Une question qui me donne des nuits blanches depuis un certain temps et que je ne peux m’empêcher de partager avec vous, en espérant pouvoir avoir une réponse, non pas cartésienne, ni métaphysique non plus, mais une réponse de bon sens tout simplement.
Au Mali, le désordre serait-il la conséquence de certains ordres donnés ou alors les ordres venus « d’en haut » seraient-ils des éléments déclencheurs de désordre général ?
A observer de près certains événements, l’on ne peut s’empêcher de se poser cette question sans pour autant être sûr d’avoir une réponse assez plausible. Ce qui demeure sûr, c’est que le désordre est général et contreproductif.
Le week-end dernier, il fallait jouer des coudes et avoir le souffle haut pour se frayer un chemin dans la cour de l’Office malien de l’habitat pour savoir si son nom figurait parmi ceux d’heureux bénéficiaires de logements sociaux.
Quelqu’un avait donné l’ordre d’afficher la liste des bénéficiaires en cet endroit alors même qu’il aurait été plus judicieux d’envoyer des messages à chaque nouveau propriétaire, pour ensuite faire des communiqués à la radio et dans la presse, sans oublier la publication de la liste sur Internet. On aurait ainsi pu éviter ces attroupements et bousculades inutiles.
Toujours la semaine dernière, plus précisément le jeudi dernier, quelqu’un aurait aussi donné l’ordre de démolir des dizaines de maisons en Commune 1 avant qu’un autre ordre ne vienne stopper l’opération le vendredi, sans qu’on ne sache comment et pourquoi ?
A l’arrivée, une soixantaine de chefs de familles se retrouvent à la belle étoile alors qu’une autre soixantaine de chefs de familles se trouvent en sursis. Et pourtant, ils se trouvaient tous dans la même situation d’occupation « illégale » d’un espace public grâce à la complicité d’agents véreux de l’Etat et d’agents municipaux qui ont donné des ordres financièrement et socialement toxiques.
Mais en vérité, cette succession d’ordres et de contre-ordres est en passe de créer un désordre indescriptible dont l’onde de choc pourrait aller au-delà du seul domaine foncier et engendrer une cascade de procédures judiciaires préjudiciables pour l’Etat, car l’on se demande si réellement toutes les procédures règlementaires et légales ont été respectées avant l’ordre de démolition.
De même, l’on se dit que dans un Etat de droit, chaque citoyen se doit de respecter la loi, car en la violant il s’expose à en subir les conséquences. C’est là justement où le bât blesse le plus dans notre pays.
La loi semble être faite pour n’être respectée que par le autres et non par soi-même. Or, à ce petit jeu, personne ne la respecte. L’exception devient la règle et l’anormal le principe de fonctionnement.
Vous aurez remarqué qu’il aura fallu qu’un ordre vienne du sommet de la Cité administrative pour que la crise de passeports commence à connaître un début de solution. Le même ordre aurait pu venir, au même moment, pour que la crise des cartes d’identité puisse aussi connaître un début de solution. Mais il va falloir que le désordre à ce niveau puisse connaître son paroxysme pour qu’une décision soit prise.
L’Etat s’amuse à jouer aux sapeurs-pompiers là où il aurait pu et dû appliquer le principe de précaution en prenant juste les devants. Ce ne sont pas les déclencheurs d’alerte qui manquent. Ce ne sont pas les critiques qui manquent non plus.
C’est peut-être la volonté de bien faire qui manque le plus, une volonté qui s’accompagne par le strict respect des règles prescrites et la sanction de ceux qui vont à leur encontre. Il est temps que nous puissions faire de telle sorte que les ordres mûrement réfléchis et bien appliqués ne puissent pas devenir des sources de désordres.
PAR MLSIDIBE
source : La Rédaction