Le mercredi 22 janvier 2025, le Palais présidentiel de Koulouba a été le théâtre d’une décision marquante pour la vie politique et administrative de notre pays. Sous la présidence du Général d’armée Assimi Goïta, Chef de l’État malien, et en présence du Docteur Général de division Abdoulaye Maïa, Premier ministre, le Conseil des Ministres a prononcé la dissolution du Conseil communal de la Commune rurale de Yélékébougou, située dans la région de Koulikoro. Une mesure éclatante qui mérite réflexion.
Quand la décentralisation vacille
Bamada.net-Que s’est-il passé à Yélékébougou pour en arriver là ? Les motifs invoqués par le Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation résonnent comme une liste accablante : morcellements irréguliers du domaine privé de l’État, malversations financières, non-respect des délais de tenue des sessions budgétaires et troubles graves à l’ordre public. Ces dérives, nous dit-on, ont privé les populations des services sociaux de base, minant la confiance dans les institutions locales.
Faut-il rappeler que la Loi n°2023-004 du 13 mars 2023, portant Code des Collectivités territoriales, prévoit cette sanction en cas de fautes graves ? Oui, le cadre légal existe. Mais au-delà de la loi, c’est un échec collectif qui se profile, une faillite dans l’application des principes de bonne gouvernance à la base.
Une mesure salutaire, mais…
La dissolution du Conseil communal est une réponse ferme, mais elle pose une question fondamentale : que fait-on pour éviter que de telles situations ne se reproduisent ? L’État a agi pour mettre fin à des abus flagrants. Toutefois, cette décision ne doit pas rester un simple acte punitif. Elle doit être l’occasion d’une réforme en profondeur des mécanismes de contrôle et de supervision des collectivités locales.
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Les fautes graves commises à Yélékébougou ne sont pas un cas isolé. Elles reflètent une réalité plus large : celle des défis structurels que rencontrent nos institutions décentralisées. Ces dernières, censées être des moteurs de développement local, sont souvent minées par des pratiques contraires à l’intérêt général.
La confiance des citoyens, un bien précieux
Il est crucial de restaurer la confiance des populations dans leurs représentants locaux. Cela passe par des formations appropriées pour les élus, un meilleur encadrement des pratiques administratives et des sanctions exemplaires contre ceux qui trahissent leur mandat. Mais surtout, il faut redonner aux citoyens eux-mêmes un rôle actif dans la gestion des affaires publiques. Une population informée et impliquée est le meilleur rempart contre les abus.
Une leçon pour l’avenir
Yélékébougou est aujourd’hui le symbole d’une alerte à ne pas ignorer. L’administration provisoire qui remplacera le Conseil communal devra être un exemple de rigueur et de transparence. Mais au-delà de cette commune, c’est tout le Mali qui doit s’interroger sur l’état de sa décentralisation.
Alors que le pays traverse une période de transition, cette affaire rappelle que la refondation doit commencer à la base. Une gouvernance locale saine est un pilier incontournable de la stabilité et du développement. Il appartient à chacun – dirigeants, citoyens et partenaires – de veiller à ce que les promesses de la décentralisation ne restent pas lettre morte.
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MLS
Source: Bamada.net