Le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga est rattrapé par un retour de manivelle, après avoir adopté une démarche répressive pour empêcher les manifestations politiques de protestation à Bamako. Après avoir réduit la marge de manœuvre de l’opposition politique, Soumeylou Boubeye Maïga doit désormais répondre à un triple front de la société civile avec chacun une exigence claire. Le Conseil national de la société civile (CNSC) a repris et amplifié l’exigence parlementaire de « désarmer les milices d’autodéfense » formulée dans la Résolution N°2019-001/ANRM du 7 janvier 2019 relative à la situation d’insécurité au centre du pays.
En outre, les travailleurs du Mali, à travers la centrale syndicale UNTM, ont déposé un préavis de grève de 120 h, allant du 11 au 15 février 2019. Le gouvernement du Mali n’est pas prêt d’oublier, le premier round de grève générale de 72 h du 9 au 11 janvier 2019, qui avait complètement paralysé les services publics de l’État et certains services privés. Ce préavis de grève de 120 h a déjà produit ses effets du fait qu’il a coupé le sommeil au gouvernement, qui s’est précipité d’entrer en négociation, alors qu’il avait regardé la menace de grève des 72 h avec mépris et dédain. Les travailleurs ne sont pas prêts faire de la figuration lors des négociations qui ressemblent à un dialogue de sourd. A noter que les enseignants du secondaire n’ont pas attendu pour aller en grève depuis quelques semaines déjà.
Enfin, le Premier ministre va avoir à gérer le courroux des milliers de Maliens qui réagissent à la situation d’insécurité au Mali, tenant un meeting le samedi 26 janvier au palais de la culture de Bamako, suite à des crimes odieux et assassinats ciblés dont ceux de l’Imam Abdoul Aziz Yattabaré à Bamako et de l’Imam du village de Djeri dans la commune de Pignari (cercle de Bandiagara). L’organisateur principal de ce meeting, Dr Mohamed Kimbiri est membre du Haut conseil islamique du Mali, qui dénonce l’impunité, la libération des présumés assassins « en échange d’otages européens (Pierre Camate en 2011 et Serges Lazarevic en décembre 2014) ». Ces faits d’une extrême gravité ont radicalisé la position de ces musulmans maliens qui se prononcent à travers ce meeting, en faveur de l’application de la peine de mort au Mali, comme une solution au problème de l’insécurité. « La vie humaine est sacrée et inviolable, l’homicide volontaire est impardonnable et doit être sanctionnée par la peine de mort », indiquent les organisateurs. « Nous exigeons des pouvoir publics l’application de la peine de mort au Mali », assène Dr Kimbiri, lors de ce meeting. La réponse du gouvernement Soumeylou Boubeye Maïga est attendue sur la question de l’abolition ou application de la peine de mort. Entre le marteau des organisations islamiques et l’enclume des partenaires, la balle est dans le camp de Monsieur le Premier ministre !
B. Daou
Source: Le Républicain