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Climat délétère au sommet du pouvoir : Intrigues et procès d’intention au palais à Koulouba

C’est connu : le poisson pourrit par la tête. Y a-t-il donc des raisons d’espérer une bonne gouvernance du pays si d’emblée au niveau du palais de Koulouba des membres influents de l’entourage du président de la République se crêpent le chignon ? L’affaire devient plus grave lorsque le Premier ministre se retrouve emballé par les cadres du RPM de la 25è heure, dans cette guerre de positionnement pour le contrôle du pouvoir.

 Palais Presidentiel KOULOUBA

On ne cessera jamais de décrier les intrusions de la famille présidentielle dans la gestion du pouvoir. Gênant au départ, cela devient finalement intriguant et il urge pour IBK d’intervenir hic et nunc, pour apporter les correctifs nécessaires. Au rythme où vont les choses, il ne sera pas trop de parler d’une mainmise de  » La famille d’abord  » soutenue par une coalition de cadres Rpm de la 25è heure.

 

En effet, le remplacement de Mme Tall par Mme Karabenta au poste de directeur des finances et du matériel (ex-daf) de la Présidence de la République, pouvait passer comme une mesure ordinaire de nomination – on en voit tous les jours – s’il n’y avait pas cette guéguerre sur fond d’intrigues de palais qui empeste l’atmosphère à Koulouba.

 

En effet, entre l’ex-directeur de Cabinet du président de la République devenu ministre de la Communication et de l’Economie numérique et le Secrétaire général de la Présidence de la République, Toumani Djimé Diallo, ce n’était pas le parfait amour. Ce fut une véritable guerre de tranchées entre les deux hommes et tout pouvait être objet de conflit y comprise la dotation d’un simple bureau à un membre du personnel.

 

Naturellement, la confiance dont jouit Toumani auprès du président de la République qui est son ami de longue date, est une vérité de Lapalisse. Les deux hommes ont cheminé ensemble depuis le passage d’IBK à la Primature sous Alpha Oumar Konaré. Ils partagent bien des secrets et se vouent un respect mutuel. Selon notre source très proche des deux hommes, il n’y a pas un cadre de ce pays qui connaît le président de la République mieux que Toumani Djimé Diallo dont la loyauté envers son ami de président de la République ne souffre d’aucun doute.

 

C’est d’autant plus vrai que son épouse est tout aussi politiquement engagée aux côtés d’IBK. La preuve : elle a été élue député sur la liste Rpm à Youwarou.

Pendant que ces deux amis se battaient ensemble pour en arriver là aujourd’hui, Mamadou Camara, encore très jeune et connaissant à peine le Mali, poursuivait ses études en France. Il est rentré au pays, s’est battu pour s’imposer tant dans le milieu de la communication qu’aux côtés d’IBK pour obtenir en contrepartie strapontins et autres récompenses. Mais faudrait-il pour autant en arriver à l’affrontement avec des cadres du Rpm originel dont Toumani – un des fondateurs du parti- en est la parfaite illustration ?

 

En Afrique, c’est connu : plus on se rapproche du chef, plus on devient la cible d’un tir groupé. Toumani n’a pas échappé à cette règle parce que dès sa nomination au poste de Secrétaire général de la Présidence de la République, les intrigues ont commencé à faire jour pour polluer les relations avec IBK.

 

On a voulu lui imposer un nouveau directeur des finances et du matériel, pour lui placer un novice à ce poste afin de déceler rapidement des erreurs à lui opposer pour l’abattre. Il a refusé et avait demandé qu’on lui laisse le temps d’y voir clair et de s’adapter à la fonction. Ce qui fut fait.

 

Mais il avait souvent des heurts avec Mamadou Camara, du temps où ce dernier était tout puissant directeur de Cabinet du président de la République. Des cadres de l’entourage du président de la République lui reprochaient de vouloir déployer des tentacules pour happer tout au passage. Même lorsqu’il voyageait souvent pour accompagner le président de la République à l’étranger, les gens s’en offusquaient, soutenant que dans pareil cas il doit garder la maison au lieu d’être scotché au chef de l’Etat.

 

En un moment donné aussi, on le confondait avec le chargé de communication de la Présidence de la République, tant il doublait souvent celui-ci, le contredisant même des fois dans des sorties médiatiques. Ce qui a beaucoup joué à décrédibiliser la communication de Koulouba en un moment donné. Finalement, il sera responsabilisé dans ce domaine, en devenant ministre de la Communication dans le gouvernement de Moussa Mara dont on le dit très proche.

 

Et ces deux hommes ont bien cherché la tête du Secrétaire général de Koulouba accusé d’avoir puisé dans les fonds secrets que le Trésor public met chaque mois à la disposition du président de la République. Une somme de plus d’un milliard FCFA versée au président de la République chaque mois à sa demande. Une accusation très grave qui s’est révélée finalement fausse parce que l’audit commandité très rapidement n’a même pas fait allusion à un semblant de reproche en ce qui concerne ces allégations. En d’autres termes, ce n’était que du toc. Un maladroit procès d’intention.

 

Mais ce dossier a beaucoup contribué à empester l’atmosphère dans l’entourage du président de la République où on est désormais convaincu que des manœuvres sont réellement en cours pour écarter de la gestion du pouvoir tous les  » vieux amis et fidèles compagnons d’IBK  » comme le dit notre source, avant de préciser que Toumani gêne par sa rigueur et sa proximité du président de la République. Mais une proximité qu’il mettrait à profit – selon une autre source – pour déjouer des coups bas et autres manigances émanant de plusieurs sources cherchant à prendre en otage le chef de l’Etat.  » Un rôle de gardien du temple menacé de toutes parts « , précise un de nos interlocuteurs.

 

En effet, Tom – comme l’appellent ses amis – est reconnu comme un homme dont le franc-parler et la témérité ne somnolent que lorsqu’il dort. Un ancien responsable de la jeunesse du Rpm nous révèle qu’il usait souvent de ses services à chaque fois qu’il avait envie de faire parvenir à IBK des vérités que personne n’osait dire directement à l’actuel chef de l’Etat.

 

Toujours est-il que dès la nomination de Tom, on a cherché à lui imposer un directeur des finances et du matériel pour mieux le torpiller. Il y a échappé tout comme il est sorti indemne de ce complot sur l’affaire des fonds secrets. Mais c’était sans compter avec la détermination d’un autre clan, celui de la belle famille, qui est parvenue à faire remplacer la désormais ex-Dfm, Mme Tall, par Mme Karabenta.

 

Au moment où le président de la République se prépare à prendre de petites vacances, ce recul devrait servir à une profonde réflexion pour impulser dès son retour les changements attendus par les Maliens et cela ne peut que commencer par son entourage où ne devraient être présents que des serviteurs loyaux et dévoués, mais dotés d’un minimum d’expérience dans la gestion des affaires publiques. Ne dit-on pas que le poisson pourrit d’abord par la tête !

 

Il y a lieu aussi de distinguer et de maîtriser le clan actuellement désigné sous le vocable de 25è colonne et qui est parvenu à faire du Premier ministre Moussa Mara son atout principal pour entraîner IBK dans ses plans et projections pour s’imposer plus confortement dans les rouages du pouvoir.

Ibk doit aussi, s’il veut réussir sa mission, faire le départ entre la famille -y comprise la belle-famille – et les affaires publiques. Ce serait un grand pas dans le processus de réorganisation et de la Présidence de la République et du Gouvernement, lequel devra opérer une véritable mue, sans Moussa Mara aujourd’hui très contesté jusque dans des cercles très proches du président de la République. Et puisqu’il ne se prévaut d’aucune légitimité politique – parmi les derniers à la présidentielle et son parti est quasi inexistant à l’Assemblée nationale- Moussa Mara ne peut plus continuer à gérer la Primature sans la confiance de la majorité formée autour du Rpm. Laquelle majorité réclame urbi et orbi de lui confier la gestion des affaires. Et à juste titre !

 

Baba DIARRA

SOURCE: Zénith Balé  du   22 juil 2014.

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