Bamako même est une ville en perpétuelle insécurité. On y tue tous les jours des innocents, souvent pour leur prendre des vieilles motos. Le pire, c’est l’inconscience de nos dirigeants (leaders de syndicats, chefs d’entreprises, commerçants ou industriels).Toujours est-il que chacun ne pense qu’à sa propre personne. Le Mali est devenu un gâteau dont chacun cherche à gagner sa part. C’est dommage pour un grand pays comme le nôtre, jadis cité en exemple pour le patriotisme de ses enfants. Aujourd’hui, il n’ya pas une seule couche de la population qui a de la compassion pour ses compatriotes.
Les transporteurs augmentent tous les jours les frais de transport ; les bouchers, le prix de la viande ; les agriculteurs, même pendant la période de récolte, ne font rien pour soulager les pauvres populations qui, en cette période, doivent bénéficier d’une baisse des prix. En fait, si on fait le constat, c’est comme si Dieu avait ôté toute pitié de notre cœur.
Comment comprendre qu’un pays constitué à 95% de musulmans puisse adopter un tel comportement ? Comment comprendre qu’un pays qui a le plus grand taux de brassage ethnique en Afrique puisse ignorer les liens de sang et de lait jusqu’à vouloir manger la chair de son propre frère ? Ne savent-ils pas que la miséricorde et la pitié d’Allah sont conditionnées aux nôtres ?
Tant que nous continuerons à nous ignorer, Allah ne regardera pas de notre côté. L’élite qui réside à Bamako ne mesure l’ampleur du péril qui nous guette. Aujourd’hui, dans les régions du Nord et du Centre, les populations payent l’impôt aux soi-disant islamistes qui sont devenus les maitres des lieux. Elles le font pour sauver leur vie et pour bénéficier d’un minimum de sécurité, pendant qu’à Bamako, les gens vaquent inconsciemment à leurs affaires et chacun cherche les moyens de profiter du maximum possible des ressources de l’Etat. Personne ne pense à sauver le Mali du gouffre dans lequel il est.Au contraire, chacun cherche à se procurer un poste pour profiter du peu de ressources qui reste encore. Ceux qui sont au somment de l’Etat ne sont pas plus condamnables que les syndicats qui sont en grève aujourd’hui. En tout cas, tout ce dont ces fonctionnaires bénéficient leur a été accordé par les élus du peuple. Aucun syndicat en son temps n’a bougé le petit doigt, peut-être parce que leurs leaders qui font aujourd’hui objet de poursuite judiciaire, bénéficiaient des conditions qui leur ont permis de voler les biens de l’Etat. Les deux syndicats de la magistrature n’ont pas affirmé que beaucoup de syndicalistes sont menacés aujourd’hui d’emprisonnement. Nous sommes tous coupables, bien sûr à des degrés différents, nous devons tous nous ressaisir et comprendre que l’un ne va pas sans l’autre, et que sans le Mali, nous serons tous à la merci d’autres personnes.
Almatar Mahamar Touré