Cinq ans après sa chute, le 11 février 2011, Hosni Moubarak, détenu dans un hôpital militaire du Caire, se fait discret. Certains le disent très affaibli, d’autres, le soupçonnent de feindre la maladie pour échapper à ses nombreux procès. Alors que son clan est progressivement réhabilité dans l’opinion publique, l’ancien président égyptien, âgé de 87 ans, n’apparaît plus qu’à l’occasion des procédures judiciaires en cours contre lui.
En 2012, l’ancien raïs était condamné à la prison à vie pour le meurtre de plusieurs centaines de manifestants lors des événements qui ont précipité son départ, avant qu’un tribunal abandonne les charges deux ans plus tard, peu après le coup d’Etat de l’armée contre le président islamiste Mohamed Morsi, en juillet 2013. En juin 2015, la Cour de cassation a ordonné un nouveau procès et relancé par la même occasion une interminable procédure judiciaire. Mais l’état de santé de l’ancien président retarde sans cesse la tenue des débats. Initialement prévu en novembre 2015, le procès a été décalé au 21 janvier 2016, puis au 7 avril.
Après la révolution, M. Moubarak a aussi été poursuivi pour détournement. Il était accusé d’avoir utilisé pour son compte personnel un fonds public de 10 millions d’euros destiné à l’entretien des palais présidentiels. Après plusieurs jugements, il a finalement été condamné en mai 2015 à trois ans de prison en compagnie de ses deux fils, Alaa et Gamal. Tous deux ont été libérés en octobre 2015 après qu’un tribunal a estimé qu’ils avaient passé suffisamment de temps en détention provisoire.
Le volet suisse des affaires financières concernant l’ancien raïs n’est pas encore clos. Après la révolution, les autorités suisses avaient gelé pas moins de 640 millions d’euros sur plusieurs comptes. La justice helvète continue à enquêter et cherche désormais à déterminer la provenance de 539 millions d’euros présents sur une quinzaine de comptes suspects.
Depuis l’hôpital militaire du Caire où il est assigné à résidence, le président déchu observe ses anciens proches être progressivement réhabilités. Hasard du calendrier ou non, Anas Al-Fiki a été acquitté mercredi, un jour avant le cinquième anniversaire du départ du raïs. Ministre de l’information de 2004 à 2011, il était accusé d’avoir profité de ses fonctions pour s’enrichir de 4 millions d’euros. Comme lui, d’autres caciques de l’ancien pouvoir ont pu profiter de l’indulgence des tribunaux. Ces derniers se sont rangés sans surprise derrière le nouvel homme fort de l’Egypte, le président Abdel Fatah Al-Sissi, dont le régime est considéré comme bien plus autoritaire et répressif que ne l’était celui d’Hosni Moubarak.
Source: lemonde.fr