Dans une déclaration du 26 mars 2024, un regroupement politique récemment constitué, dénommée «synergie d’action pour le Mali» rappelle que «le 26 mars 2024, date commémorative de l’avènement de la démocratie dans notre pays est théoriquement la fin de la transition». Elle poursuit: «le décret n°2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022 stipule que: la durée de la transition est fixée à 24 mois, pour compter du 26 mars 2022 au 26 mars 2024 conformément à l’article 22 de la loi n°2022-001 du 25 février 2022 portant révision de la charte de la transition».
Constatant « un vide juridique», cette organisation politique demande la mise en place d’une «transition civile» pour laquelle elle appelle à la mobilisation générale de l’ensemble des forces vives de la nation «à se joindre à cette lutte pour sauver la patrie en danger».
Cette déclaration de la «synergie d’action pour le Mali» appelle à quelques remarques de notre part. Primo, en constatant «la fin de la transition» avec comme effet, « un vide juridique», et appelant à la mobilisation de l’ensemble des forces vives de la nation «pour sauver la patrie en danger», l’organisation dénommée synergie d’action pour le Mali s’inscrit dans un cadre de rupture avec le pouvoir de transition en cours. Secundo, cette rupture ne se veut pas statique, mais se veut d’action en s’alliant les forces vives (politique, société civile et syndicats) pour renverser la transition en place, supposée être militaire, au profit d’une «transition civile». Tertio, un cadre de rupture totale d’avec la transition en cours, au point d’appeler à la mobilisation générale des Maliens pour y mettre fin, peut traduire également un rejet total du processus de refondation de l’Etat malien. Synergie d’action pour le Mali serait-elle en rupture d’avec les reformes politiques et institutionnelles; la sécurisation du pays pour l’exercice de la souveraineté nationale sur l’ensemble du territoire; la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite, les détournements des deniers publics; la fin de l’accord d’Alger; le dialogue inter-maliens pour la paix et la réconciliation nationale?
La refondation et les reformes subséquentes découlent des résolutions majeures et des recommandations issues des Assises nationales de la Refondation (ANR) de décembre 2021, ayant regroupé les forces vives maliennes. La constitution consacrant la quatrième République est aussi fille de ces assises. En s’inscrivant dans une telle logique de rupture, la ligne est mince, qui la sépare d’une entreprise de déstabilisation, et ses acteurs doivent y penser sérieusement. Une éventuelle fin de la transition dans ces conditions ne serait-elle pas plus tragique qu’un présumé «vide juridique», quand on sait que les temps de «plein juridique» et de «démocratie exemplaire», (en réalité de démocratie de façade à la solde des intérêts étrangers) ont conduit notre pays à un vide sécuritaire et économique, à la faillite. Nous voulons en sortir et non retomber dans un éternel recommencement pour les intérêts de quelques clans politiques. Mobilisons-nous pour la synergie nationale!
B. Daou
Source : Le Républicain