour la résoudre est le dialogue et la concertation. Ces vertus cardinales ont fondé notre nation et forgé notre vivre-ensemble. Les revendications politiques de l’opposition ne pourront trouver leurs réponses que dans un dialogue entre tous les acteurs du jeu politique afin de briser le tabou et de poser sur la table les points d’achoppement. Il s’agit entre autres de la contestation des résultats de la présidentielle de 2018, la prorogation unilatérale du mandat des députés et le découpage administratif. Les débats autour de ces trois points pourront aboutir à la prise en compte des autres points objet de discorde et de revendication comme la mal gouvernance, la crise sociale et l’école.
La deuxième proposition est la mise en place d’un gouvernement de transition. Cette proposition pourrait paraître incongrue pour beaucoup de personnes, car pour elles la transition suppose une crise institutionnelle alors qu’au Mali les institutions fonctionnent. Qu’elles se détrompent, car la crise qui secoue le pays aujourd’hui est plus grave que celle qu’il a connue en 2012. Pour la résoudre, il faut un consensus qui permettra de mettre en place un gouvernement de transition pour surmonter les obstacles. Pour rappel, les crises s’enchainent depuis la proclamation des résultats de la présidentielle, crise politique, socio sécuritaire et même économique. Cela ne doit-il pas interpeller toute bonne conscience ? Pourrait-on fermer les yeux et être complice de l’effondrement du pays ? Pour Albert Einstein, le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. Une transition aux contours consensuels et permettant de consolider les acquis démocratiques et de corriger tous les errements et dysfonctionnements institutionnels pour enfin aller à des élections apaisées au grand bonheur du peuple malien, est nécessaire voire indispensable.
La troisième proposition concernera les grandes réformes : la démocratie malienne a plus de 27 ans, mais elle clopine toujours. Ainsi, pour qu’elle soit un modèle et qu’elle fasse des émules dans la sous région, voire en Afrique, il faut des grandes réformes tant sur le plan constitutionnel qu’institutionnel. Pour ce faire, il apparait nécessaire d’organiser des concertations pour recueillir non seulement l’avis d’un plus grand nombre de citoyens, mais aussi et surtout de dégager un accord à minima comme en 91 après la révolution, autour des textes fondateurs du nouvel Etat.
En définitive, les réformes tant souhaitées, jetteront les bases d’un nouvel Etat démocratique où les règles de gouvernance seront les plus transparentes possibles.
Youssouf Sissoko