« Il est essentiel que toutes les actions nécessaires soient prises pour mettre un terme à ce cycle de la violence. J’exhorte les autorités maliennes à intensifier leurs efforts pour démanteler tous les groupes armés et les groupes d’autodéfense communautaires actifs dans le Centre du Mali et à poursuivre les initiatives de réconciliation et de cohésion sociale dans les localités affectées », a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Mahamat Saleh Annadif, à la publication du rapport conjoint Minusma- Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, sur les tueries de Koulogon, lundi 28 janvier 2019. La mission d’enquête spéciale, à travers un communiqué conjoint a conclu qu’il y a eu « de graves abus des droits de l’homme à Koulogon-Peul, dans la région de Mopti ».
La mission a été déployée dans ledit village, du 7 au 11 janvier dernier, dans le but d’établir les faits, de déterminer les circonstances de l’attaque, d’identifier les auteurs présumés et d’établir les responsabilités. L’équipe d’établissement des faits était composée de huit chargés des droits de l’homme et deux officiers de la Police des Nations Unies (UNPOL). « L’attaque du village de Koulogon Peul ne constitue pas un incident isolé, mais s’inscrit au contraire dans le cadre d’incidents fréquents sur fond de tensions communautaires dans la région de Mopti », indique le rapport. Entre novembre et décembre 2018, la Minusma a documenté au moins 15 autres attaques dans le seul cercle de Bankass, toutes visant des membres des communautés dogon et peule. C’est ahurissant quand ce sont les milices d’attaque ou d’autodéfense qui font la loi au centre de notre pays, en l’absence de l’Etat qui se contente d’organiser une visite éclaire, après un carnage. Le 1er janvier 2019, une centaine d’individus armés, les « donzos »ont au cours de l’attaque, sommairement exécutés 36 civils, au moyen de fusils de chasse et d’armes automatiques et semi-automatiques ; quelques 173 cases et 59 des 61 greniers, ont été volontairement incendiés ou pillés. Le rapport souligne le déploiement immédiat d’un détachement des Forces armées maliennes (FAMa) dans le village de Koulogon Peul, appuyé par les Casques bleus de la Minusma, pour sécuriser les populations, l’arrestation d’une dizaine de personnes impliquées dans l’attaque et l’ouverture d’une enquête judiciaire par le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Mopti, ainsi que la distribution de produits de première nécessité pour les rescapés. Le 4 janvier, le Président de la République, accompagné d’une forte délégation, s’est rendu sur les lieux de l’incident pour rassurer les populations.
A l’instar de ce qui s’est passé à Koulogon le jour de l’an, plusieurs évènements du genre ont coûté la vie à 500 personnes au centre du Mali, au cours de l’année 2018, selon l’Organisation des Nations-Unies (ONU) présente au Mali depuis 2013, à travers sa Mission multidimensionnelle intégrée pour la Stabilisation au Mali (Minusma). Et ce genre de tuerie entre les fils du Mali n’est pas prêt de prendre fin, car ne répondra-t-on jamais à la question, qui a armé les milices du centre et du nord : les milices peules et dogon, les donzos, la katiba du centre, les Mnla, Gatia et autres Maa et Msa? La main qui a armé peut-elle forcement désarmer en un claquement des doigts? Le cas Ben Laden peut être édifiant.
Faut-il s’interroger sur ce que vaut notre institution parlementaire, qui a exigé par voie de résolution le « désarmement des milices d’autodéfense ». Tout comme l’Assemblée nationale, la Société civile malienne, à travers ses organisations comme le Conseil national de la Société civile (CNSC) peut elle tordre la main au gouvernement quand il divague ? Nous devons arrêter de nous bouffer entre nous (attaques meurtrières, emploi de mercenaires, assassinats, empoisonnements, enlèvements), arrêter la démagogie et l’hypocrisie, ou personne ne sera à l’abri.
Daou
Le republicain mali