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Chronique du jeudi : Comme Rosa Parks

Montgomery (États-Unis), 1er décembre 1955. Il y a 64 ans, une femme noire refuse de céder sa place à un Blanc dans un bus. Pourtant, à cette époque, la loi exigeait la séparation des Noirs et des Blancs dans les autobus, restaurants et lieux publics dans le sud des États-Unis, tandis que dans le Nord, la discrimination raciale tenait les Noirs à l’écart de nombreux emplois et quartiers. Cet acte de refus de Rosa Parks la consacrera des années plus tard, “mère du mouvement des droits civiques”. Sa lutte contre la ségrégation raciale et les autres formes d’injustice se poursuivra jusqu’à sa mort, le 24 octobre 2005.

En posant cet acte, Rosa Parks ne se doutait guère de sa portée. Elle a juste cru bon de “dénoncer une injustice que les Noirs supportaient depuis bien longtemps”.

En Afrique, la situation des droits de l’homme n’est pas plus reluisante que celle des Américains noirs dans la seconde moitié du XXe siècle. Pire, les droits jadis refusés à ces derniers nous sont aujourd’hui reconnus à travers des lois, mais restent sans effet, car inappliqués. C’est donc maintenant que nous devons, chaque génération, révéler nos Rosa Parks. Le refus d’obéir à l’injustice est une obligation que tous les Africains doivent s’approprier. Car, ce sont les actes simples, parfois de petits gestes, qui provoquent des révolutions.

Chaque génération porte sur elle les clés qui ouvrent les portes de grands destins. Il suffit d’agir dans le bon sens. Même si le contexte est difficile (aucun contexte n’est a priori favorable au combat pour le progrès et la justice), fait de régimes qui s’engraissent avec la vache des pauvres, nous n’avons guère le choix entre agir ou périr. Fort heureusement, il n’est jamais trop tôt pour avancer sur le ring du combat pour les valeurs. Chaque âme consciente au Mali doit donc briller par l’action.

L’exemple de Rosa Parks nous montre le chemin de la libération. Ainsi, si la résistance s’organise en boucle, les pouvoirs en place s’efforceront de servir le peuple ou s’effondreront. Nous avons besoin de suivre cette nouvelle voie de l’espérance au Mali. Des illettrés aux alphabétisés, des athées aux religieux, nous sommes tous les éléments différents d’un même puzzle. Les prolétaires d’aujourd’hui ne sont certes plus les mêmes que ceux décrits par Marx. Ils ont une nature ‘’petit-bourgeois’, mais au fond, ils continuent, comme au temps de l’industrialisation, de travailler plus durement, dans des conditions déplorables, pour gagner moins d’argent. Leur salaire à peine assure leur ration alimentaire. C’est pour cela que les méthodes de lutte doivent être modernisées.

Que faisons-nous aujourd’hui, jeunes maliens, force de lance de l’avenir de notre nation en danger, pour inverser la tendance et sauver le pays qui plonge dangereusement vers une destinée inconnue ? Quel rôle, entendons-nous jouer pour notre pays ? La jeunesse malienne doit certainement méditer sur les paroles du président américain John Fitzgerald Kennedy. Dans son discours inaugural, le 35e président des États-Unis avait déclaré le vendredi 20 janvier 1961 : « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. » Citoyen malien, que veux-tu faire pour sauver ton pays des ruines ? Il est temps que chaque Malien, âgé de 18 ans et plus, réponde sincèrement à une telle question.

Par ailleurs, les facilités d’adaptation des ennemis du peuple sont de nos jours redoutables, prenant constamment le peuple lui-même dans un piège fatal : la démocratie par le nombre, au service du pouvoir personnel d’un homme qui a parachuté accidentellement sur le toit de Koulouba depuis 2013. Cette démocratie par la majorité [dans les ténèbres, puisqu’ignorante du sens profond d’un vote] est la cause de nos malheurs en ce moment. Nous avons le devoir sacré de réaliser la démocratie qui libèrera le peuple des servitudes des régimes sans perspectives, sans vision et sans avenir. Chaque geste que nous posons, à l’instar de Rosa Parks, peut révéler un avenir meilleur pour le Mali d’aujourd’hui et la postérité. En prenant la peine de nous poser les vraies questions, ce sera le début de la fin de l’enfer que nous vivons.

Henri Levent

 

LE PAYS
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