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Chômage des jeunes: les recettes de Mara

«Lutte contre le chômage des jeunes : quelles solution ?», était le thème d’une conférence débat, animée, hier mercredi 19 décembre 2018, à l’Ecole supérieure de gestion (ESG) par l’ancien Premier ministre, Moussa MARA. Dans son exposé préliminaire, M. MARA a situé la problématique du chômage des jeunes au Mali sous trois angles, à savoir : l’inadéquation du système éducatif, le manque d’emplois, et de courage suffisant des jeunes.

A l’entame de ses propos, le conférencier a souligné que si le chômage est un fléau mondial, sa problématique n’a pas les mêmes illustrations au niveau des pays et des régions. C’est la raison pour laquelle, à son avis, il est important d’analyser celle-ci pour apporter les réponses appropriées en la matière, au Mali.

La problématique

Pour M. MARA, le Mali gagnera le combat du chômage en adaptant son système éducatif aux potentialités du pays et en réformant certaines de ses structures créatrices d’emplois, sans oublier les chercheurs d’emplois qui doivent s’armer de plus de courage.

Selon ses constats, au niveau de l’enseignement supérieur, il y a une sérieuse déconnection avec le monde de l’emploi. Il en veut pour preuve : les étudiants ne sont pas formés à des attitudes pratiques et fonctionnelles, et peu de moyens sont octroyés pour la recherche et les innovations technologies.

Pour l’ancien Premier ministre, le chômage de masse est la résultante de plusieurs situations que les Maliens ont laissées se détériorer progressivement et sur plusieurs décennies. Il a cité entre autres, le facteur démographique, dans un contexte de forte natalité.

Ainsi, soutient-il, la population est devenue une charge pour elle-même et pour la collectivité. Or si cette dernière n’arrive pas à répondre aux besoins ainsi créés, il s’en suivra une baisse de la qualité du capital humain et donc «un risque de détérioration des conditions de vie des populations ».

Toujours par rapport à la population, M. MARA estime que la démographie dynamique (4% de croissance de la population) accroit la proportion de jeunes dans la population.

«Au Mali, plus de 80% des Maliens ont moins de 30 ans avec un âge médian de 16,5 ans, soit le troisième pays le plus jeune au monde après le Niger et l’Ouganda. Plus de 150 000 jeunes arrivent sur le marché de l’emploi chaque année, dont 20 000 diplômés pour des emplois formels proposés n’atteignant pas 10 000 postes à pourvoir.

Pendant ce temps, regrette le conférencier, le Mali se caractérise par une économie très peu diversifiée, une industrialisation limitée et en recul par rapport à d’autres pays similaires, tels que le Sénégal ou la Côte d’Ivoire. Pis, l’économie locale est insuffisamment mise en valeur, celle urbaine est ignorée, pas de politique économique cohérente et impulsée par l’Etat et s’imposant à tous, en plus l’artisanat et la culture sont moins mis en valeur.

Aussi, a-t-il déploré le dispositif de soutien à l’employabilité peu fonctionnel avec trop de déperdition (APEJ et ANPE), une mauvaise gestion et la politisation, peu de présence des responsables sur le terrain et faible délocalisation.

Par ailleurs, dénote l’ancien Premier ministre MARA, il y a peu d’implication des jeunes dans la gestion, et de leadership dans des questions de jeunesse et d’emploi.

Les solutions ?

Selon Moussa MARA, l’emploi décent des Maliens est le moyen le plus sûr de sortir de la pauvreté et de lancer le pays sur la voie du progrès. Il devrait être la priorité des priorités. «Nous devons nous engager dans plusieurs directions de manière concomitante pour nous approcher de cet objectif stratégique», a-t-il préconisé.

Pour le conférencier, il faut prioriser la technique, le professionnel et le secondaire ainsi que la formation professionnelle, dans l’enseignement fondamental. Il faut également, mettre l’accent sur les enseignants plutôt que sur les infrastructures, sur la qualité plutôt que la quantité, créer l’esprit d’entreprenariat chez les jeunes ainsi que la créativité et l’innovation».

Sur le plan économique, Moussa MARA préconise de mettre le cap sur l’industrialisation et prioriser ce qui est produit au Mali ; en même temps orienter la commande publique vers la production nationale ; protéger les produits et producteurs nationaux ; et mobiliser l’Etat et toutes ses ressources dans cette direction.

Toutes ces mesures, est persuadé Moussa MARA, n’auront d’impact réel si les jeunes maliens ne sont pas convaincs du rôle extrêmement déterminant qu’ils doivent jouer eux-mêmes dans la lutte contre leur chômage, malgré toutes les difficultés.

Pour ce faire, il les invite «à faire les meilleures études, être le plus performant possible, ne pas hésiter à se réorienter, connaître le marché de l’emploi, se préparer à la recherche, ne jamais se décourager, entreprendre si possible pour créer son emploi et se sacrifier pour son projet ».

Par ailleurs, Moussa MARA exhorte les dirigeants à travailler sur chacun de ces domaines, concomitamment et dans la durée pour inscrire le Mali dans une dynamique continue de création de richesses au profit des populations et fondée par une aptitude croissante de ces dernières à participer à cette évolution.

«Il faut aussi que les outils, services, projets, mis en place pour encourager l’entrepreneuriat des jeunes, ne soient pas des coquilles vides entre des mains ignorantes et intéressées», a-t-il conseillé.

Par Abdoulaye OUATTARA

 

Source: info-matin

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