Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

CHRONIQUE DU MERCREDI: Constats amères

Au Mali, on aime parler. On parle de tout et de rien à la fois. On aime refaire le monde et dénoncer à tout va. On aime critiquer en faisant des discours fleuves. On a comme l’impression, par moment, que nous sommes atteints de logorrhée, ce que d’autres appelleraient aussi une « diarrhée verbale »ou une « incontinence verbale ». Les uns et les autres mettent tellement d’énergie dans cet exercice qu’au finish ils n’ont plus la force de pouvoir agir. Hélas oui, si et si seulement si le temps perdu dans les discussions stériles et dans les discours de circonstances pouvaient être consacré aux actions concrètes… Cela aurait eu l’avantage de faire bouger les choses.

carte mali nouveau ma part

Certains constats sautent tellement à l’œil qu’il se révèle vain de perdre du temps pour les dénoncer ou chercher à les analyser, sachant que les tiroirs et placards sont déjà assez bien remplis de résolutions et de solutions clefs en main qui n’ont jamais été appliquées. Il s’agit plus tôt aujourd’hui d’agir, d’aucuns diront de sévir, non dans une notion de « deux poids deux mesures », mais de manière juste et équitable. Regarder seulement l’état de la nouvelle autoroute Bamako-Ségou. Un axe essentiel dont l’agrandissement avait suscité un immense bonheur. Mais apparemment, sans être un technicien en BTP, il est loisible de constater que cette voie se dégrade à un rythme inquiétant. A vue d’œil, on a comme l’impression qu’elle aurait été réalisée en « mono ou bicouche » et non en BB, c’est-à-dire en « Béton Bitumineux » avec une épaisseur de 5 cm.

Cette norme a été choisie au Mali pour avoir des routes résistantes du fait même des conditions climatiques difficiles, mais aussi et surtout du fait de l’indiscipline des transporteurs qui respectent, très rarement, les charges à l’essieu. Ce qui fait qu’après les grosses averses enregistrées ces derniers jours, les nids de poule ont commencé à surgir un peu partout, poussant des enfants à colmater ces trous avec de la terre avant de réclamer de l’argent aux usagers de passage. Et au rythme où on va, ces nids de poule se transformeront vite en « pièges à éléphants » pour les automobilistes. La faute à qui ? Les responsables de cette situation seront-ils un jour sanctionnés ? Quel recours pour l’Etat ?

En attendant de le savoir, il y a quelques semaines, une délégation de la commission des travaux publics de l’Assemblée Nationale, avait fait un autre constat amer en première région. Une autre route réalisée et non encore réceptionnée dont une bonne partie a été arrachée par les eaux de ruissellement. La délégation avait noté des failles dans le contrôle technique et avait promis de saisir qui de droit. Mais on attend de savoir la suite réservée à ce gâchis financier, qui handicape également le désenclavement et le développement des zones concernées. Quand les deniers publics sont ainsi dilapidés sur l’autel de la corruption et de la concussion, l’on se dit que l’impunité va encore fragiliser les équilibres socioéconomiques convalescents.

Ces constats ne concernent point le seul secteur routier, on peut les élargir à tous les autres secteurs. De la circulation routière à l’administration publique, de la santé à l’économie numérique, de l’agriculture au commerce, les éléphants blancs ne manquent pas et les rétrocomissions et autres dessous de table ont fini de plomber des projets essentiels qui n’auront en fait de durée de vie que le temps de leur exécution. En sapeurs-pompiers, l’Etat va devoir se plier en deux pour pouvoir trouver les ressources nécessaires pour faire des avenants et venir « réparer » les dégâts laissés par les prédateurs. C’est un jeu malsain qui ne fait que s’aggraver, car ses responsables savent que plus que tu en prends, moins tu risques de te retrouver derrière les barreaux.

Si la moralité de la passation et de l’exécution de nombreux marchés pose problème, il en est de même pour la moralité de certains choix pour les postes de responsabilité. On nous a toujours clamé l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Mais dans les faits, on a comme l’impression que c’est l’homme de main que je veux à la place qu’il trouve « confortable ». Allez demander l’organigramme de certaines structures à leurs responsables, ou que certains chefs de division ou de section vous produisent une note technique. Il vous faudra certainement l’appui d’un prestidigitateur pour vous permettre de décrypter la copie qu’ils vous remettront.

Au Mali, on a les mots pour décrire nos maux, mais il semble nous manquer la volonté et l’énergie pour combattre nos maux. Les mots seuls ne sauraient venir à bout de ce mal profond qui a tendance à plonger notre société dans un état végétatif. Les mots ont fini par devenir un placebo, n’ayant aucun effet biologique ni curatif sur notre mal être. Il y a donc urgence d’agir, agir en parlant peu, agir en cherchant à inverser la courbe pour pouvoir donner tort à la fatalité.

Source : bamada.net

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance